Des essais réalisés dans l'Ouest de la France montrent qu'il faut privilégier l'étalement du fourrage pour permettre un séchage homogène et rapide qui favorise la qualité de l'ensilage d'herbe.

Etaler l'herbe pour favoriser la qualité de l'ensilage
Le respect d'une hauteur de coupe de 7 centimètres minimum favorise le séchage et limite la montée de pierres et de terre dans l'andain.

Pour récolter l'herbe en ensilage, les combinaisons de faucheuses-conditionneuses restent privilégiées par les entreprises de travaux agricoles. Celles-ci choisissent souvent des modèles avec groupeurs d'andains pour favoriser la rapidité du chantier d'ensilage et exploiter la puissance croissante des ensileuses.

Des études menées en Normandie et Limousin montrent cependant que cette technique n'est pas la plus efficace pour obtenir un fourrage de qualité homogène. « Avec ce type de matériel, il est difficile d'atteindre rapidement les 30-35 % de matière sèche, qui sont l'objectif pour un ensilage de qualité », remarque Christian Savary, des chambres d'agriculture de Normandie. « Le fourrage a tendance à sécher dessus, mais peut chauffer à l'intérieur de l'andain, avec une détérioration de la qualité. Même si les andains ne sont pas empilés les uns sur les autres, mais déposés côte à côte par la faucheuse, la vitesse et l'homogénéité du séchage ne seront pas satisfaisantes. »

Les recommandations issues de ces essais sont soit de faucher à plat et faner dans les quatre heures qui suivent, soit de faucher et conditionner tout en étalant le fourrage. « Le taux de matière sèche recherché est atteint une demi-journée à une journée plus vite de cette manière qu'avec un fourrage qui reste en andains. »

Faucher à sept centimètres de haut minimum

Les essais ont aussi mis en évidence des pertes de fourrage plus faibles avec une faucheuse classique qu'avec une faucheuse conditionneuse. Les conditionneurs à fléaux peuvent engendrer des pertes de fourrages jusqu'à 9 à 10 % en luzerne. « Comme la faucheuse simple est moins lourde et moins exigeante en puissance qu'une conditionneuse, on peut aussi avoir une machine plus large pour le même prix et ainsi augmenter le débit de chantier », remarque Maxime Le Manach (Claas).

La hauteur de fauche doit être au minimum de sept centimètres, voire jusqu’à dix centimètres pour les luzernes. On limite ainsi l'incorporation de terre et on favorise la circulation de l'air pour le séchage.

Dans les secteurs très caillouteux, il faudra rouler les parcelles après semis ou en sortie d'hiver pour limiter le risque d'incorporer des pierres dans les andains. La problématique des cailloux est l'un des arguments avancés par les utilisateurs de faucheuses avec groupeurs d'andains. Ces machines évitent de recourir à l'andainage et limitent en effet les risques d'avoir des pierres dans le fourrage. « Les problématiques de pierre ou de terre dans les andains sont souvent liés à une fauche trop rase et un mauvais réglage des andaineurs », relativise Christian Savary. Certains constructeurs proposent d'ailleurs des systèmes de réglage hydraulique de la hauteur de travail des andaineurs depuis la cabine, pour s'adapter plus rapidement à des conditions de chantier différentes.

Valoriser des andaineurs coûteux

Les andaineurs à pick-up et tapis ont été beaucoup mis en avant ces dernières années pour la qualité du fourrage qu'ils permettraient d'obtenir, avec moins de terre et de pierres et plus de feuilles. Des arguments qui ont été validés par les essais, mais la différence par rapport à un andaineur à double rotor n'est pas significative, dès lors qu'une hauteur de fauche suffisante est respectée. Il en va de même pour la perte de feuilles dans le cadre d'une récolte en ensilage. La différence sur la perte de feuilles est plus significative pour un fourrage riche en légumineuses ou qui atteint plus de 50 % de matière sèche en vue d'une récolte en foin notamment. « Ces outils représentent de gros investissements et ne sont pas valorisés à leur juste valeur dans de l'ensilage », constate Christian Savary. Il y a aussi des questionnements sur le coût d'entretien et la nécessité d'un chauffeur expérimenté pour valoriser l'outil. »

Le prix élevé de ces andaineurs à tapis incite à travailler de grandes surfaces pour garder un prix de revient acceptable, alors que les fenêtres météo restent courtes, ce qui implique parfois de travailler dans des conditions pas forcément idéales.

 

Denis Lucas