Rémi Jousserand
La Chambre d’agriculture engagée pour la réussite des projets de transmission

Toute l’année, la Chambre d’agriculture œuvre en faveur du renouvellement des générations en agriculture, pour accompagner les candidats à l’installation ainsi que les cédants. Explications avec Rémi Jousserand, membre du bureau de la Chambre d’agriculture en charge de l’installation et de la transmission.

La Chambre d’agriculture engagée pour la réussite des projets de transmission
Rémi Jousserand, membre du bureau de la Chambre d’agriculture en charge de l’installation et de la transmission.

Pourquoi la Chambre d’agriculture de la Loire travaille-t-elle depuis longtemps en faveur du renouvellement des générations en agriculture ?

Rémi Jousserand : « Nous avons la chance d’avoir une agriculture dynamique dans notre département. C’est logique de s’occuper du renouvellement des générations pour maintenir ce dynamisme. Ce dossier est prioritaire et représente une grande part de l’activité de la Chambre d’agriculture. Les jeunes ayant un projet d’installation doivent être bien servis et le reste à charge doit être raisonnable. Même si le contexte change un peu, notre objectif est de rester cohérent dans l’accompagnement avec un coût raisonnable, quelles que soient les filières. Il n’est pas question d’accompagner uniquement des projets dans des filières à valeur ajoutée sous prétexte que le jeune peut se payer son parcours installation. »

Pourquoi êtes-vous attaché au dispositif d’aides à l’installation ?

RJ : « Le dispositif aidé a fait ses preuves. Bon nombre de jeunes installés avec les aides sont encore agriculteurs dix ans après. Quand on s’engage en agriculture, ce n’est pas pour un court délai et l’engagement financier n’est pas négligeable. L’impact de la DJA (Dotation jeune agriculteur) est donc important, mais pas toujours déterminant. Le dispositif aidé, avec des formations adaptées au profil du candidat et qui complètent sa formation initiale, permet de donner au jeune toutes les armes pour réussir dans les années qui suivent l’installation.

Nous avons engagé un travail pour être encore plus au plus près des attentes des porteurs de  projet et de leurs compétences de départ en personnalisant encore plus le parcours installation, pour coller à la réalité des jeunes et du terrain. La Chambre d’agriculture, à travers le parcours installation, doit être capable de répondre aux demandes des porteurs de projet. Nous ne voulons pas faire de l’installation au rabais.

Désormais, nous allons fortement dépendre des CPF (Compte personnel de formation). Mais ce n’est pas parce qu’un jeune aura un compte moins abondé qu’il devra avoir moins de formations. Nous voulons continuer à donner toutes les armes aux jeunes. Nous voulons vraiment accompagner tous les projets à travers le dispositif aidé.

La Chambre d’agriculture répond présente pour accompagner les projets économiques viables, des projets qui puissent faire vivre les hommes et les femmes qui vont s’y investir. Il faut savoir que le nombre de porteurs de projet de plus de 40 ans est stable ces dernières années. Ce public est entendu et accompagné comme il se doit, quel que soit le lieu et le projet, à condition que le projet ait une dimension économique viable. »

Comment la Chambre d’agriculture a-t-elle accueilli la réforme de formation professionnelle ?

RJ : « La Chambre d’agriculture de la Loire a une dizaine d’années d’expérience sur la personnalisation de la professionnalisation. Elle a œuvré pour être opérationnelle dès la mise en application de la réforme de la formation, avec la certification des organismes de formation au 1er janvier 2022. Nous avons commencé à travailler tôt sur ce dossier et la Chambre d’agriculture est donc la seule structure à être labellisée. »

Pourquoi Jeunes agriculteurs Loire est-il partenaire de la Chambre d’agriculture dans le parcours installation ?

RJ : « Les partenariats historiques seront maintenus, mais ils seront peut-être un peu différents. C’est lié à l’évolution du dispositif. Une chose est sûre, nous ne voulons pas nous couper des Jeunes agriculteurs. Nous devons être au plus près des jeunes installés et entendre leur avis sur le dispositif à l’installation. Nous devons être à l’écoute de ceux qui ont une réelle expertise sur l’installation, tout en tenant compte du cadre réglementaire, bien évidemment. »

Pourquoi encouragez-vous les agriculteurs à anticiper la transmission de son exploitation bien avant l’âge de la retraite ?

RJ : « La transmission de son exploitation doit être réfléchie suffisamment tôt pour qu’elle se passe bien. Le cédant doit préparer sa structure pour la transmission et pour l’avenir du repreneur. Il doit aussi penser au patrimoine, et plus spécifiquement à la maison d’habitation. La retraite n’est pas toujours facile à vivre pour un agriculteur. Quitter en plus sa maison peut être compliqué. Mais laisser sa maison au repreneur peut représenter un vrai enjeu, en particulier pour une activité d’élevage. Nous devons vraiment sensibiliser les futurs retraités à s’y prendre tôt. La transmission est trop délicate et a trop d’enjeux économiques pour qu’elle se fasse dans la précipitation. Le cédant doit prendre le temps de se poser les bonnes questions. Comme pour les jeunes en phase d’installation, la Chambre d’agriculture a travaillé sur différents scénarios d’accompagnement des cédants pour être au plus près de leurs demandes et attentes. Nous sommes prêts. L’accompagnement des cédants commence à résonner au-delà de la Chambre d’agriculture. Nous avons des sollicitations de comités de développement, de communautés de communes. On sent que la préoccupation n’est plus uniquement celle de la Chambre d’agriculture. Nous allons devoir renforcer l’équipe transmission pour répondre présent aux sollicitations. »

Que fait la Chambre d’agriculture pour accompagner les agriculteurs qui quittent le métier en cours de carrière ?

RJ : « La Chambre d’agriculture de la Loire travaille avec le CIBC (Centre interinstitutionnel de bilan de compétences) pour l’accompagnement des agriculteurs qui se posent des questions sur l’arrêt de leur métier. Je conseille à tout agriculteur qui s’interroge sur la poursuite ou non de son activité de se rapprocher de la Chambre d’agriculture pour avoir des éléments de réponse. Pour se lancer sereinement dans une reconversion professionnelle, celle-ci doit être réfléchie. Il ne faut pas vouloir arrêter du jour au lendemain. La Chambre d’agriculture de la Loire se tient à la disposition des agriculteurs. Elle a la capacité à étudier les dossiers, de proposer des solutions, mais il ne faut pas tout attendre d’elle non plus. La Chambre d’agriculture n’a pas toujours les solutions à l’instant T, mais elle a le dispositif pour accompagner ce type de situations. »

 

Propos recueillis par Lucie Grolleau Frécon