JO d'hiver
Une longue histoire faite de petites histoires

Du 4 au 20 février, la 24e édition des Jeux olympiques d’hiver se déroulera à Pékin, première ville à avoir accueilli également les Jeux d’été. Environ 2 900 athlètes de 85 comités olympiques sont attendus.

Une longue histoire faite de petites histoires
Le biathlon est apparu au programme officiel des Jeux olympiques d'hiver en 1960, avec une seule épreuve individuelle masculine sur 20 km. Le nombre d'épreuves a augmenté et leur format s'est diversifié. A Pékin, 11 épreuves de biathlon seront programmées.

Impossible de parler des Jeux olympiques d’hiver sans rappeler brièvement l’origine des premiers Jeux olympiques. Bien qu’apparus à l’époque de la Grèce Antique, les Jeux olympiques modernes apparaissent pour la première fois en 1896 et ce, tous les quatre ans. Ce n’est que 28 ans plus tard que l’appellation d’hiver est officialisée. Car si le 25 janvier 1924 entérine l’avènement des Jeux d’hiver à Chamonix, des disciplines sur glace faisaient déjà partie de la liste des disciplines inscrites dans les Jeux olympiques modernes, à l’image du patinage artistique ou du hockey. Leur popularité étant déjà bien établie, il n’était alors seulement question d’officialisation. Leur appellation jusqu’à lors ? La « Semaine internationale des sports d’hiver », puisque les pays nordiques avaient leurs propres Jeux du Nord, renouvelés eux aussi… tous les quatre ans.

Un cocorico pour la 1re édition

Si plusieurs stations se sont déclarées candidates pour devenir hôte de ces premiers Jeux officiels, les critères (climatiques et matériels, entre autres) étaient nombreux, entre une patinoire optimale, de la neige en quantité suffisante et une facilité d’accès aux logements. Au terme de la délibération, la ville de Chamonix, forte du nombre et de la qualité de ses infrastructures, mais aussi seule station française directement accessible par le train, a été sélectionnée pour accueillir la première édition des Jeux olympiques d’hiver en 1924. Ces onze jours d’épreuves ont récolté un réel succès : plus de 250 athlètes de seize nations ont concouru dans seize épreuves. Un évènement suivi par plus de 10 000 spectateurs. Sans grande surprise, deux pays nordiques, la Finlande et la Norvège, ont réuni 28 médailles, soit plus que l’ensemble des autres nations participantes.

Quatre ans plus tard, au regard du succès de la première édition, les Jeux olympiques étaient voués à se renouveler tous les quatre ans. La ville de Saint-Moritz, en Suisse, a été désignée comme nouvelle ville hôte en 1928. L’entrain des participants s’est accru, tout comme le nombre de nations représentées : de 16 nations pour 258 athlètes en 1924, on passe à 25 pour 464 athlètes en 1928. Mais les conditions météorologiques ont mis organisateurs et participants à l’épreuve. La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en plein blizzard et les températures élevées étaient à déplorer. Au final, l’épreuve du 10 000 mètres en patinage de vitesse a été officiellement annulée. En revanche, du côté des performances, la Norvégienne Sonja Henie devient championne olympique en patinage artistique à l’âge de 15 ans. Plus jeune championne de l’histoire, elle conservera ce record pendant 74 ans.

L’édition suivante a vu les premiers Jeux olympiques d’hiver organisés hors du territoire européen. Ceux-là se sont déroulés à Lake Placid, aux Etats-Unis, en 1932. Le nombre de participants, 252, est sensiblement similaire au nombre de la première édition. Une grande baisse qui s’explique en grande partie à cause de la longueur du voyage entre l’Europe et le continent américain. En matière de conditions climatiques, si tout se passe sans difficultés apparentes lors des épreuves, il n’y a presque pas eu de chutes de neige les deux mois précédents, jusqu’à la mi-janvier. Malgré ces quelques frayeurs, c’est contre toute attente que les épreuves du 4 au 15 février peuvent bel et bien avoir lieu. La jeune Sonja Henie réitère l’exploit de conserver son titre en patinage artistique, tandis que le Edward Eagan devient le premier et seul olympien à avoir obtenu l’or aux Jeux olympiques d’été (boxe) et d’hiver (bobsleigh). Quant à la dernière édition d’avant-guerre, en 1936, les villes allemandes de Garmisch et Partenkirchen s’étaient alliées pour l’organiser ; il s’agit alors de la dernière fois où les Jeux d’été et d’hiver ont lieu la même année dans le même pays.

Marquées par la Seconde Guerre mondiale, les éditions suivantes se sont déroulées dans un contexte ambiant pesant. Initialement attribuée à Sapporo, au Japon, en 1940, la décision de nommer cette ville hôte a finalement été annulée en 1938, l’invasion japonaise de la Chine y jouant pour beaucoup. Les Jeux reviennent alors à Garmisch-Partenkirchen, mais là encore, en raison d’une invasion, cette fois-ci de la Pologne en 1939 (précipitant le début de la guerre), les Jeux ont été annulés. Quant aux Jeux de 1944, prévus à Cortina d’Ampezzo en Italie, ils n’ont pas eu lieu.

Les Jeux olympiques d’hiver d’après-guerre ont suivi une évolution croissante, en termes de nations participantes, de disciplines et de portée médiatique. Outre la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie ou encore le Japon, d’autres pays hôtes se sont ajoutés à la liste au fil des éditions : l’Autriche, le Canada, la Norvège, la Chine, la Corée du Sud, la Russie et l’ex-Yougoslavie. Avec aujourd’hui 92 nations représentées et pas moins de 3 000 participants, la notoriété de l’évènement international n’est plus à prouver et n’a de cesse de poursuivre son développement.

Organisations sur fond de polémiques 

Au fil des éditions, les scandales se sont multipliés, tant sportivement qu’extra-sportivement. La question de l’élection de la ville hôte a suscité bon nombre de doutes. Des cas de corruption ont été révélés lors du processus d’attribution des Jeux à Salt Lake City (Etats-Unis), en 2002, où cadeaux et autres considérations financières ont été envoyés aux juges de la candidature.

Le dopage est un fléau qui a également fait couler beaucoup d’encre. Le premier athlète de cette compétition ayant été testé positif est Alois Schloder, joueur de hockey ouest-allemand, lors des Jeux de 1968. Mais à l’époque, les tests anti-dopants manquent d’une standardisation des procédures ; il faudra alors attendre les années 1980 pour constater un début de coordination pour standardiser les protocoles de dépistage. La création de l’AMA (Agence mondiale antidopage) découle de la décision du CIO (Comité international olympique). En 2002, le fondeur espagnol Johann Mühlegg et la fondeuse russe Larisa Lazutina sont exclus des Jeux et se voient être retirés plusieurs médailles suite à des résultats positifs. D’autres cas se sont succédé lors des éditions suivantes, comme en 2006 à Turin, où émergea une tendance jusque-là inédite : le dopage sanguin. Douze fondeurs, testés à un niveau étonnamment haut d’hémoglobine, sont alors suspendus. Ou en 2017, trois ans après les JO de Sotchi en Russie, où 43 sportifs de la Fédération russe sont disqualifiés et treize médailles, dont quatre en or, sont retirées.

Actuellement, pour ces Jeux de Pékin, une polémique gronde. Accusés par les défenseurs des droits d’humains de mettre en place une opération de communication, le régime chinois se voit reprocher notamment, sa politique au Tibet, à Hong-Kong ainsi que dans le Xinjiang (région de Chine) contre la communauté Ouïghours, minorité musulmane turcophone. Une forme de « sportwashing » (littéralement sport-blanchiment), qui vise à masquer des manquements aux droits de l’Homme. L’évènement est même qualifié de « Genocide Games » par les défenseurs de ces droits.

Axel Poulain

Zoom sur les JO d'Albertville

Après l’annonce de la candidature de la Savoie aux Jeux olympiques, c’est six ans plus tard que la ville d’Albertville est choisie pour organiser la 16e édition en 1992. Il s’agira des derniers Jeux d’hiver à se dérouler la même année que ceux d’été. Le choix de proposer Albertville et, plus globalement la Savoie, comme hôte de cet évènement international reposait sur plusieurs critères : promotion de la région touristique, développement économique et modernisation du territoire. Avec 2 152 athlètes réunis, originaires de 65 pays, cette édition reçoit un franc succès, notamment médiatique, avec plus de deux milliards de téléspectateurs. Sur 110 médailles remportées, la France en reçoit neuf.