Production laitière
Tendre vers l’autonomie protéique

Dans le cadre de ses rencontres techniques organisées à destination de ses adhérents, Loire conseil élevage avait notamment choisi d’aborder le thème de l’autonomie en protéine à travers trois thématiques : le bilan carbone, la culture des protéagineux et le coût de production. Le tout en s’appuyant sur l’expérience du Gaec des Prés, dans les monts du Lyonnais.

Tendre vers l’autonomie protéique
Temps d’échanges dans le cadre des Hivernales organisées par Loire conseil élevage, ici autour des cultures de protéagineux, dont les graines sont intégrées à la ration des vaches laitières.

Vendredi 11 février, c’est l’exploitation du Gaec des Prés, à Saint-Denis-sur-Coise, qui servait de base pour développer trois sujets interdépendants : la culture de protéagineux pour aller vers plus d’autonomie en protéine ; le coût de production ; les leviers d’actions pour améliorer le bilan carbone de l’exploitation. Cyril Juban et Olivier Jacquou produisent chaque année 625 000 litres de lait avec 75 vaches laitières de race Montbéliarde, sur 90 ha. Avec un chargement relativement peu élevé, les éleveurs ont opté pour l’implantation de cultures de protéagineux dans l’objectif d’améliorer l’autonomie protéique de leur système d’exploitation. Du trèfle a été intégré dans les prairies, ce qui permet d’économiser sur les apports d’azote. Toutes les graines de protéines récoltées sont toastées, ce qui a permis d’augmenter la production laitière.

Viser la performance technico-économique

Plus globalement, selon Loire conseil élevage, pour viser la performance technico-économique, le système doit avant tout être cohérent avec son milieu. La situation géographique de l’exploitation, la main d’œuvre et les infrastructures déterminent l’orientation à donner à la ferme. Les indicateurs à regarder sont la productivité de la main d’œuvre, la productivité par vache, le nombre de vaches par UMO (Unité de main d’œuvre), le chargement par hectare et le nombre de places dans le bâtiment.

Loire conseil élevage recommande ensuite d’avoir une bonne maîtrise technique, en travaillant sur la production par vache (production, TB, TP), notamment grâce à de bons fourrages (valeurs nutritives), sans oublier d’investir dans l’avenir du troupeau (élevage des génisses, taux de renouvellement, âge moyen au premier vêlage, production laitière en première lactation). « L’objectif est qu’une génisse s’investisse sur la première lactation, indique Clémence Petit, conseillère à Loire conseil élevage. Il faut trouver un bon compromis pour l’âge au premier vêlage. Mais aussi ne pas oublier de prêter attention aux animaux improductifs. »

Pour viser l’efficacité économique, il convient de maîtriser les charges opérationnelles et de structure. Plusieurs indicateurs sont à prendre en compte :

- approvisionnement pour les animaux, autour de 100 euros par 1 000 litres de lait vendus ;

- approvisionnement pour les surfaces (engrais, semences, produits phyto-sanitaires), au minimum 20 euros par 1 000 litres de lait vendus et au maximum 45 euros ;

- frais d’élevage (achat de litière, reproduction, vétérinaire…), dont l’objectif se situe entre 35 et 70 euros / 1 000 litres de lait ;

- charges de mécanisation, amortissements compris, entre 85 et 130 euros / 1 000 litres ;

- charges liées aux bâtiments, amortissements compris. A noter qu’une moyenne doit être faite sur les charges de mécanisation et les charges de bâtiments, plutôt que de regarder chacun des deux postes individuellement ;

- frais généraux, qui comprennent les assurances, les charges salariales, les loyers, les fermages.

Un indicateur dans le rouge ne signifie pas que l’efficacité économique est mise à mal. L’essentiel est de pouvoir l’expliquer. Par exemple, l’indicateur Approvisionnement des surfaces du Gaec des Prés est plus élevé que l’objectif, notamment parce que le prix des semences de protéagineux sont élevées. « Mais nous sommes gagnants d’utiliser ces semences, car nous faisons des économies sur les charges d’alimentation », assurent les associés.

Plusieurs critères de rentabilité sont également à prendre en compte : EBE (Excédent brut d’exploitation) par UMO non salariée ; EBE / produit brut ; annuités / EBE. Le coût de production est également un critère à ne pas négliger car il permet de déterminer le prix au-dessous duquel l’éleveur ne doit pas vendre son lait s’il veut avoir une rémunération, investir et s’assurer une marge de sécurité.

Bilan carbone et cohérence du système

Outre les critères technico-économiques, la journée technique de Loire conseil élevage était également l’occasion d’aborder le bilan carbone des exploitations, en s’appuyant spécifiquement sur l’expérience du Gaec des Prés. Mais finalement, les analyses mettent en évidence que bilan carbone et bilan économique ne sont pas déconnectés : « Les éleveurs qui ont diminué les émissions de carbone sur leur exploitation voient dans le même temps une amélioration économique », indiquait Roseline Trambouze, conseillère à Loire conseil élevage.

 

Lucie Grolleau Frécon