Suite à l’action syndicale menées lundi 20 février devant la DDT de la Loire, une délégation de responsables de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs de la Loire a été reçue vendredi dernier en préfecture.
La délégation de la FDSEA et de JA Loire a tout d’abord rappelé à Alexandre Rochatte, préfet de la Loire, et Elise Reignier, directrice de la DDT, que la juste rémunération des agriculteurs, mais aussi la préservation de leurs moyens de production étaient au cœur des revendications des actions menées la semaine dernière. Car le constat est sans appel, notamment au niveau de l’élevage : « le scénario de l’Idele qui prévoyait moins 1 million de vaches allaitantes en France à l’horizon 2030 est en train de s’écrire » expliquait François Garrivier, vice-président de la FDSEA. « La seule façon d’arrêter cette tendance ce sont des prix rémunérateurs pour les éleveurs » soulignait Paul Meunier, secrétaire général de Jeunes agriculteurs. Un salut qui passe par les prix pour les producteurs en place face à l’augmentation des charges, mais aussi pour soutenir l’installation des jeunes. Face à cette situation, la proposition de loi Descrozaille « doit être adoptée en complément de la loi Egalim et l’Union européenne doit mettre en place des clauses-miroirs pour que les produits français ne subissent pas une concurrence déloyale d’importations ne respectant pas les mêmes règles de productions » expliquait la délégation.
Les responsables professionnels ont alerté les représentants de l’Etat sur les discussions en cours au niveau de l’Europe, notamment sur la mise en place de la directive IED. Le durcissement de cette réglementation relative aux émissions industrielles, notamment avec l’entrée des élevages bovins de plus de 150 UGB, reviendrait « à considérer l’agriculture comme une industrie en matière d’émission ».
Du côté des moyens de production, Gérard Gallot, président de la FDSEA, a rappelé la situation actuelle des producteurs de cerises dans une impasse technique face à l’absence de solution pour lutter contre un ravageur, la Drozophile suzukii. Tant qu’il n’y a pas d’autres solutions techniques, « nous demandons des dérogations pour les matières actives ayant prouvé leur efficacité, comme le phosmet et le diméthoate. La recherche sur les insectes stériles et les prédateurs doit aussi s’accélérer. »
Des problématiques locales
Autre sujet sur la table, celui de la ressource en eau au travers du prochain arrêté-cadre sécheresse et du stockage de l’eau. Face à l’inquiétude suscitée par l’écriture de ce textte, M. le préfet souhaite ouvrir à nouveau la discussion « pour ré-expliquer » le projet en rappelant que l’eau potable, puis les activités économiques dont l’agriculture, restent les priorités. Nicolas Charretier, membre du conseil d’administration de la FDSEA, soulignait que le contexte réglementaire bloque aujourd’hui la plupart des projets de stockage d’eau, alors que les agriculteurs ont déjà fait preuve « de capacité d’adaptation importante sur les exploitations agricoles au cours des sécheresses successives de ces dernières années » et que les investissements pour stocker l’eau sont aujourd’hui nécessaires, notamment pour certains projets de jeunes agriculteurs ou encore de maraichers.
Car si la possibilité d’irriguer reste la meilleure assurance récolte face à la sécheresse, Jean-Luc Perrin, secrétaire général de la FDSEA, a rappelé que la réforme de la gestion des risques climatiques « va dans le bon sens », mais que les outils techniques restent à fiabiliser et à actualiser.
Un point sur le dossier « dégâts de gibier » a été fait, la profession agricole demandant que des solutions soient mises en œuvre sur les « secteurs sensibles », notamment vis-à-vis des dégâts de sangliers. A l’heure où les comptages de cerfs vont avoir lieu dans le département, la FDSEA et JA ont rappelé la nécessité de mettre en place rapidement un plan de chasse cerf face à l’augmentation de la population sur certains secteurs.
Enfin, alors que l’Etat porte l’ambition de protéger 30 % du territoire, dont un tiers en protection forte dans le cadre de la stratégie des aires protégées, le classement de nouveaux territoires, notamment dans la Loire, ne doit pas porter préjudice aux activités économiques agricoles. « Nous rejetons les projets de classement qui ne prendraient pas en compte les enjeux agricoles et viticoles » a souligné Gérard Gallot.