Rigotte de Condrieu AOP
Année 2020 : ne pas en faire tout un fromage

L’assemblée générale ordinaire du syndicat de défense de l’appellation rigotte de Condrieu a eu lieu le 7 juin à Pélussin. Retour sur celle-ci avec le président du syndicat et producteur de rigotte sur la commune de Pélussin, Claude Boucher.

Année 2020 : ne pas en faire tout un fromage
Après une année 2020 compliquée en raison du Covid, l’année 2021 semble bien commencer pour la rigotte de Condrieu. Le président du syndicat de défense annonce que la demande en rigotte est supérieure à l’offre.

« L’année 2020 a été compliquée à gérer. Avec la fermeture des marchés lors du premier confinement, nous avons rencontré des difficultés de commercialisation », commente Claude Boucher, président du syndicat de défense de la rigotte de Condrieu. La production de rigotte de Condrieu AOP laitière a diminué, passant de 599 586 litres en 2019 à 484 198 litres en 2020. « Cette baisse peut s’expliquer en partie par l’annulation de quasiment toutes les foires et la fermeture des marchés lors du premier confinement, ainsi que par les soucis rencontrés par un producteur de lait avec la bactérie Escherichia coli », détaille Claude Boucher.

Un producteur laitier ne fait plus partie des adhérents. Il y a donc un adhérent de moins en 2021, soit 19 au total :

- une entreprise de transformation : la Fromagerie Guilloteau (site du Pilat) ;

- 13 producteurs fermiers ;

- cinq producteurs de lait.

Une communication moderne

Pour compenser l’annulation de tous les évènements de 2020, hormis les journées de la fourme de Montbrison, le syndicat a réalisé plusieurs actions de communication comme la mise à jour du site internet pour mettre en lumière ses producteurs et les lieux de vente, la réalisation d’un film de neuf minutes présentant l’ensemble de la filière (élevage, transformation…),disponible sur le site internet en version complète et en petits extraits d’une à deux minutes sur chaque spécificité de la filière. Des sacs en papier à l’effigie de la rigotte de Condrieu ont également été réalisés pour limiter l’utilisation des sacs plastiques.

Un virage important à négocier

Le projet AOP durable du Cnaol (Conseil national des appellations d’origine laitières) a été présenté. Il comprend de nombreux objectifs pour les adhérents : être acteur de la vitalité du territoire ; conserver un mode d’élevage et de production traditionnelle ; garder le goût et la typicité du produit ; avoir un tissu économique et local ; apporter de la valeur ajoutée ; valoriser les ressources naturelles et s’adapter au territoire.

L’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité) a formulé trois propositions :

- l’introduction dans les cahiers des charges de DAE (Dispositions agro-écologiques) spécifiques, pertinentes et ambitieuses ;

- engager les exploitations agricoles habilitées vers une certification (CE, AB) sous l’égide de l’ODG (Organisme de défense et de gestion), hors cahier des charges ;

- introduire dans le cahier des charges une obligation de disposer d’une certification environnementale ou d’une certification AB.

Pour Claude Boucher, « il faut que le virage soit le moins douloureux possible pour nos adhérents. Cependant, notre cahier des charges est déjà engagé dans ces démarches-là et individuellement chaque éleveur est concerné par des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Certains ont réimplanté des haies ou essayent des techniques de travail du sol sans labour ».

Cap sur 2021

Alors que l’année 2020 a été compliquée, « l’année 2021 a très bien démarré au niveau des volumes produits. La demande des consommateurs est croissante. Depuis la crise du Covid, les gens semblent s’orienter sur les produits locaux », constate Claude Boucher.

Les producteurs sont inquiets de l’impact que peut avoir le nutriscore sur les consommateurs. En effet, la rigotte étant fabriquée à partir de lait entier, sans traitements ni produits chimiques et en tenant compte d’un cahier des charges rigoureux, elle contient plus de sel et de matières grasses que le fromage d’un industriel, qui va pouvoir ajuster sa recette pour obtenir une meilleure note.   

« La filière a de la place, on cherche des producteurs de lait fermiers et de rigotte. La demande en rigotte est supérieure à l’offre. Nous sommes impatients de trouver de nouveaux collègues », conclu Claude Boucher.

 

Thomas Ribeyron