PME
Fromagerie des Monts d'Urfé : « On trinque mais on se bat ! »

La fromagerie de Saint-Just-en-Chevalet a pris la mise en place du confinement de plein de fouet. Mais à l'image de son patron, Jean-Luc Genin, elle se bat pour trouver des portes de sortie pour ses volumes.
 Fromagerie des Monts d'Urfé : « On trinque mais on se bat ! »

Avec 6,5 millions de litres de lait transformés (1), l'entreprise des Monts du Forez, 35 salariés (22 à Saint-Just-en-Chevalet et 13 à Vichy) fait partie de ces entreprises qui façonnent le tissu économique rural. Elle s'approvisionne chez Sodiaal (vache), chez Caprilait (chèvre) ainsi que chez des producteurs bio. Aujourd'hui, l'entreprise se bat avec ses armes pour faire face à cette situation inédite. « Nous sommes à 60 % de notre activité habituelle. Nos produits sont boudés car un peu plus chers. Les consommateurs se tournent vers les produits de première nécessité » analyse le chef d'entreprise. « On a perdu certains marchés comme Grand Frais, ça nous a fait mal. On a perdu aussi les restaurants, même si en volume ce n'est pas l'essentiel. En crèmerie/fromagerie, on vend mieux, en supermarché aussi. Par contre, en hypermarché, nous sommes en recul à cause de la baisse du rayon à la coupe. »

Un stockage qui coûte cher

Malgré « quelques salariés en garde enfants », l'entreprise doit poursuivre son activité. Et pour cause, la fromagerie continue de transformer. « On crée des stocks, surtout en chèvre et brebis, car les fromages de vache sont plus faciles à écouler. Il n'était pas question d'abandonner les producteurs en plein pic laitier. On s'engage à prendre leur lait. Sans eux, on n'est rien ! » Le prix du lait a été maintenu et en contrepartie, les éleveurs ont accepté de baisser leur production. « Il y a une grosse solidarité entre nous. » Pour gérer ces stocks, essentiellement de tommes, l'entrepreneur a décidé de mettre sous vide à zéro degré. « C'est beaucoup de manutention et un gros besoin de frigo de stockage et de caisses d'emballage. Cela a un coût, j'ai recours au prêt d'Etat. » Il peut aussi compter sur l'aide d'autres entreprises qui lui ont mis à disposition des frigos. « On va redéballer cet été quand il y aura une baisse de lactation », précise-t-il. Mais dans quel état se trouvera alors le marché ?

Trouver de nouveaux débouchés

Au-delà du surstockage de produits, la fromagerie se montre active pour trouver de nouveaux débouchés. Le chef d'entreprise constate une demande accrue sur les produits frais (faisselles, yaourts...). Il se félicite aussi d'être allé chercher de nouveaux clients, comme Auchan. « On se bat ! », résume-t-il. Dans un autre registre, la franchise Pizza Cosy « est venue chercher nos produits pour créer une pizza spéciale et aider les producteurs locaux ». Enfin, la fromagerie des Monts d'Urfé vient de lancer un site de e-commerce : boutique.laitieredevichy. « C'est la crise qui nous a poussés à le faire. On fait du retrait en magasin et bientôt, des livraisons en chronofresh. Ça démarre doucement » commente-t-il, prêt à se retrousser les manches. « La clientèle change, le mode de consommation change, il faut s'adapter ! » Le patron de la PME sait que la crise n'est pas réglée. « Le mois de mai sera malheureusement comme avril. On espère une relance en juin... ». Le magasin d'usine est ouvert de 9 à 13 heures, du mardi au samedi et Jean-Luc Genin en profite pour rendre hommage à son personnel, « motivé et solidaire ». Et d'émettre le vœu que cette situation porte ses fruits : « J'espère qu'à l'avenir, les gens vont remanger local, c'est ça dont nous avons besoin ! ».

 

 

David Bessenay

 

(1) 2,5 millions de litres de lait de chèvre, 2,5 millions de litres de lait de vache et 1 million de litres de lait de brebis.