Hervé Pillaud
Un livre pour (ré)concilier agriculture et société

Le dernier ouvrage de l’agriculteur vendéen, Hervé Pillaud, traite des liens entre la société et l’agriculture. De ce fait, il s’adresse à tous les citoyens pour expliquer toutes les missions que l’agriculture peut accomplir au service du bien commun. Pour lui, « qu’il faille réconcilier ou concilier, à chacun d’en juger mais dans tous les cas « Cultivons l’avenir ensemble » ».

Un livre pour (ré)concilier agriculture et société
Le troisième livre d’Hervé Pillaud sera en vente à partir du 7 juillet, aux Editions France agricole.

Hervé Pillaud est un de ces écrivains dont les ouvrages font date tant ils suscitent la réflexion chez tous ceux qui, de près ou de loin, se passionnent pour l’agriculture. Ses deux derniers essais, « Agronuméricus : internet est dans le pré » et « Agroéconomicus, manifeste d’agriculture collabor’active » abordaient avec précision la manière dont le numérique et les nouvelles communications d’un côté, les échanges et les circuits commerciaux réinventés de l’autre, modifiaient la nature de l’agriculture (lire encadré).

L’intérêt de ses études réside dans le fait qu’Hervé Pillaud n’est pas seulement un fin observateur, mais qu’il est avant tout un agriculteur (désormais à la retraite). Eleveur de vaches laitières Montbéliardes en Vendée, Hervé Pillaud s’est passionné pour la transmission des connaissances en créant le groupe de formation Les Etablières, en s’engageant dans le syndicalisme au sein de la FNSEA et en s’impliquant dans la recherche et le développement au sein de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

Cet agriculteur-écrivain a profité de sa première année de retraite et du confinement pour aborder un nouveau sujet qui donne le titre de son nouveau livre : « Cultivons l’avenir ensemble : (ré)concilier agriculture et société », dont la parution est prévue le 7 juillet prochain aux Editions France agricole (déjà en pré-commande). Un ouvrage qui tombe à point nommé, au moment où les Français ont pris conscience, avec la pandémie, de l’importance de la souveraineté alimentaire et se sont interrogés sur leur alimentation et le rôle de leur agriculture après avoir fait des assauts d’agri-bashing. A ce titre ce livre s’adresse à un public plus large que le monde agricole, car comme le dit si bien l’auteur, l’agriculture est notre bien commun, « tout le monde est concerné, c’est l’affaire de tous, on ne peut pas déléguer à l’agriculture l’évolution de notre consommation. » 

L’intelligence augmentée

Riche d’une collaboration avec des spécialistes du numérique, des politiques publiques et des agronomes, l’analyse d’Hervé Pillaud déroule les défis de l’agriculture en présentant les réalités d’aujourd’hui et de demain : une alimentation en plein bouleversement puisqu’aujourd’hui un tiers des repas est pris hors domicile, une préoccupation de plus en plus prégnante pour la santé et la nécessité de « réparer » la planète. Il aborde ainsi les enjeux de l’eau, de la lutte contre le dérèglement climatique et de l’urgence de stocker le carbone et restaurer la biodiversité. 

Au chapitre des solutions il met l’accent sur « l’agriculture régénératrice » en présentant un pôle de solutions et en rejetant tout manichéisme. « Ce n’est pas blanc ou noir, chimique ou non chimique, et d’ailleurs le naturel n’a pas que des vertus » déclare-t-il lors d’une conférence de présentation de son livre organisée par le cercle de réflexion Agridées. Pour lui les solutions passeront par le numérique et l’utilisation de « l’intelligence augmentée, plutôt qu’artificielle » se plaît-il à dire, mais aussi par des démarches comme celle d’Emmanuel Faber, le PDG de Danone récemment débarqué, et considéré par Hervé Pillaud comme « un précurseur qui avait choisi moins de rentabilité à court terme pour privilégier le plan Local First ». Hervé Pillaud conclut ainsi que l’amélioration de la qualité de l’air et de l’eau par les agriculteurs sont des services qui doivent être rémunérés. D’où son idée de « sociétés et de territoires à mission ».

Histoire, opportunités et défis

Christiane Lambert, invitée par le cercle Agridées, considère que c’est « le livre à offrir, car il recèle l’histoire, la mémoire et présente les opportunités et les défis de l’agriculture ». Notre époque de mutation, avec la transition écologique, poursuit-elle, « est similaire aux années 60 avec Pisani et De Gaulle. La société attend l’agriculture, saurons-nous y répondre ? ». Comme l’auteur, Christiane Lambert constate que la société, au contraire du monde agricole, a du mal à appréhender « le temps long » des saisons pour se concentrer sur « les fins de mois ». La pandémie a permis de se recentrer sur l’essentiel, poursuit-elle, « la santé, se nourrir, cuisiner, travailler, mais il y a toujours cette petite musique critique contre l’agriculture. Il faut faire un travail de thérapie et éviter l’immédiateté » Le livre d’Hervé Pillaud, porteur de valeurs humanistes, montre ainsi que l’agriculture est un secteur de solutions, un métier de création. 

Autre point de vue sur cet ouvrage, celui d’Anne Cécile Suzanne, éleveuse dans l’Orne et membre de la coopérative de Bellême, célèbre pour sa tribune « Accusé agriculteur, présentez-vous à la barre » en réponse à une émission très critique C’est dans l’air Pour elle « ce livre est une pierre d’angle qui propose des éléments pour répondre à l’agriculture de demain et la réconcilier avec les citoyens ». Jérôme Leroy, président de la Ferme Digitale, considère lui aussi que ce livre va marquer les années qui viennent. Il constate que ce mouvement autour du carbone entraîne déjà de nombreux entrepreneurs. L’agriculture qui innove utilise des connaissances qui viennent de différents domaines. Au-delà de ses défis, l’agriculture est porteuse de sens pour toute la société exprime Hervé Pillaud dans cet ouvrage. Pour lui « l’écologisation sera au 21ème siècle ce que l’industrialisation fût au 19ème ». 

 

Source : ActuAgri

Hervé Pillaud était venu dans la Loire en 2016 pour présenter son premier livre, « Agronuméricus : internet est dans le pré » (lire encadré).

En janvier 2016, Hervé Pillaud était venu dans la Loire, à l’invitation de la Société d’agriculture, pour présenter son premier livre « Agronuméricus : internet est dans le pré ». Il avait pu échanger avec l’assistance sur la thématique du numérique en agriculture. A ce sujet, il lançait : « Ce n’est pas une affaire de technologie. L’agriculture n’échappera pas à ce changement. Les agriculteurs ont leur destin en main. Il faut être optimiste. » Pour lui, le numérique doit pouvoir offrir aux agriculteurs des outils pour améliorer les performances, réduire la pénibilité du travail, faciliter les échanges, tout en permettant un revenu décent. Dans son ouvrage, Hervé Pillaud explique ce que sont les technologies de l’information et identifie six domaines agricoles où le numérique a un impact (gestion des risques, financement, recherche et développement, objets connectés, conseil et formation, commercialisation). Un livre édité en 2015 dont beaucoup de projections sont déjà devenues réalité.

« Agroéconomicus, manifeste d’agriculture collabor’active » est le second livre écrit par l’agriculteur vendéen en 2017. Après avoir retracé l’histoire de l’évolution de l’agro-alimentaire, il aborde l’importance que peuvent prendre les réseaux dans l’économie. Dans ce livre, il esquisse comment l’agriculture doit entrer dans l’ère du numérique grâce aux plateformes, aux blockchains, à l’économie collaborative. Pour lui, l’humain a toute sa place dans l’ère du numérique.

 

LGF