FDSEA
Le rôle du syndicalisme pour maintenir une agriculture forte

Le début de l’année 2023 est synonyme d’élections dans le réseau FNSEA, de l’échelon communal au national. L’occasion pour le secrétaire général de la FDSEA, Jean-Luc Perrin, de revenir sur le mandat écoulé et sur les sujets d’actualité.

Le rôle du syndicalisme pour maintenir une agriculture forte
Jean-Luc Perrin : « C’est la première fois que l’agriculture a, à sa disposition, un outil qui permet de prendre en compte les coûts de production. L’avenir de l’agriculture et le renouvellement des générations dépendent » de l’application de la loi Egalim. L’installation de jeunes agriculteurs passera par une juste rémunération des produits. »

 « Le mandat qui se termine n’a pas été simple, notamment en raison du Covid, estime Jean-Luc Perrin, secrétaire général de la FDSEA de la Loire. Notre réseau a tout fait pour simplifier la vie des agriculteurs et pour qu’ils poursuivent leur activité, qui est de nourrir la population. C’était nécessaire. »

Après le Covid, le conflit russo-ukrainien, qui a débuté il y a bientôt un an, « a accentué les perturbations des marchés, caractérisés notamment par une volatilité des charges sans précédent. Le réseau FNSEA a œuvré pour essayer d’en atténuer les conséquences. Ceci passe par une valorisation des produits à une juste valeur. D’où l’importance de la mise en œuvre de la loi Egalim. »

En ce début d’année, plusieurs sujets primordiaux sont sur la table. « Le réseau FNSEA a son rôle à jouer. » Le secrétaire général cite le changement climatique, la réforme de la Pac 2023-2027 et la loi Egalim.

S’adapter au changement climatique

« L’agriculture doit s’adapter au changement climatique, qui est une réalité. Notre réseau syndical et les structures agricoles doivent les y aider. » Pour Jean-Luc Perrin, trois axes de travail doivent être suivis : le stockage de l’eau, la recherche et l’assurantiel. « Nous avons déjà travaillé sur le stockage de l’eau, mais nous devons désormais entrer dans le concret. »

Quant à la recherche, « elle doit permettre d’innover dans les pratiques mais aussi dans les variétés de végétaux à implanter pour une meilleure résistance à la sécheresse ».

Le syndicalisme majoritaire travaille enfin depuis plus d’un an sur la nouvelle gestion des risques. « Alors que le nouveau système est applicable depuis le 1er janvier, tout n’est pas complètement prêt. Nous avons fait savoir que des points doivent être modifiés pour que l’outil soit totalement opérationnel. »

La réforme de la Pac

Autre sujet de ce début d’année 2023 : la réforme de la Pac. « Le réseau FNSEA s’est impliqué pendant deux ans pour l’élaboration du PSN (Plan stratégique national), tout en gardant à l’esprit d’avoir une Pac équilibrée et de maintenir au maximum l’existant », rappelle Jean-Luc Perrin. Des changements sont cependant à noter. Tout d’abord, la conditionnalité : « La Pac est plus verte que ce que nous avons connu jusqu’à maintenant. La conditionnalité ne doit pas être négligée, car un agriculteur qui ne répond pas aux exigences ne percevra pas les aides. Nous devons l’expliquer au sein du réseau ».

Autre changement : les aides couplées animales, avec un système à l’UGB (Unité de gros bétail). « Les éleveurs doivent se pencher sérieusement sur ce point en raison des dates de référence. Un choix doit être fait en fonction du troupeau, des effectifs et du système. C’est un vrai chamboulement et notre réseau doit pouvoir aiguiller les éleveurs. »

Les changements viennent également du second pilier. « Même si l’ICHN (Indemnité compensatrice de handicap naturel) reste similaire, la DJA (Dotation jeune agriculteur) et le PCAE (Plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles) sont 100% régionaux. Nous avons la chance, en Aura, d’avoir une Région qui soutienne l’agriculture, et plus spécifiquement l’installation-transmission. Le montant actuel de la DJA a pu être préservé. Par contre, le PCAE est probablement un peu moins avantageux, mais le montant n’est pas négligeable. Nous sommes plutôt bien lotis par rapport à d’autres. La profession a apporté sa contribution. Sa mission est désormais d’expliquer la nouvelle programmation du Feader 2023-2027 » (Fonds européen agricole pour le développement agricole).

Appliquer la loi Egalim

En matière de volatilité des charges, « nous n’avons pas tout vu en 2022, estime le secrétaire général de la FDSEA de la Loire. L’année 2023 risque d’être pire. La crise énergétique prend de l’ampleur et l’augmentation de ces charges doit être prise en compte dans les prix de vente des produits agricoles. C’est pour cela que la loi Egalim doit être appliquée. Le réseau FNSEA s’est beaucoup impliqué dans ce dossier. » Jean-Luc Perrin insiste : « C’est la première fois que l’agriculture a, à sa disposition, un outil qui permet de prendre en compte les coûts de production. Désormais, la loi est applicable pour toutes les productions qui se sont engagées dans la contractualisation. Le syndicalisme majoritaire ne doit rien lâcher sur ce sujet, l’avenir de l’agriculture et le renouvellement des générations en dépendent. L’installation de jeunes agriculteurs passera par une juste rémunération des produits. L’ancien ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, croyait en Egalim. C’est grâce à lui qu’Egalim 2 a pu voir le jour. Le syndicalisme doit désormais inciter le nouveau ministre à porter sa mise en œuvre. » Et d’ajouter : « La balle est aussi dans le camp des agriculteurs. »

 

Propos recueillis par Lucie Grolleau Frécon

La totalité de l'article est à retrouver dans le journal du 6 janvier.