Rigotte-de-condrieu
Une appellation petite mais dynamique

Claude Boucher, président du syndicat de défense de l’appellation rigotte-de-condrieu, aborde l’actualité du petit fromage de chèvre, à la suite de l’assemblée générale qui s’est déroulée le 25 avril à Condrieu.

Une appellation petite mais dynamique
L’assemblée générale du syndicat de défense de l’appellation rigotte-de-condrieu s’est déroulée le 25 avril à Condrieu. Le président, Claude Boucher, estime que, au niveau de la production, si 2021 était une grosse année de production, 2022 laisse, pour l’instant, augurer une baisse d’environ 10 %.

Quels sont les principaux chiffres pour 2021 ?

Claude Boucher : « Pour l’année écoulée, le syndicat de défense de l’appellation rigotte-de-condrieu compte 19 adhérents, dont la fromagerie Guilloteau dans le Pilat, cinq producteurs de lait et treize producteurs fermiers (dont deux mixtes). À noter qu’en fin d’année dernière, un producteur fermier a arrêté son activité. Concernant la production, les tonnages de rigotte-de-condrieu atteignent 62,1 t, avec une variation à la baisse de 9,8 t comparé à 2020 pour la fromagerie du Pilat et en hausse de 0,6 t pour les producteurs fermiers par rapport à 2020. Avec 686 730 litres de lait transformés en rigottes, cela représente 69 % du lait collecté. »

Le cahier des charges a évolué. Qu’est-ce qui change ?

CB : « La publication du nouveau cahier des charges a eu lieu le 14 avril 2022 au bulletin officiel du ministère de l’Agriculture. Il rentrera en vigueur environ trois mois après cette date. Les principales modifications portent sur le passage d’une collecte de 24 heures à 48 heures, ce qui permet au laitier de se déplacer pour des volumes plus conséquents. Pour les éleveurs, cet allongement des délais leur fait économiser des produits de nettoyage et de l’eau pour laver le tank à lait.

Les autres changements sont l’utilisation de levains lactiques locaux via une convention entre la fromagerie et le syndicat ; l’homogénéisation du temps de caillage (18 à 24 heures après emprésurage) et l’homogénéisation des températures d’égouttage (entre 16 et 22°C). »

Où en est le projet d’AOP durable du Conseil national des appellations d’origine laitières (Cnaol) ?

CB : « Le travail se poursuit et nous regardons notamment les différents points positifs de nos pratiques. Par exemple, nos chèvres sont déjà nourries sans OGM, même chose pour l’alimentation produite à 80 % sur la zone d’appellation. Notre conduite d’élevage est axée sur le pâturage. Nous menons par ailleurs des essais sur la diminution du travail du sol, sur des espèces plus résistantes à la sécheresse… Divers éléments qui nous font penser que nous sommes sur le bon chemin. L’objectif de cette démarche n’étant évidemment pas d’ajouter des contraintes supplémentaires aux éleveurs. C’est déjà difficile de trouver de nouveaux producteurs de rigotte-de-condrieu… »

Quelles actions de communication ont été menées ?

CB : « En 2020 et 2021, de nombreux événements ont dû être annulés à cause du contexte sanitaire.  Nous avons pu en tenir un certain nombre au cours de l’automne dernier, avec par exemple au niveau régional : promotion de la rigotte à l’Hôtel de Région en prévision des Bocuses d’Or et du Sirha en septembre, Journées de la fourme à Montbrison (42) en octobre, présentation de l’AOP et visite d’une exploitation fermière pour des étudiants en établissement agricole en octobre, diffusion de films promotionnels au Cheese festival d’Issoire (63) en octobre… Nous avons pu retourner au Salon de l’agriculture à Paris en mars dernier et le 1er mai, la manifestation Vin et rigotte en fête à Condrieu a été un grand succès, avec près de 10 000 visiteurs.

Nous avons aussi lancé divers supports de communication : sacs en papier, t-shirts et doudounes à l’effigie de notre fromage… »

Comment se profile 2022 ?

CB : « Si 2021 était une grosse année de production, grâce notamment à des fourrages de bonne qualité, qui ont suscité une réponse intéressante au niveau de la production de lait, 2022 laisse, pour l’instant, augurer une baisse d’environ 10 %. Les fourrages récoltés en 2021 étant de moindre qualité, les éleveurs doivent davantage complémenter leurs chèvres.

Du côté des ventes, la période faste pour la demande en produits locaux, pendant la crise sanitaire en 2020 et 2021, semble terminée. Les consommateurs ont peu à peu repris leurs habitudes d’achat et de consommation d’avant-Covid et ont tendance à moins privilégier les circuits courts. »

La filière a toujours de la place…

CB : « En effet, nous recherchons des producteurs de lait fermiers et de rigotte car la demande est supérieure à l’offre. Les candidats manquent. Pour tenter d’y remédier, les chambres d’agriculture du Rhône et de la Loire, le syndicat de défense de l’appellation rigotte-de-condrieu, l’association La Chèvre laitière proposent un après-midi découverte intitulé « Et pourquoi pas du lait de chèvre ? » le 9 mai prochain à Doizieux dans la Loire. »

 

Propos recueillis par Emmanuelle Perrussel