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Elvea : une stratégie commune de valorisation des animaux

L’assemblée générale d’Elvea Rhône-Alpes se tenait le 24 septembre dans la Loire. Outre l’activité de cette association d’éleveurs, le bien-être animal et la valorisation des animaux étaient au cœur des débats.

Elvea : une stratégie commune de valorisation des animaux
Frédéric Duchêne, entouré de Laurent Meunier (à sa gauche) et de Virginie Motta et Michel Fénéon, présidait sa dernière assemblée générale d’Elvea Rhône-Alpes.

L’Organisation de producteurs non commerciales (OPNC) Elvea Rhône-Alpes a été fondée pour organiser collectivement la filière viande bovine et défendre le commerce privé. C’est ce que rappelait Frédéric Duchêne, président de l’association en début d’assemblée générale, vendredi 24 septembre à Perreux : «Adhérer à Elvea, c’est choisir de commercialiser ses animaux avec les commerçants privés, et notre association est un lien entre éleveurs et commerçants recherchant une stratégie commune de valorisation de notre bétail. »

Actuellement, Elvea compte 400 adhérents éleveurs (72% de la Loire, 13% de l’Ain, 11% du Rhône, 3% de l’Isère, 1% de Haute-Savoie, moins de 1% de l’Allier) et 52 acheteurs. Les animaux sont commercialisés dans diverses filières : broutards 99,1% non OGM (Heredia), Label Blason prestige, Montbéliarde qualité (Carrefour), Jeune bovin d’export (Interbev), Bœuf de nos régions (SVA Jean Rozé), Broutard d’excellence Elvea (B2E), Charolais Label rouge… « Les filières que nous avons élaborées et auxquelles vous avez accès après qualification de vos élevages par nos trois techniciens sont l’exemple » de la stratégie commune de valorisation des animaux. « Elles évoluent en fonction des attentes des consommateurs et de la société. Les aspects environnementaux et de bien-être animal sont au cœur des débats actuellement. »

Bien-être animal

Pour preuve, «au niveau national, la charte des bonnes pratiques d’élevage était le socle de toutes les démarches qualité. Elle a été remplacée par la démarche bien-être. Il n’y aura donc plus de qualification sur les bonnes pratiques d’élevage, annonçait Virginie Motta. Nous avons donc décidé de basculer sur un diagnostic de bonnes pratiques et de lancer la qualification sur le bien-être. »

La qualification bien-être Boviwel et le diagnostic des bonnes pratiques font donc désormais partie du catalogue de services d’Elvea Rhône-Alpes. Effectivement, outre le lien entre éleveurs et commerçants, adhérer à Elvea signifie aussi bénéficier de services, d’accompagnements et de conseils par l’équipe de techniciens. « Les exploitations s’agrandissent et il faut améliorer l’efficacité du travail, l’autonomie fourragère, assurait Frédéric Duchêne. Pour cela, il faut être connecté à un réseau d’informations permettant d’analyser et de choisir, et appliquer de nouvelles méthodes rendant plus efficace et résiliente l’économie des exploitations d’élevage. »

Parmi les services aux adhérents, on retrouve : le logiciel de gestion du troupeau, Oribase ; un accompagnement pour le montage de dossiers comme le PCAE, le plan de relance, le plan d’épandage… ; des conseils technico-économiques sur l’alimentation, le coût de production… ; un accompagnement pour le respect de la conditionnalité (assistance administrative, déclaration Pac, déclaration sécheresse, enregistrement des épandages, aide ponctuelle d’urgence en cas de contrôle par les autorités…). Sans oublier le PSE (Plan sanitaire d’élevage) bovin et ovin, constituant une alternative à la délivrance de produits vétérinaires à visée préventive (antiparasitaire et vaccins) suite à la réalisation d’une visite sanitaire d’élevage par le vétérinaire conseil de l’Acequal.

Pour rebondir sur la nécessaire adaptation d’Elvea au contexte et aux attentes des consommateurs, Frédéric Duchêne assurait que « les négociants sont aussi à l’écoute ». Il laissait alors la parole à Michel Fénéon, responsable de la commission export de la FFCB (Fédération française des commerçant en bestiaux) et directeur financier d’Eurofeder (groupe européen de commerce de bétail), pour expliquer comment sa fédération a anticipé la notion de bien-être animal lors du transport avec  la  mise en place du label QualiNégoce.

Créer de la valeur

Pour Frédéric Duchêne, revenant sur la commercialisation des animaux, « la segmentation du marché de la viande bovine, essentielle à la survie du troupeau allaitant et aux races à viande françaises, doit s’accompagner d’une montée en gamme de nos produits, dans un contexte de plus en plus précaire d’équilibre économique de nos entreprises. Le syndicalisme se bat pour faire appliquer la loi Egalim et la construction du prix en marche avant en fonction des coûts de production. Le modèle économique est dur à inverser. »

Virginie Motta, directrice d’Elvea revenait sur les débats parlementaires au sujet de la loi Egalim. « Le constat de la première version de la loi Alimentation est décevant. Les objectifs fixés ne sont pas atteints. » Mais les craintes se font déjà sentir chez Elvea quant à la deuxième version de la loi. « L’article 1 prévoit qu’une contractualisation écrite soit rendue obligatoire et généralisée. C’est une révolution pour le monde agricole, mais surtout pour les OP telle qu’Elvea. La mise en œuvre parait compliquée», s’inquiétait Virginie Motta. Frédéric Duchêne complétait : « La loi aura des répercussions sur la manière de commercialiser les animaux. » Michel Fénéon se disait sceptique : « Les négociants vont devoir se " coopériser ". Un contrat sur trois à cinq ans va à l’encontre de la liberté de choisir l’acheteur de ses animaux. »

S’en est suivie la table ronde sur le thème de l’augmentation de la valeur et de sa répartition au sein de la filière agro-alimentaire. Manon Durand, agricultrice dans l’Ain, a développé de la vente de viande à la ferme. Selon elle, « la confiance du client envers l’éleveur » est la clé de la réussite. Elle mise aussi sur la communication : panneau à l’entrée de la ferme, flyer, site internet, réseaux sociaux. Ainsi que sur les démarches de qualité locales. Manon Durand avouait avoir une bonne valeur ajoutée sur ses produits, « mais ce n’est pas de tout repos ».

David Rivière est l’un des 18 adhérents à l’association Eleveurs de saveurs iséroises, qui livre huit cuisines mutualisées des collèges du Département et trois boucheries. Comme pour Manon Durand, la communication n’est pas en reste : actions de promotion dans les grandes surfaces, rencontre avec les enfants des cantines, films, réception de groupes sur les exploitations… « Nous communiquons sur le fait qu’avec cette viande l’éleveur gagne mieux sa vie. Le consommateur se sent investi d’une mission. » Mais David Rivière avouait avoir la chance de bénéficier du soutien du Département dans cette démarche.

Lucie Grolleau Frécon