Seconde Guerre mondiale
8 mai : des histoires dans l’Histoire

Lundi prochain, le 8 mai, la France célèbrera la Victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie en 1945. Mais que sait-on de la signature de la reddition sans condition de l’Allemagne ? Et pourquoi le 8 mai n’a pas toujours été un jour férié ?

8 mai : des histoires dans l’Histoire

Le 8 mai marque la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe avec la capitulation de l’Allemagne en 1945. La France avait connu près de sept ans de guerre, avec des invasions, des temps d’occupation et finalement la tant attendue libération (lire l’encadré ci-contre). Mais derrière la grande Histoire que nous rappelle cette date de commémoration, peu de Français savent qu’en fait deux actes de reddition ont été signés par l’Allemagne avec les Alliés.

Deux actes de reddition signés

Effectivement, le 7 mai 1945, à 2h41, la reddition de l’Allemagne sans condition a été signée à Reims dans la salle d’un collège technique, où était établi le quartier général des forces alliées en Europe occidentale, qui était dirigé par le général américain Eisenhower. Etaient présents le maréchal allemand Alfred Jodl, les généraux américains Walter B. Smith et Eisenhower, le général français François Sevez et le général soviétique Sousloparov. Cet acte, purement militaire, prévoyait que les combats cessent le 8 mai à 23h01.

Le Soviétique Staline, qui souhaitait que la capitulation de l’Allemagne soit signée à Berlin, ville que ses troupes avaient prise le 30 avril, était furieux. Mais les journalistes s’étaient sont déjà emparés de la nouvelle de cet accord. Le temps pressaait pour Staline, qui a précipité les célébrations officielles. Une nouvelle signature a eu lieu le 8 mai. Plus précisément dans la nuit du 8 au 9 mai, à 0h16 heure de Moscou, soit 23h16 heure française. C’est dans la banlieue est de Berlin que se retrouvaient les représentants de l’URSS (maréchal Joukov), de la Grande-Bretagne (maréchal Tedder), de la France (général de Lattre de Tassigny), des Etats-Unis (général Spaatz) et l’Allemagne (maréchal Keitel) pour signer l’acte de capitulation.

Il prévoyait le cesser le feu immédiat, soit le 8 mai pour les Alliés de l’Ouest et le 9 mai pour la Russie et ses alliés. Ainsi, la France commémore la capitulation officielle de l’Allemagne le 8 mai et les Soviétiques le 9 mai, qu’ils appellent Jour de la victoire. Cette seconde signature a donc fait coïncider la fin des combats avec ce qui avait été défini à Reims 24 heures plus tôt.

Un film de la signature à Berlin ratifiant la reddition de l’Allemagne est à découvrir sur le site internet de l’Ina, Institut national de l’audiovisuel (cliquer ici). On y voit arriver les représentants des différents pays et s’installer à la table, les Alliés d’un côté, les Allemands de l’autre. La voix off évoque « un terrible silence dans lequel on entend que le bruit d’une plume sur le papier » lorsque Keitel signe l’acte pour l’Allemagne. Ce silence fait écho à celui des canons qui a suivi.

Les signatures de la reddition allemande ont marqué la fin de la guerre en Europe, mais elle s’est poursuivie en Asie, notamment entre les Etats-Unis et le Japon. La capitulation du Japon a été annoncée le 15 août 1945 et signée le 2 septembre.

Commémorer ou pas commémorer ?

En France, la loi du 7 mai 1946 avait fixé la date de la commémoration de la victoire au 8 mai, si ce jour était un dimanche. Sinon, elle était célébrée le dimanche qui suivait. Puis, la loi du 20 mars 1953 a fait que le 8 mai est devenu un jour férié mais non chômé et que la commémoration se faisait le jour-même. L’histoire ne s’arrête pas là… Alors que la France et l’Allemagne se réconciliaient, un décret du 11 avril 1959 a supprimé ce jour férié, mais la commémoration du 8 mai 1945 était maintenue chaque deuxième dimanche du mois de mai. Un décret du 17 janvier 1968 a fait revenir la célébration au 8 mai en fin de journée. En 1975, afin de souligner la volonté des Européens d'organiser en commun leur avenir pacifique, le président Giscard d'Estaing a supprimé la commémoration. Cette décision a suscité une levée de bouclier de la part des associations d'anciens combattants. Finalement, à la demande de François Mitterrand, la loi du 2 octobre 1981 a établi le 8 mai comme fête légale fériée dans le code du travail.

Lucie Grolleau Frécon

Article complet et informations sur les lieux de mémoire de la Seconde Guerre mondiale dans la Loire à retrouver dans la version papier du 5 mai.