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Christophe Chaize : droit dans ses bottes, face caméra aussi

Ce n’est pas un hasard si Christophe Chaize, agriculteur à Pouilly-les-Nonains, a été choisi pour témoigner dans l’émission E=M6 diffusée le 11 février sur le thème Des solutions pour sauver la planète. Présentation de cet éleveur qui a des projets plein la tête, mais les pieds sur terre et surtout la communication dans la peau.

Christophe Chaize : droit dans ses bottes, face caméra aussi
Christophe Chaize, éleveur à Pouilly-les-Nonains, est régulièrement sollicité par les médias pour s’exprimer sur la manière dont il conduit son exploitation. Il a notamment répond aux questions de Mac Lesggy pour E=M6.

Répondre aux attentes sociétales et environnementales, tout en ayant une exploitation rentable économiquement. Voici le triptyque sur lequel Christophe Chaize s’appuie au quotidien pour façonner sa ferme et concevoir ses projets. Avant de s’installer comme éleveur sur la commune de Pouilly-les-Nonains, il a été technicien à la Chambre d’agriculture de la Loire. « Les années passées à travailler à l’extérieur m’ont permis de comprendre que le métier d’agriculteur ne signifie pas uniquement produire. En tant qu’agriculteur, j’estime qu’il faut prendre en compte les attentes des consommateurs. L’ouverture vers l’extérieur est un atout pour comprendre les enjeux de l’agriculture. J’ai conçu mon exploitation dans l’objectif de répondre aux attentes sociétales, de travailler en lien avec la nature et de vivre de mon métier. »

Optimisation de l’herbe

L’exploitation du Gaec Chaize compte 55 vaches allaitantes charolaises et leur suite, ainsi que 150 génisses engraissées à l’herbe. Lorsque l’épouse de Christophe, Véronique, s’est installée sur l’exploitation, il y a quelques années, elle a créé un élevage de poules pondeuses avec vente d’œufs à la ferme et en circuits courts dans le Roannais. Ce nouvel atelier répond au triple défi du couple.

Le système de l’élevage bovin est basé sur l’herbe, avec une mécanisation limitée. « Je fais en sorte que les animaux pâturent un maximum de temps. Je préfère qu’ils mangent l’herbe sur pied, plutôt que d’avoir à la récolter, la stocker et la redonner ensuite à manger. Depuis dix ans, je rentre les animaux en bâtiment au 1er décembre et les sors au 1er février. Même si je récolte peu de fourrages, j’arrive toujours à passer l’hiver, même les années de sécheresse. » La clé du succès : le pâturage tournant, pratique dont Christophe Chaize est un fin spécialiste. Spécialiste, il l’est aussi en génétique animale, et plus particulièrement en race Charolaise. Ces dernières années, l’éleveur a consacré de l’énergie à la valorisation du troupeau grâce à l’inscription (portes ouvertes, concours, ventes), avec pour conséquence la vente de plus de mâles reproducteurs.

Alors qu’il est un grand passionné d’élevage, passion transmise à son fils Maxence, Christophe Chaize voue également beaucoup de temps au domaine du végétal. « Le travail de sélection est sous-exploité en cultures. Le choix des espèces et des variétés, et leur association, ont beaucoup à apporter à l’élevage.»

Toujours des projets

Alors que l’exploitation a beaucoup évolué depuis dix ans, Christophe Chaize ne s’en arrête par pour autant là dans les projets, tout en gardant en tête la rentabilité économique. « Il faut chiffrer chaque idée. C’est pour cela que je participe à beaucoup de groupes de réflexion et de travail. Le côté innovation et le côté chiffrage m’intéressent. C’est grâce à ce travail de veille permanente et de réflexion que j’essaie de toujours avoir un coup d’avance. »

Ce fut par exemple le cas pour la démarche bas carbone, dans laquelle il est entré il y a quelques années. Finalement, avec le recul, ce fut le bon choix. « Une décision personnelle d’il y a quelques années m’a amené dans la bonne direction aujourd’hui, vers ce que souhaite la société et ce vers quoi se dirige la réglementation. Peut-être que certains agriculteurs vivront la démarche bas carbone comme une contrainte, moi non puisque c’était une décision personnelle. »

L’été dernier, le couple réfléchissait à la vente directe de viande Bœuf de Charolles AOP livrée en colis Chronofresh. « Il existe des métropoles en France où les gens ont les moyens d’acheter de la viande de qualité. » Au fil des mois, ce projet a mûri pour se concrétiser ces jours. Effectivement, le site internet permettant aux clients de passer commande pour de la viande en vue d’être livrés directement chez eux a été lancé ce début de semaine. « Ca a été long à faire avancer. Il a fallu régler les problèmes de découpe, de distribution, de règlement bancaire… »

Communiquer sur ses pratiques

Toujours souriant et avec une élocution parfaite, sachant toujours se mettre au niveau de connaissances de son interlocuteur, Christophe Chaize est un ambassadeur parfait pour l’agriculture. Il reçoit régulièrement des écoles sur son exploitation, que ce soit des enfants de classes primaires, des collégiens, des jeunes en formation agricole. Nombreux sont également les groupes d’éleveurs qui vont à la découverte de son exploitation pour aborder des aspects techniques. L’éleveur reçoit aussi des entreprises du secteur para-agricole, des élus… « Personnellement, j’arrive à tirer de toutes ces visites du positif. Les échanges, les questions, les remarques m’aident à avancer. »

L’éleveur s’est également emparé des réseaux sociaux et y est particulièrement actif. Sur Facebook, pas un jour ne passe sans qu’une photo et une phrase mettent en avant son travail. L’éleveur a choisi Facebook pour faire la promotion de son exploitation auprès des professionnels, notamment avec pour objectif de vendre de la génétique. Quant à Instagram, il l’utilise plutôt pour garder un lien avec ses clients et pour vendre de la viande.

Mais l’homme ne s’arrête pas là. Il a eu l’occasion, à plusieurs reprises, de témoigner devant les caméras. En 2021, il a été sollicité par France 3 dans le cadre de la campagne de communication Je tiens à ma terre, lancée par les chambres d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes. Il fait également l’objet, depuis un an, de la visite régulière d’un journaliste qui espère pouvoir soumettre son reportage à France 2. « Il vient me voir régulièrement pour faire des images sur mon exploitation et mes projets. » En octobre 2021, c’était une télévision japonaise qui débarquait dans ses prés.

« Je ne vois pas cette communication comme une contrainte, assure Christophe Chaize. C’est facile pour moi de m’exprimer, car c’est ce que je vis sur mon exploitation et c’est ce que les consommateurs veulent entendre. Mon système est simple à défendre, mais j’estime aussi qu’il faut toutes les agricultures. » Et d’ajouter : « Même si Elise Lucet me sollicitait pour une interview, je pense que j’accepterais, car je n’ai rien à me reprocher. Je suis cohérent entre ce que je fais et ce que je dis. Par contre, dans les reportages, je n’accepterais pas qu’on m’utilise pour mettre en porte-à-faux d’autres systèmes. » L’éleveur a une crainte : « Les journalistes tournent beaucoup d’images. Et, au final, sont utilisées uniquement quelques secondes ou minutes. Certains journalistes retiennent ce qu’ils veulent et le message divulgué est parfois éloigné du message initial. »

Tournage de l’émission E=M6

Il y a un an, Christophe Chaize avait été choisi pour répondre aux questions de Mac Lesggy pour l’émission E=M6 diffusée en prime-time vendredi 11 février. Le thème de l’émission est : Des solutions pour sauver la planète. Il témoigne sur son travail visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Sur l’exploitation a également été filmé un représentant de l’Institut de l’élevage (Idèle). « C’est suite à ma participation à un groupe de travail avec l’Idèle sur le bas carbone que l’équipe de télévision est arrivée jusqu’à moi », confie Christophe Chaize.

En janvier 2021, l’équipe de M6 est restée une journée entière sur l’exploitation. « Chaque scène a été filmée plusieurs fois, avec plusieurs prises de son. Rien n’avait été préparé. J’avais quand même eu la trame de la journée avant. » Christophe Chaize dit avoir eu un « bon feeling » avec l’ensemble de l’équipe, ce qui « aide à être à l’aise devant les caméras ». Un tellement bon feeling que sa fille, Alexandra, a pu décrocher un stage à M6… Cette sollicitation pour témoigner dans cette émission est considérée par l’éleveur comme « une récompense de tout le temps consacré » à faire évoluer son exploitation et à communiquer sur ce qu’il fait.

L’émission E=M6, qui sera diffusée vendredi 11 février à 21h10, a pour titre Des solutions pour sauver la planète. Christophe Chaize y est présenté comme un agriculteur en avance sur les méthodes pour limiter les gaz à effet de serre, notamment par la gestion optimale des pâturages. Il parvient à une réduction de 19 % du bilan carbone de son élevage.

 

Lucie Grolleau Frécon