Elevages ovins
La menace du loup

En trois mois, en Saône-et-Loire, le loup est suspecté d’avoir tué plus de 110 ovins et d’en avoir blessé plus d’une cinquantaine. Angoisse, fatigue, colère…, les éleveurs ont une nouvelle fois manifesté la semaine dernière devant la préfecture de Mâcon, demandant une modification de la législation.
La menace du loup

Le 8 mai 2019, une attaque de loup sur un troupeau ovin a eu lieu à Barnay (Saône-et-Loire), tuant ainsi huit animaux. Une autre attaque, début 2020, à Anost, a été signalée à l'Office français de la biodiversité (OFB), qui n'a pu écarter le loup comme origine de cette attaque. Le préfet a validé, le 15 mai, un arrêté portant sur le classement de plusieurs communes permettant aux éleveurs d'accéder à des aides de protection contre la prédation du loup.
Depuis le début de l'été, les attaques se sont multipliées. Chien ou loup, l'incertitude persistait. Mercredi 29 juillet, la Préfecture de Saône-et-Loire a confirmé la présence - non pas les attaques – d'un loup en Saône-et-Loire. Depuis, les attaques se sont multipliées, tout comme les témoignages d'éleveurs de la région charolaise sur le carnage dans leurs troupeaux, sur l'angoisse qu'ils vivent au quotidien, sur les mesures de protection difficiles à mettre en œuvre. Par exemple, Claude Ducert, éleveur à Martigny-le-Comte, racontait, en août, les circonstances des attaques dont son troupeau a été victime. « J'ai subi trois attaques. Les deux premières presque coup sur coup puis une troisième, trois jours après. J'ai eu cinq brebis et un bélier de tués. Lorsque l'on observe le cadavre des animaux, on constate qu'ils ont été attaqués au cou, qu'ils ont été égorgés tous de la même façon. Ils n'ont quasiment pas été mangés, juste un peu pour certains derrière l'épaule». Installé à Vendenesse-lès-Charolles, Alain Guilloux relate : « Tous les matins, je fais le tour de mes animaux pour leur donner une ration alimentaire. À mon arrivée, un matin, j'ai aperçu à la barrière quatre brebis, toutes blessées. Les autres n'étaient pas là. Au fur et à mesure, j'ai découvert les animaux morts, à savoir neuf au total. »
En août, lors d'une réunion de la cellule loup, les éleveurs présents insistaient sur l'inutilité des dispositifs d'effarouchement et sur l'incompatibilité des moyens de protection avec le territoire et les modes de production (élevage de reproducteurs notamment). Malgré tout, cela reste une étape dans le processus. Pour pouvoir demander les tirs de défense simple et être indemnisé en cas d'attaque, il faut que le troupeau soit protégé, c'est-à-dire avoir mis en place des moyens de protection. Lors de cette réunion de la cellule loup, le tir de défense simple a été autorisé par le préfet référent loup, sous certaines conditions, à la suite de la demande de la profession. Il y a quelques jours, des tirs de prélèvements ont été autorisés.
A plusieurs reprises, les éleveurs ovins ont manifesté. Plus récemment, le 2 octobre, ils se sont mobilisés devant les grilles de la préfecture de Mâcon pour témoigner de leur colère, de leur tristesse et de leur volonté de voir le plan loup revu au niveau national. Ils ont martelé que la présence du loup n'est pas compatible avec leur mode d'élevage et qu'il est temps de modifier la législation. « C'est la boule au ventre qu'on se rend tous les matins dans les pâtures », « c'est la dignité des éleveurs qui est massacrée », « le panel d'activité est tellement large qu'on n'a pas assez d'une journée pour tout faire et là il faudrait surveiller les brebis même la nuit », telle était la teneur des différents témoignages.

 

Dans la Loire

Charolles et le pays du charolais n'est qu'à quelques dizaines de kilomètres du nord du département de la Loire. Quand on sait qu'un loup peut parcourir 10 à 15 km par jour, les éleveurs du Roannais peuvent légitimement se sentir inquiets quant aux multiples attaques du loup en Saône-et-Loire. Paul Meunier, éleveur bovin à Mars, avoue que cette problématique est nouvelle (« On ne sait pas vraiment ce que c'est »), mais il est conscient, comme ses collègues, de la menace. Les membres du Gaec Delangle (élevages bovin et ovin), à Saint-Denis-de-Cabane, craignent pour leurs moutons. « Comment faire dans nos systèmes, avec de nombreux lots, pour protéger nos animaux ? Ce n'est pas très concret pour l'instant, mais on commence à y penser. Si le loup arrivait chez nous, certaines pratiques d'élevage ne seraient plus possible. »

 

LGF, d'après L'Exploitant agricole de Saône-et-Loire