Dans le cadre de l’appel à projet jeunes 2023-2024 porté par la MSA Ardèche-Drôme-Loire, une dizaine de jeunes du centre social de Sury-le-Comtal ont séduit le jury départemental. À travers une vidéo intitulée « L’âge d’humour », ils ont mis en lumière l’intergénérationnalité avec des seniors de la résidence Jacoline, illustrée par un retour sur les bancs de l’école d’hier et d’aujourd’hui.
« L’âge d’humour », ou comment résumer, à travers un clip vidéo, l’école d’autrefois et le collège d’aujourd’hui. À Sury-le-Comtal, une dizaine d’enfants du centre social Christine-Brossier et plusieurs personnes âgées de la résidence Jacoline ont collaboré main dans la main à la réalisation d’un projet portant sur le thème de l’intergénérationnalité. Le message était de recréer du lien, suite au constat d’une perte progressive de communication entre les publics d’âges différents.
Assistante sociale au sein de la MSA Ardèche-Drôme-Loire, Mathilde Pichon évoque l’objectif multiple de cette initiative d’appels à projets jeunes, lancée en 2000 et renouvelée chaque année : « Trois notions sont à mettre en avant : permettre aux jeunes de s’autonomiser, d’être force de proposition, de se dire qu’il y a une vraie place en tant qu’acteur du milieu rural, et d’acquérir certains automatismes et clés pour leur vie d’adulte ; participer à la promotion du territoire rural et à l’animation des petits villages ; prôner le lien social. » Pour elle, le groupe de Sury-le-Comtal entre pleinement dans les modalités de la démarche, en ce sens qu’une véritable « dynamique de solidarité et de lien social » s’en dégage, couplée à une volonté de « changer les codes et de proposer des choses novatrices ».
Construire collectivement entre jeunes et seniors
Pour en retracer la genèse, il faut remonter à juillet 2023. « Deux jeunes sont venus me voir pour proposer un projet avec les personnes âgées, sans savoir vraiment de quelle nature », explique Lucile Laborey, responsable du pôle jeunesse du centre social Christine-Brossier de Sury-le-Comtal. Des jeunes qui, dès le confinement, partaient déjà à la rencontre de seniors de la résidence Jacoline pour leur apporter de la compagnie. « En septembre 2023, on a fait une réunion pour essayer de lancer quelque chose avec un groupe », poursuit la responsable. Cela a permis d’identifier les besoins et envies des deux jeunes. « On s’est retrouvé avec une dizaine de volontaires du centre social autour de la table, des garçons et des filles âgés de 11 à 15 ans », précise Lisa Derory, coordinatrice action jeunesse au sein du centre social, lauréate d’un appel à projets jeunes autour de la Seconde guerre mondiale huit ans auparavant (voir l’encadré).
L’envie était là, il fallait ensuite construire collectivement autour de la vidéo. Tout s’est enchainé très vite : le 4 octobre, une première rencontre a été organisée entre les seniors et les jeunes à la résidence Jacobine. Le projet a été proposé et a plu. « Rapidement, l’école et le “comment c’était avant” sont devenus le centre des discussions. Les rendez-vous ont été alors réguliers, soit toutes les deux ou trois semaines selon les périodes. Au final, le projet a duré entre six et neuf mois, entre l’écriture du scénario, le tournage des scènes, le montage, etc. », confient les deux professionnelles du centre social.
Lire aussi : Une proposition de la Loire retenue au niveau national
Parmi la dizaine de jeunes impliqués dans le projet, Hugo, 12 ans, confie avoir rencontré sa mamie de cœur, Yvette, lors du tournage : « On s’entend super bien, on rigole. Je me suis amusé. J’étais déjà venu à la résidence avec l’école pour chanter. » Celui qui entend plus tard faire un métier pour sauver des gens souhaite déjà lutter contre l’isolement des personnes âgées. « Un projet comme celui-là, c’est pour leur tenir compagnie. J’ai pu tisser des liens avec mamie Yvette, mais aussi avec d’autres. Toutes étaient super sympas, mais aussi contentes de faire cette vidéo. Elles étaient heureuses et riaient. » Même son de cloche pour sa camarade, Coline, 13 ans, qui a « trouvé que le projet était vraiment bien réussi. J’ai adoré pouvoir conseiller les mamies sur comment s’habiller. C’est important de les mettre en avant, les gens en ont parfois une mauvaise image et je pense qu’il faut les valoriser. »
Un appel à projets jeunes relancé
Finalisé début juin, le clip vidéo a ensuite été présenté en avant-première lors des dix ans du centre social, le 15 juin. « Les retours ont été très bons, les gens ont adoré », s’enthousiasme Lisa Derory. « Depuis que je suis au centre social, c’était la première fois que je collaborais sur un projet intergénérationnel. Travailler avec les personnes âgées et les jeunes pour voir ce qu’il peut se vivre et se construire avec un écart d’âge aussi important, c’était une expérience extraordinaire et enrichissante », renchérit Lucile Laborey.
Vous aimez Paysans de la Loire ? Pour nous soutenir, abonnez-vous !
L’appel à projets avait lieu en octobre 2023 et un financement a été apporté en décembre. Le projet a été primé au niveau Loire-Drôme-Ardèche et présélectionné au niveau national. Mais cet appel à projets en amène un autre, à travers une édition 2024-2025. « L’objectif est que d’autres travaux inspirants voient le jour grâce au soutien de la caisse », précise la MSA. Pour y participer, rendez-vous sur le site de la MSA pour connaitre les modalités d’inscriptions et demander le dossier de candidature.
Axel Poulain
Lisa Derory, une lauréate devenue coordinatrice action jeunesse
Aujourd’hui coordinatrice action jeunesse au sein du centre social Christine-Brossier de Sury-le-Comtal, Lisa Derory était encore, il n’y a pas si longtemps, de l’autre côté de l’appel à projets jeunes de la MSA. « Il y a huit ans, j’avais 15-16 ans et j’étais accompagnée par ma structure jeunesse de l’époque sur un projet de jeunes en tant qu’adolescente. Nous avions été primés au niveau Ardèche-Drôme-Loire, ainsi qu’au niveau national », évoque la jeune femme. Ce projet de mémoire portait sur la Seconde guerre mondiale. « Cela avait été une grande fierté de savoir qu’en tant que jeune, on pouvait faire des choses qui avait vraiment du poids. Depuis que je suis animatrice pour d’autres projets, j’ai toujours voulu ramener des jeunes sur ce genre d’initiatives, parce que cela avait été tellement valorisant et été une expérience incroyable. Monter à Paris et récupérer un gros chèque au Salon de l’Agriculture, c’est fort quand on a 15 ans ! »