Technologies
Les outils numériques au service de l’éleveur

Les outils numériques de suivi et de surveillance des troupeaux font désormais partie du quotidien de l’éleveur. S’ils fournissent une aide précieuse à ces derniers, ils ne peuvent en aucun cas remplacer l’œil de l’agriculteur. 

Les outils numériques au service de l’éleveur
Mil’Klic propose dans son tableau de bord une vision synthétique de l’état de chacun des animaux du troupeau, grâce à trois indicateurs : santé animale, fonctionnement du rumen et déficit énergétique. ©SD

Dans un contexte d’accroissement des cheptels et de réduction de la main-d’œuvre dans les exploitations, les applications et autres logiciels informatiques permettent aujourd’hui de collecter des informations essentielles et de « les valoriser pour être plus réactif », commente Yves Alligier. Le responsable de l’équipe technique de Loire conseil élevage encadre seize techniciens en bovin lait et un technicien caprin. « Ces outils sont devenus une réalité dans le métier d’éleveur et dans la relation que ce dernier entretient avec son conseiller élevage. »

L’application Mil’Klic, par exemple, a été développée par les organismes de contrôle laitier et est proposée à l’ensemble des adhérents de Loire conseil élevage. « Mil’Klic est alimentée tous les jours en données par les conseillers et les laiteries. Le système permet d’extraire les analyses de qualité qui servent au paiement du lait, mais également des analyses plus fines, comme les teneurs en acides gras du lait, les taux d’urée… qui servent ensuite au pilotage de l’alimentation. » Le fait que les éleveurs puissent être suivis à distance a été très utile durant le premier confinement en mars 2020, confie également Yves Alligier. 

Des compteurs d’efficacité de la conduite de l’élevage 

Qualifiés par le conseiller ligérien de véritables « compteurs d’efficacité de la conduite de l’élevage », notamment pour ce qui concerne Mil’Klic qu’il connait plus particulièrement, les outils digitaux répondent à plusieurs besoins du troupeau : la gestion – obligatoire – des effectifs ; la qualité de la production, notamment laitière ; la gestion de la reproduction ; l’état sanitaire des animaux ; etc. « Les déclarations de mise-bas sont obligatoires et aujourd’hui moins de 10 % des éleveurs les font encore sous forme papier », précise Yves Alligier. Si des applications comme Boviclic, Icownect ou autre solution de l’éditeur Isagri permettent de répondre à certaines des obligations en conduite de troupeau, d’autres, plus facultatives, existent pour faciliter le quotidien de l’éleveur. « Ce sont des outils au service de l’entreprise », appuie le technicien laitier. 

Mil’Klic, toujours, propose dans son tableau de bord une vision synthétique de l’état de chacun des animaux du troupeau, grâce à trois indicateurs : santé animale, fonctionnement du rumen et déficit énergétique. Autre exemple, la société Medria développe des solutions de monitoring pour les exploitations d’élevage : les animaux sont équipés de colliers qui renvoient des données, permettant de détecter les chaleurs, les vêlages, les temps de rumination, les temps d’ingestion, les positions debout/couché… L’ensemble de ces informations sont collectées et retraitées, puis restituées à l’agriculteur afin de lui permettre de prendre la bonne décision au bon moment.

Yves Alligier, de Loire conseil élevage, a entre les mains un collier avec capteur, développé par la société Medria qui propose des solutions de monitoring pour les exploitations d’élevage : les colliers qui équipent les animaux renvoient des données, permettant de détecter les chaleurs, les vêlages, les temps de rumination, les temps d’ingestion, les positions debout, couché… ©SD

Les outils ne remplacent pas le tour du troupeau

Tous ces outils numériques sont « de bons assistants, ils réduisent l’astreinte, mais ne remplacent pas un tour du troupeau, commente Yves Alligier. Ils créent un lien entre l’éleveur et ses intervenants extérieurs : technicien, vétérinaire, laiterie… Avoir des informations en direct, pouvoir les valoriser permet aussi à l’éleveur d’être plus réactif. Les exploitations changent, les élevages sont en recherche d’efficacité et de bien-être, pour les animaux et pour les hommes. »

C’est aussi ce que pense Claude Detour, éleveur laitier en Gaec à deux à Marcilly-le-Chatel. L’exploitation est équipée d’un robot de traite depuis 2013. « C’est un outil phénoménal, car je connais aussi mes vaches par cœur. C’est une aide précieuse mais qui ne remplace pas l’œil de l’éleveur. Il est impératif de voir les problèmes avant que le robot ne le dise », prévient le professionnel. Si la traite est moins pénible physiquement, « une pénibilité mentale l’a remplacée, car le robot peut appeler même dans la nuit », nuance-t-il. Très utiles au moment des pics de températures en été pour identifier les vaches qui en souffrent le plus, les outils numériques sont également très pratiques pour détecter les chaleurs et « isoler les vaches du reste du troupeau ». Claude Detour est équipé d’un robot Lely, des outils Mil’Klic et Boviclic. La réactivité, la réduction des astreintes, les gains d’efficacité sont parmi les bénéfices d’une gestion digitalisée des troupeaux, selon lui. 

Des outils qui apportent confort et sécurité

Clémence Cote a repris l’exploitation familiale en avril 2020 à Crémeaux. Elle élève 45 vaches laitières en production bio. Les outils numériques font partie de son quotidien, d’abord Boviclic pour l’identification ; puis Mil’Klic pour le suivi de production, l’alimentation, la reproduction et la santé des animaux ; et dernièrement, un distributeur automatique de concentré avec boucle électronique. « L’objectif est de pouvoir regrouper l’ensemble des données sur un même ordinateur et de passer moins de temps à les rechercher. On a tout sous les yeux et on peut décider directement », explique l’éleveuse. Les outils conservent un historique, ce qui est « confortable » et « alertent l’éleveur en cas de problème, c’est rassurant ». Si Clémence Cote gagne du temps, elle se défend d’être dépendante des outils numériques de suivi et de surveillance de son élevage. « Le regard de l’éleveur reste indispensable », affirme-t-elle aussi.

 

Sébastien Duperay