Le marché du biofioul progresse grâce à la bonne volonté des distributeurs de combustibles qui acceptent de rogner leurs marges pour que le produit reste accessible au consommateur. Mais cet essor restera limité tant que durera l’impasse fiscale en France.
Les chiffres de vente du biofioul à 30 % d’ester méthylique de colza (intitulé F30) s’établissent à 60 000 m3 à fin septembre 2024, contre 8 000 m3 livrés en 2023, a indiqué la Fédération française des combustibles, carburants & chauffage (FF3C), lors d’une conférence de presse mi-octobre faisant le point sur le développement du biofioul. Le syndicat représente les professionnels de la distribution des énergies hors réseaux. « Cette forte augmentation s’explique par la hausse des ventes de chaudières (+ 17 %), par les adaptations volontaires des consommateurs et par l’effort consenti par les distributeurs en acceptant de réduire leurs marges », a commenté Éric Layly, président de la FF3C.
Depuis le 1er juillet 2022, le F30 alimente obligatoirement toutes les chaudières neuves installées. Cette règle découle de l’exigence du plafond d’émissions de CO2 fixé par la réglementation à 300 grammes de CO2 par équivalent kWh pour les chaudières.
Vers le biofioul à 55 %
Deux ans après la commercialisation du F30, la FF3C s’attèle à la montée en grade de l’ester de colza dans le fioul. La filière des combustibles et carburants met au point un combustible majoritairement renouvelable, le F55 (fioul contenant 55 % d’ester de colza). Il devrait être commercialisé dès l’hiver 2025-26, espère le syndicat. Il doit auparavant obtenir l’autorisation de mise en marché de l’État. Mais pour accentuer sa pénétration du marché du fioul, le biofioul doit gagner en compétitivité. Il est 15 centimes plus cher au litre que le fioul d’origine fossile. Une frange des consommateurs accepte de payer sept à huit centimes de ce surcoût mais guère plus, selon Éric Layly.
Pour gagner en compétitivité il faudrait que le fioul soit davantage taxé et que le biofioul soit épargné. « Nous travaillons à la décarbonation du secteur de l’énergie et contribuons à l’approvisionnement protéique via les tourteaux. Nous aimerions voir ces contributions encouragées par une fiscalité en conséquence », a déclaré Grégoire Dublineau, directeur général de la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux (Fop). Mais le contexte politique houleux à propos du budget français n’est pas propice dans l’immédiat, a-t-il reconnu. Dominique Monnier, directeur chez De Dietrich, a rappelé que le combustible liquide qu’est le biofioul est stockable, donc une solution complémentaire aux pompes à chaleur, qui coûtent cher en période de pics de consommation d’électricité l’hiver, et qu’il devrait à ce titre être encouragé fiscalement.