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Le service à la personne souffre du confinement

Suspension ou réduction d'activités, difficulté à trouver du matériel de protection, les métiers du service à la personne sont largement impactés par le confinement.
Le service à la personne souffre du confinement

 « L'association n'est pas à proprement parler en danger car la trésorerie est saine mais il ne faudrait non plus que ça dure trop longtemps... ». Pour Nelly Coltel, directrice de MOD (Main d'œuvre à disposition), structure d'insertion de la plaine du Forez qui œuvre, entre autres activités, dans le service à la personne (ménage, aide administrative, aide aux courses... ), la période n'est pas de tout repos, malgré le quasi arrêt d'activités « Notre arrêt a été progressif : d'abord nos activités pour les collectivités (entretien, garderie, cantine) puis pour les entreprises et enfin, pour les particuliers au moment du confinement car nos activités ne sont pas jugées impératives ». Un arrêt qui souffre toutefois quelques exceptions : « on va récupérer des courses au Drive pour une personne âgée qui ne peut se déplacer. »

 

Cette période délicate demande à la directrice beaucoup de gestion pour les six permanents et la soixantaine de personnes en insertion habituellement employées, en l'occurrence une combinaison des possibilités existantes : télétravail et chômage partiel, arrêt pour garde d'enfants, arrêt en tant que personnes à risque. « Nous travaillons avec un public en situation précaire. Ils sont isolés, souvent mal équipés numériquement donc en difficulté pour mobiliser les dispositifs existants. Nous devons les aider », précise-t-elle. Nelly Coltel veut aussi se projeter vers la suite. « On a perdu des clients mais on considère cela plutôt comme des suspensions que comme des ruptures. Pour la reprise, à défaut d'obtenir du matériel qui est réservé aux soignants, on espère trouver des solutions alternatives (masques en tissu...) ! »

« La cinquième roue du carrosse... »

Toujours dans la plaine, basées respectivement à Boisset-les-Montrond et Montbrison, Georgine Dautriat et sa fille Anne travaillent en binôme. Elles n'ont pas connu d'arrêt d'activités car elles œuvrent essentiellement avec les personnes âgées : lever et coucher, toilettes parfois si les infirmières ne peuvent pas la faire, de l'aide au repas, de la stimulation à la marche, à la mémoire (pour les personnes atteintes d'Alzheimer). Malheureusement, elles vont au “front” un peu démunies. « Avant la pandémie, on avait toujours du gel hydro-alcoolique dans la voiture pour se laver les mains avant et après chaque visite, se souvient Georgine. Mais depuis 15 jours, c'est la pénurie... Alors on se débrouille en multipliant des lavages de main à l'eau et savon, ce qui est aussi très efficace. » Du côté des masques, la situation n'est guère plus satisfaisante : « Nous disposons de quelques masques chirurgicaux mais pas suffisamment pour en changer à chaque visite », regrette-t-elle, amère. « Des masques sont arrivés en pharmacie, mais ils sont réservés au personnel soignant. Mais nous, nous sommes qui ? Certaines officines refusent de nous en donner, d'autres nous en concèdent quelques-uns. Nous sommes vraiment la cinquième roue du carrosse. »

 

Depuis le début du confinement, les travailleuses indépendantes ont perdu quelques dossiers. « Dans certains cas, les familles préfèrent s'occuper elles-mêmes de la personne pour éviter la visite au domicile d'un élément extérieur », précise Georgine. Mais au-delà, la situation est angoissante pour tous : « On arrive en portant des masques, des gants, certaines personnes ont peur, crient. Elles se demandent ce qui se passe. Pour l'instant, nous n'avons pas de clients atteints du Covid-19... Enfin, ils ne sont pas testés et comme les symptômes sont variables d'une personne à l'autre, on n'est pas certain à 100 %... » Et de conclure, philosophe : « Après le confinement, on retrouvera certainement l'ensemble nos clients. Mais il faudra tirer les leçons de cette crise. »

David Bessenay

 Les associations œuvrant auprès des personnes âgées ne connaissent pas d'arrêt d'activités.