ENSEIGNEMENT AGRICOLE
Chervé en avait rêvé...

Un an et demi après la pose de la première pierre, Laurent Wauquiez s'est rendu au lycée de Roanne-Chervé pour signer l'ordre de mission au maître d'ouvrage pour une restructuration de grande ampleur. Le démarrage de cinq ans de travaux et un coup de boost tant pour l'enseignement agricole que pour l'économie locale.
Chervé en avait rêvé...

Tel un serpent de mer, le projet de réhabilitation de l'établissement agricole de Roanne-Chervé refaisait surface régulièrement depuis 20 ans. « Le quatrième projet, c'est le bon ! » lance le Proviseur Paul Candaele, visiblement soulagé et enthousiaste, devant le personnel de l'établissement et les élus locaux et régionaux.

 

La visite de Laurent Wauquiez en ce premier jour du mois de juillet était donc particulièrement attendue. Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a d'abord cassé le protocole pour visiter l'exploitation du lycée, guidé par son directeur, Pascal Chorgnon. Curieux, smartphone en main, il est allé à la rencontre des moutons, porcelets, bovins, et celles et ceux qui les bichonnent, avant d'en venir à l'objet de son déplacement.

Un projet de 34 millions d'euros

Le projet, œuvre des architectes Yves Duvernois (A.U.M Architecte), Bruno Boucau (Keops Architecte) qui va démarrer cet été est gigantesque. Il fait appel largement à des matériaux nobles et renouvelables (ossature bois, isolation en paille, sous bassement en pisé) dans l'optique de réduire la consommation d'énergie. « Nous avons un devoir d'exemplarité », reconnaît le Proviseur.
Il prévoit l'élévation de trois nouveaux édifices à commencer par le bâtiment central sur trois niveaux (salles de cours, vie scolaire, CDI), « Nous l'avons voulu dans un esprit campus, avec un mélange des publics, formateurs comme apprenants. Dans un même lieu se croiseront scolaires, apprentis, stagiaires de la formation continue », se réjouit Paul Candaele. Autres bâtiments qui sortiront de terre : l'Epta Ouest (vestiaires, salles de classe, garages de tracteurs), le bâtiment paysage (pôle enseignement), qui intégrera un espace de vente directe des produits de l'exploitation au grand public.

 

 

Le foyer des élèves et l'internat seront entièrement réhabilités, ainsi que le bâtiment Epta Est (ateliers techniques et agroéquipements). Le château, sera lui aussi sérieusement retouché, mais en préservant les parties historiques. Il accueillera salle des profs, salle du conseil et nouveauté, tout le pôle administratif, « un changement radical d'affectation », relève encore le proviseur.
Enfin, l'amphithéâtre sera également rénové. Il se veut un lieu ouvert sur l'extérieur, qui peut accueillir des forums, des rencontres et même des spectacles. Au total, la Région investira 34 millions d'euros et les travaux dureront cinq ans.


« L'équipe de l'établissement a été patiente mais maintenant elle a des attentes. Nous avons mis beaucoup de force et d'énergie autour de ce projet, nous allons les conserver », enchaine Paul Candaele. La présidente du Conseil d'administration, Sandra Creuzet ne cachait pas non plus sa satisfaction, tout comme le maire de Perreux, Jean-Yves Boire, qui après avoir rappelé les origines de l'établissement, l'ouverture d'une école ménagère dans le château il y a 64 ans, s'est félicité de la vitrine que représentera l'établissement pour toutes les filières concernées.
Le président de l'agglomération roannaise, Yves Nicolin, voyait dans la concrétisation de ce projet « une lumière pour croire à un futur positif et un signal fort pour les métiers du bâtiment ».

Appel à la préférence régionale

A travers ce projet, Laurent Wauquiez se montre ainsi fidèle à ses engagements envers le secteur agricole. « Et je ne peux pas dire : je soutiens l'agriculture d'un côté si d'un autre je laisse des bâtiments scolaires en ruine. J'ai lancé un grand programme de réhabilitation des lycées agricoles et des centres d'apprentissage. C'est une marque de considération pour tous : élèves, enseignants, agents techniques et administratifs. »

 

Mais au-delà du soutien apporté à l'agriculture, et le Conseil régional ne s'en cache pas, cet engagement se veut clairement un soutien à l'économie locale dans une période post-confinement délicate. « Je ne vais pas vous mentir à un moment donné, le projet a été ajourné. Avec le Covid, c'est 10 % de budget en moins cette année et autant l'année prochaine. Alors je me suis engagé personnellement pour que cela se concrétise et pour plusieurs raisons : ça fait 40 ans que rien n'a été fait de significatif pour les bâtiments ici, c'est une restructuration globale et puis la plupart des entreprises engagées dans ce chantier sont locales. On va faire travailler 200 à 300 personnes pendant plusieurs années, ce n'est pas rien. Il faut faire de la préférence régionale, c'est indispensable. » Et de poursuivre taquin : « si vous ne me mettez pas du douglas de la région dans la construction, je vais m'étrangler ».
La rénovation du lycée de Roanne-Chervé est la plus grosse opération du genre pour le Conseil régional. « On va en faire le vaisseau amiral de l'enseignement agricole de toute la région », conclut l'homme fort de la Région.

 

David Bessenay

En bref

Phase 1 : construction des bâtiments centrale et ouest, jusqu'à mai 2022
Phase 2 : démolition des bâtiments, restructuration du château, construction du bâtiment de la filière paysage et pour la vente directe, jusqu'en 2024.
Phase 3 : réhabilitation de l'amphithéâtre.
L'établissement accueille sur les deux sites 700 apprenants (formation initiale, continue et apprentissage), de la 4ème au BTS en passant par le CAPa et les Bac pro, technologique (STAV) et général (S), dans les filières agriculture, service à la personne et paysage à Roanne-Chervé et Métiers de la nature et de la forêt à Noirétable. Nouveauté à la rentrée, le lycée va préparer ses élèves de terminale à une « prépa intégrée » en école vétérinaire.