Tradition
Le 14-Juillet, une fête aux évolutions perpétuelles

Le 14 juillet, jour de fête nationale, est un évènement incontournable attendu chaque année par le plus grand nombre et célébré partout en France. L’occasion de revenir sur quelques informations insolites à travers l’histoire et son évolution.

Le 14-Juillet, une fête aux évolutions perpétuelles
Le feu d’artifice est le point d’orgue tant attendu de la fête nationale du 14-Juillet.  pexels_Damir Mijailovic

Ce vendredi 14 juillet, l’Hexagone célèbre sa fête nationale. Entre feux d’artifice, bals populaires, musiques et chants festifs en tous genres, cette commémoration promet une nouvelle fois d’illuminer le ciel et les cœurs, a minima le temps d’une soirée (le 13 ou 14 juillet, en fonction des villes et villages, NDLR). Mais c’est aussi le moment idéal pour se pencher sur de multiples anecdotes autour de cette fête nationale qui ont traversé les siècles.

1790 et non 1789 ! 

La fête du 14-Juillet ne commémore pas la prise de la Bastille en 1789, mais plutôt la fête de la Fédération, un an plus tard. La raison peut sembler évidente : éviter de célébrer un acte de guerre pour finalement privilégier une circonstance heureuse. 

Premier anniversaire de la prise de la bastille, la fête de la Fédération s’est déroulée au Champ-de-Mars, à Paris, le 14 juillet 1790. Il s’agit d’une fête militaire, instaurée par le général Lafayette, destinée à l’ensemble de la nation. Le Jour J, pas moins de 300 000 personnes assistent à cet évènement inédit. Il marque alors la naissance du patriotisme français tel qu’utilisé aujourd’hui.

1880, jour de fête nationale

Il faudra attendre l’année 1880 pour que le 14 juillet devienne officiellement jour de fête nationale. Car tout au long du XIXe siècle, les dates du calendrier se succèdent les unes aux autres pour prétendre à être marquées au fer rouge. Mais les symboliques républicaines ou monarchistes ont perturbé le choix définitif de la date. Se sont donc enchainés le 4 mai, le 15 août et le 30 juin.

Entre 1800 et 1848, commémorer le 14-Juillet est interdit. Dans les années 1870, l’interrogation est de mise : quel type de régime dirigera la France ? Une monarchie, une République censitaire ou une République démocratique ? Dans cette période très incertaine, un quelconque semblant de fête nationale républicaine serait même hors la loi.

Le choix définitif de la date a finalement pu être entériné le 14 juillet 1880, sous l’impulsion du député Benjamin Raspail. « La République adopte comme jour de fête nationale annuelle le 14 juillet », est-il alors rédigé dans la proposition de loi signée par 64 députés, promulguée le 6 juillet.

Selon le site du gouvernement, « le programme officiel inaugure l’essentiel du rituel républicain qui se précisera peu à peu au cours des années 1880. La fête débute par une retraite aux flambeaux le 13 au soir, puis s’enchaînent les manifestations civiles et militaires, les banquets républicains, les feux d’artifice, les fêtes locales, qui se termineront souvent à l’aube. »

Quid du feu d’artifice ?

Le feu d’artifice est l’un des seuls symboles de la monarchie que le peuple a souhaité garder. Importés de Chine par Louis XIII, ils sont rapidement devenus une attraction-clé lors de nombreuses occasions. Mais pour le peuple, le feu d’artifice représentait aussi des dépenses sans compter de l’aristocratie. 

Après la Révolution française, il est alors abandonné pour finalement n’être repris que lors de l’instauration officielle de la fête nationale, sous la IIIe République (1870-1940). Le peuple accède alors à ce divertissement désormais ouvert à tous. Progressivement, il devient de plus en plus attractif, moderne et répandu dans tout le pays. Chaque année partout en France, des milliers de feux d’artifice sont désormais tirés lors de ces festivités. 

Les pompiers ouvrent le bal

C’est un certain 14 juillet 1937 que le premier bal des pompiers a fait son apparition, à la caserne Montmartre, à Paris. La légende raconterait qu’en revenant du défilé militaire, les sapeurs-pompiers de Montmartre auraient été suivis par une foule enthousiaste à l’idée de faire la fête. Dans une telle euphorie, un sapeur-pompier aurait su convaincre son supérieur d’ouvrir les portes de la caserne pour la faire découvrir au grand public.

Forte de son succès, cette initiative a alors été renouvelée et même démultipliée dans de nombreuses villes de France. Si au départ, démonstrations de gymnastique et exercices de départ de feu étaient livrés par pompiers et civils, la fête s’est progressivement développée, ajoutant musique, buvettes et feux de Bengale (fusées éclairantes, NDLR).

Un 14-Juillet… en août

Dans l’Ain, le village de Viriat est un véritable spécimen du 14-Juillet. En effet, la célébration de la prise de la Bastille est fêtée chaque année en août. Le 11 juillet 1880, le conseil municipal de ce village qui compte aujourd’hui près de 7 000 habitants, a pris un arrêté entérinant le report de la célébration au premier dimanche d’août.

Mais ce qui étonne encore aujourd’hui, c’est la raison : car presque 150 ans plus tard, plusieurs hypothèses l’expliquent, sans pour autant être avérées. D’un côté, on parle du temps qu’aurait mis l’annonce de la prise de la Bastille à parvenir aux Viriatis (revenus dans la commune que dès la fin juillet). De l’autre, la mairie privilégie le scénario suivant : à l’époque, les agriculteurs en pleine moisson n’auraient pas eu le temps pour faire la fête et auraient préféré attendre la fin de cette période de dur labeur pour en profiter.

Place aux drones !                            

Depuis quelques années maintenant, certaines villes ont fait le choix de privilégier des spectacles de drones lumineux aux traditionnels feux d’artifice pour célébrer la fête nationale. Les raisons sont multiples : modernisation, éviter les incendies en période de sécheresse, peur de relancer les émeutes et débordements liées à la mort du jeune Nahel. Cette alternative de plus en plus répandue propose au public un spectacle haut en couleur et inédit dans lequel plusieurs dizaines de drones lumineux seront synchronisés au fil de mélodies. Si cela enlève toutefois la part de tradition qui accompagne le 14-Juillet, cette ouverture à la modernité appelle aussi à se diversifier et limiter les risques.

Axel Poulain