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Aucun arboriculteur n’a été épargné par le gel

Tous les arboriculteurs du Jarez et du Pilat ont subi les ravages du gel la semaine dernière. Les dégâts sont encore difficiles à estimer ; ils pourraient approcher les 70%. Première analyse avec Mickaël Mazenod, producteur à Saint-Paul-en-Jarez, qui représente les arboriculteurs à la Chambre d’agriculture.

Aucun arboriculteur n’a été épargné par le gel
L’aspersion reste le système de protection contre le gel le plus utilisé par les arboriculteurs ligériens. Les bourgeons sont pris dans une poche de glace sans que l’eau qu’ils contiennent ne gèle.

A quel stade du développement des vergers le gel de la semaine dernière est-il survenu ?

Mickaël Mazenod : « Même si ce n’est pas exceptionnel d’avoir du gel à cette époque, il est arrivé sur une végétation en avance. En consultant nos relevés sur nos vergers faits chaque année, nous constatons que le démarrage de la végétation et la floraison ont tendance à commencer 10 à 15 jours plus tôt qu’il y a 20 ans. C’est le signe du changement climatique ; En plus, cette année, nous sommes dans une année exceptionnelle en précocité. Il y a aussi l’ampleur géographique du phénomène qui le rend exceptionnel. »

Quelles températures ont été relevées dans les vergers du sud du département ?

MM : « La semaine dernière, nous avons eu trois nuits de gel. Les deux premières fois, c’était plutôt en altitude. La troisième, dans les bas-fonds. La température est descendue à -4°C, même à -6°C sous abris à certains endroits. Les températures les plus basses ont été relevées dans la nuit de mercredi à jeudi. Le pire, c’est que le gel est à nouveau annoncé pour cette semaine. »

Quelles sont les pertes estimées ?

MM : « Je pense que la récolte sera nulle en abricots. Pour les pêches, les pertes sont proches de 100%. En cerises, la situation est très variable. Des parcelles sont moins touchées que d’autres ; les pertes vont de 40 à 100%. Mais ce n’est pas parce que la fleur n’a pas gelé qu’il y aura des cerises. Il n’y aura peut-être pas de nouaison et le fruit tombera. C’est vrai pour les fruits à noyau et les poires. Pour les pommes, il reste des fleurs dans beaucoup de parcelles. Certaines n’étaient pas ouvertes, donc elles ont été un peu plus protégées. Les pertes pourraient aller de 30 à 100%. Tous les arboriculteurs du Jarez et du Pilat sont impactés par le gel. Je pense qu’on peut estimer les pertes entre 50 et 70%, pour l’instant, car on n’est jamais sûr que les fruits arrivent à maturité. Par contre, aujourd’hui, on peut facilement déterminer les parcelles détruites à 100%. Pour les autres, il faut attendre le 10 mai pour voir comment les fruits se comportent. Une chose est sûre, la récolte ne sera pas bonne et l’année sera compliquée pour les arboriculteurs. »

A partir de quel pourcentage de perte il n’est plus intéressant économiquement de récolter les fruits ?

MM : « Tout dépend des espèces… Pour certaines, même à 30% de pertes, la récolte est loin d’être perdue. Le prix de vente du fruit est important. Si le prix du produit est intéressant, il peut compenser la perte liée au gel, au moins jusqu’à 30% de perte, voir 50%. Au-dessus, le prix ne compense plus la perte. »

Quels sont les moyens de protection utilisés contre le gel par les arboriculteurs ?

MM : « Il existe l’aspersion, la ventilation avec les tours anti-gel, le chauffage. Quelques arboriculteurs utilisent le chauffage ou les tours, mais c’est l’aspersion qui est la plus utilisée. Mais cette fois-ci, ce système n’a pas toujours fonctionné car le gel était trop fort. Par exemple, chez moi, l’aspersion a été efficace sur les cerisiers, mais moyennement sur les pommiers et les poiriers. »

 

Propos recueillis par Lucie Grolleau Frécon