Afdi Loire
Aider les familles sénégalaises en cette période de disette

Fin mai, Afdi Loire a décidé d’utiliser ses fonds propres pour aider des familles sénégalaises du secteur géographique où elle œuvre depuis de nombreuses années car, en raison de la pandémie de Covid-19, l’insécurité alimentaire s’y est installée.
Aider les familles sénégalaises en cette période de disette

Lors de leur mission de février au Sénégal, dans la région de Kaolack, les membres d'Afdi Loire (Agriculteurs français et développement international) pressentaient une année difficile pour les familles en raison des mauvaises récoltes, engendrant une réelle insécurité alimentaire. Et la pandémie de Covid-19 est venue accentuer la situation avec l'arrêt des déplacements et la baisse des entrées d'argent liée aux activités rurales. Rapidement, les relais d'Afdi Loire au Sénégal les ont alertés sur le situation.
Il faut savoir qu'Afdi Loire accompagne les familles de paysans de la région de Kalolack depuis plusieurs dizaines d'années (micro-crédits pour du matériel, des semences, des animaux ; jardins maraîchers partagés ; unités de transformation et de conservation des fruits et légumes...). Les familles sont organisées en unions de paysans, désormais regroupées au sein d'une « plateforme » dénommée Popkadifa. Elle a notamment pour rôle de veiller au bon déroulement du programme d'accompagnement d'Afdi et de coordonner les actions agricoles de ce secteur géographique. Avec la pandémie de Covid-19, les responsables des unions de paysans et de Popkadifa, qui sont des bénévoles, ne peuvent plus assurer leur rôle en raison de la limitation des déplacements et sont dans une situation difficile puisque les produits ne peuvent plus être vendus.
C'est par le président de Popkadifa, Mamadou Sarr, qu'est arrivée à Afdi Loire la demande d'un appui sur des besoins alimentaires et des besoins de communication. Pour lui, il est indispensable que le président de la plateforme et l'animateur puissent échanger entre eux, mais aussi avec les présidents d'unions de paysans pour assurer le suivi à distance des projets lancés dernièrement par Afdi Loire. Il estime également qu'une aide financière de l'association ligérienne serait la bienvenue pour soutenir Popkadifa afin de répondre aux besoins alimentaires des familles.

 

Pas d'aide alimentaire directe

Ainsi, le 22 mai, plusieurs membres d'Afdi Loire ont pris part à une réunion téléphonique pour décider de l'accompagnement à mettre en place. Les discussions ont mis en évidence que le rôle d'Afdi est de soutenir son partenaire qu'est Popkadifa pour permettre aux familles vulnérables de bien lancer la future campagne agricole, mais pas d'apporter une aide alimentaire directe.
« Comme les familles ne pouvaient plus vendre les produits des jardins partagés et qu'elles n'avaient pas de capacité de stockage, les fruits et légumes ont dû être jetés et il n'y a pas eu d'entrée d'argent, relaie Stéphane Joandel, agriculteur à Sauvain et membre actif d'Afdi Loire. Nous aussi, au sein d'Afdi Loire, dans un premier temps, nous avons pensé à l'aide alimentaire. Mais nous avons vite réalisé que ce n'était pas une bonne idée car elle risquait de déstabiliser les marchés locaux sénégalais. » Les responsables d'Afdi ont donc décidé de soutenir financièrement les paysans en difficulté pour l'achat de semences pour la campagne à venir (arachide, céréales, mil), dont les semis commencent habituellement mi-juin. Une demande de remboursement (argent ou produits) pourrait être demandée, sur le même principe que le programme de micro-crédits. Popkadifa doit se faire le relais de cette aide. « 40 à 50 familles devraient ainsi pouvoir être aidées sur le secteur de Toucar et autant sur le secteur de Ndioum Nguenth. Nous faisons en fonction de nos fonds disponibles. Si des Ligériens sont prêts à faire des dons à Afdi Loire, plus de familles pourront être aidées. L'objectif est que les paysans implantent leurs cultures en juin et que la récolte serve à nourrir leur famille », soit directement, soit en vendant une partie de la récolte. « L'argent économisé sur l'achat des semences devrait permettre aux familles d'acheter de quoi manger dans les prochaines semaines», précise Stéphane Joandel.

 

Aide à la communication

Les membres d'Afdi Loire ont également décidé « d'apporter une aide financière pour que les responsables de la plateforme puissent communiquer entre eux » afin de suivre les projets d'Afdi Loire. Concrètement, puisqu'ils ne peuvent plus se déplacer, « l'argent va leur permettre d'acheter des cartes pour leur téléphone », explique Stéphane Joandel.
Afdi Loire demande que leur partenaire historique, Caritas Kaolack, veille au bon déroulement de ces opérations. « C'est en fait le programme d'Afdi qui est élargi. Cette situation est l'occasion de faire comprendre aux familles et à la plateforme comment elles doivent gérer les situations difficiles, et plus généralement leur exploitation et leur foyer. » Stéphane Joandel rapporte que «cette aide a été bien accueillie par Mamadou Sarr. Il est conscient de la difficulté que nous avons pour envoyer plus d'argent. »

 

Et les jardins partagés ?

Les responsables d'Afdi Loire demeurent vigilants sur les jardins maraîchers partagés. Certains doivent être lancés dans l'été. Des besoins de financements pour les plants seront sûrement nécessaires. Les jardins partagés constituent le coeur du programme de développement d'Afdi Loire. En permettant aux familles de mutualiser les moyens pour produire des fruits et légumes, et de vendre une partie de la production, l'association cherche à limiter l'exode des jeunes vers les villes et l'Europe en leur assurant la sécurité alimentaire et des revenus dans les villages.

 

Lucie Grolleau Frécon

 

Faites un don

Les personnes souhaitant faire un don à Afdi Loire pour soutenir des familles sénégalaises peuvent l’adresser à Afdi Aura (Loire Sénégal), Agrapole, 23 rue Jean Baldassini, 69364 Lyon Cedex 07. II sera réceptionné par l’animatrice régionale, qui a en charge le suivi d’Afdi Loire.
Ces dons (déductibles des impôts) permettront d’aider plus de familles que ce peut actuellement Afdi avec ses fonds propres actuels. Il a été estimé qu’une cinquantaine d’euros doit permettre d’aider une famille pour l’achat de semences.