Industrie d'hier et d'aujourd'hui
Le bang de l’histoire armurière stéphanoise
Que ce soit avec Manufrance ou la Manufacture nationale d’armes de Saint-Etienne, la Loire a produit une multitude d’armes pendant 200 ans. Une industrie qui l’a notamment érigée au statut de fournisseur officiel d’armes pour le pays. Même après la disparition de l’industrie, des vestiges perdurent dans la ville, notamment grâce à la Cité du design ou aux musées.
Comme les cycles, la verrerie ou encore les mines, la fabrication d’armes constitue l’un des éléments du développement industriel de la Loire. L’histoire de cette production est notamment liée aux vélos stéphanois, avec leur commercialisation par Manufrance. A Saint-Etienne, la fabrication d’armes remonte au Moyen-âge où des ateliers d’armuriers étaient chargés de fournir les troupes armées. Le savoir-faire unique des artisans leur a permis, en 1764, de s’organiser en société d’entrepreneurs… et de prendre alors le nom de Manufacture royale – dont le centre est situé place Chavanelle.
L’entreprise se voit accorder le monopole (avec l’usine de Charleville dans les Ardennes) de la fabrication des armes par Louis XV. Elle fournit les troupes françaises, mais aussi des armées étrangères. Selon Thomas Zanetti, docteur en géographie, aménagement et urbanisme, dans la revue Norois : « Au siècle suivant, l’armurerie stéphanoise s’organise principalement à partir de la Manufacture, elle devient la propriété de l’Etat à partir de 1838. » Elle produit la majorité des armes de guerre, mais se décline également dans la fabrication d’armes civiles. Aux alentours de la Révolution, Saint-Etienne voit sortir 12 000 armes par an de ses usines et reçoit le nom de Armeville, un surnom qui ne durera pas.
Essor puis frein de la production
Quelques années plus tard, le conseil municipal de la ville décide d’édifier un nouveau bâtiment pour la Manufacture. En 1864, l’usine prend forme entre la rue Bergson et le boulevard Thiers et s’étend sur plus de 20 000 m2. Enfin terminée, elle comprend des bâtiments administratifs, de production mais également des habitations. Entre 1866 et 1874, la Manufacture nationale de Saint-Etienne fabrique notamment trois armes : le fusil modèle 1866 ou plus communément appelé le Chassepot, les revolvers MAS 1873-1874 jusqu’en 1877 et le fusil Gras jusqu’en 1883. Dans les années 1890, ce sont 10 000 ouvriers qui œuvrent sur le site et plus de 9 000 machines qui tournent pour produire des fusils, des revolvers, des carabines, des mousquetons ou encore des sabres-baïonnettes. Au XIXe siècle, la production suit le cours de l’histoire en fournissant des armes lors des périodes de guerre. Par ailleurs, la fabrication se divise en trois catégories : le matériel à destination des équipements blindés, les armes antichars et les équipements de protection. Plusieurs grèves éclatent aussi. « Il règne alors à Saint-Étienne une agitation sociale qui conduit le mouvement ouvrier à s’intensifier et on assiste à une multiplication des épisodes conflictuels », raconte Thomas Zanetti, dans In Situ : revue des patrimoines.
Arthur Bonglet
La totalité de l'article dédié à l'histoire des armes dans la Loire est à lire dans l'édition papier du vendredi 12 août.