TRANSPORTS URBAINS
Saint-Etienne, le rail dans les veines

Les voies de circulation du tramway à Saint-Etienne, ce sont un peu les veines qui irriguent le cœur battant de la cité. C'est aussi la fierté de posséder la plus ancienne ligne en France, en service depuis 1881, d'un moyen de transport redevenu mode d'avenir. Retour sur une histoire riche à l'occasion de l'extension de la ligne T3, entre Chateaucreux et Bergson, via Geoffroy-Guichard.
Saint-Etienne, le rail dans les veines

A Saint-Etienne, le tramway fait partie du décor, des cartes postales jaunies comme des impressions actuelles en papier glacé. Il est la grandeur de la cité industrielle d'hier et l'énergie renouvelée de la ville contemporaine. Il est le passé, le présent et le futur de cette métropole qu'il contribue à dynamiser au fil des quartiers qu'il traverse. Le tramway grignote du terrain alors qu'il a bien failli pourtant disparaître. Petit rappel historique.

A cheval, à vapeur, électrique

Le tramway est arrivé en 1832 dans la Loire, alors tiré par des chevaux. Les voitures transportaient quelques voyageurs, mais surtout des marchandises. La ligne rejoignait Montrond-les-Bains à la préfecture d'alors, Montbrison, et comblait un manque. Le train arrivé en 1827 reliait Saint-Etienne et Roanne, mais ignorait la capitale historique du Forez. Alors les marchandises descendaient en tram de Montbrison, grimpaient dans le train à Montrond puis dans le bateau à Roanne, direction Paris. En 1879, ce sont encore les chevaux qui tirent les wagons sur les nouvelles lignes Terrenoire/Rive-de-Gier et La-croix-de-l'Horme/Firminy, puis l'année suivante à Saint-Etienne oú s'ouvrent cinq voies.


L'histoire officielle du tram sur rail à Saint-Etienne débute réellement en 1881 avec la création de la CFVE (La Compagnie des chemins de fer à voie étroite) et la première ligne entre Bellevue et La Terrasse. Adieux les chevaux, vive la vapeur malgré la levée de boucliers des passementiers inquiets que la fumée vienne ternir les tissus qui séchaient dans des greniers ouverts entre Badouillère et Carnot. En 1897, le premier tram électrique se met en place mais avec une autre entreprise : la compagnie des tramways électriques (TE). En difficulté financière, elle doit abandonner la gestion de son réseau à sa concurrente, la CFVE, en 1930. Le tramway a vécu ses heures de gloire durant ce début de siècle. Il a compté 110 km de voie et a transporté jusqu'à 80 millions de voyageurs à l'année. La compagnie embauchait alors des menuisiers pour fabriquer ses propres trams, en bois de chêne.

Le temps des difficultés

L'année 1934 marque un premier tournant dans l'histoire des transports collectifs. L'autobus et le trolley bus s'imposent un peu partout en France : pas besoin de rails, une révolution. Ça coute bien moins cher et c'est plus flexible aussi. Bon évidemment, les premiers bus polluent énormément mais ça, ce n'est pas la préoccupation du moment. Mais à Saint Etienne le tram résiste encore. Après la guerre, le débat reprend de plus belle. C'est au début des années 1950 que se joue son avenir. Certains élus ne sont pas convaincus de son utilité. Après quelques hésitations, la municipalité décide finalement de réinvestir dans une trentaine de motrices. Le réseau se résume à une seule ligne, Bellevue-La Terrasse sur 11 km, mais il est sauvé !

Le renouveau

De nouveaux aménagements lourds sont opérés dans les années 1970 et en 1983, époque à laquelle la CFVE devient la Stas, la ligne est prolongée jusqu'au quartier de Solaure. Cette extension sonne comme le signal du grand renouveau de ce mode de transport historique à Saint-Etienne mais aussi dans tout l'Hexagone. La Ville de Nantes est la première à le réimplanter en 1984. Aujourd'hui, une trentaine de villes possèdent leur réseau. A Saint-Etienne, il poursuit son extension. En 1991, il arrive à l'Hôpital Nord. En 2006, la seconde ligne est lancée puis la troisième, quatre ans plus tard. Le tramway stéphanois conserve sa singularité, c'est le seul à reposer sur une voie métrique dans l'Hexagone quand tous les autres sont passés à 1,44 m, comme le train.

David Bessenay

 

Visiter le musée des transports urbains

Le musée de la Stas a été créé en 1993, suite au départ du siège de la Stas de Bellevue. « On nous a attribué 1 000 m2, on en aurait voulu 4 000 m2 car on aurait encore sept ou huit véhicules à caser en plus », sourit Raymond Villemagne, retraité de la société de transport stéphanoise, 40 ans de service au compteur. Il fait partie de ces passionnés dont l'histoire des transports urbains stéphanois est tatouée dans la mémoire.Ce musée se veut d'abord un hommage aux hommes, aux salariés du réseau qui ont façonné son histoire. Des anonymes essentiellement, mais pas tous. Sur la pointeuse apparait le nom d'un certain Charles Fiterman, un électricien. Il deviendra ministre communiste... des transports sous Mitterrand.Le musée expose plusieurs modèles de tramway dont le plus ancien, en bois, était utilisé dans les années 1930. A découvrir aussi, une impressionnante collection photographique, des maquettes et des reconstitutions. La visite dure une bonne heure dont 20 minutes de film.
Ouverture le mercredi de 14 à 17 heures. Tarif : 4 euros. Saint-Priest-en-Jarez, avenue Pierre Mendès-France. Pour en savoir plus: 06.75.07.10.16, 06.18.11.13.58 et www.reseau-stas.fr.



Célébrez l'inauguration de la ligne T3

C'est à 13 heures, samedi 16 novembre, que les trois coups de l'extension de la ligne T3 retentiront. Elle rejoindra la gare de Chateaucreux à la rue Bergson et fera ainsi économiser 26 % de temps aux usagers en évitant le détour par le centre-ville. Six nouvelles stations ont été créées qui permettront de desservir 10 600 habitants mais aussi de nombreuses infrastructures culturelles et sportives (voir plan ci-dessus). Conséquence de cette extension, la ligne T2 est raccourcie. Son terminus sera désormais la Cité du design.
Pour ce week-end de lancement, la Stas met les petits plats dans les grands : le réseau sera exceptionnellement gratuit les 16 et 17 novembre. La métropole a prévu des animations, à partir de 13 heures, tout au long du nouveau parcours. Faîtes-vous photographier à Chateaucreux parmi les tout premiers usagers de la nouvelle ligne, découvrez une exposition sur la résistance à la station Colonel-Marey, le travail photographique du collectif Artrisk à la station Soleil ou une exposition sur l'innovation à la station Technopole. Visitez les coulisses du Fil et de la comédie à la station Zénith ou l'incontournable musée des Verts. La ville d'art et d'histoire en profite pour proposer des visites guidées gratuites des quartiers concernés. Et à l'intérieur de chaque tramway, vous profiterez d'un happening permanent (musique, magie, théâtre, lecture).
D.B.