Matériel en commun
Les Cuma face au coronavirus

Nombreux sont les responsables des Cuma de la Loire à prendre au sérieux les risques de transmission du Covid-19 pendant les travaux de printemps. Comment gèrent-ils la situation ?
Les Cuma face au coronavirus

Dès le début du confinement, Alexis Berger, président de la Cuma de Champdieu, a adressé, avec son secrétaire, un SMS aux 50 adhérents (utilisateurs réguliers et ponctuels) « avec une série de consignes. C'est mieux que les e-mails qui ne sont pas forcément lus en temps réel. Les adhérents ont bien pris ces recommandations, estime Alexis Berger. Au contraire, ils sont contents. Ils ont compris la dangerosité de ce virus. » Ces deux responsables de la Cuma de Champdieu ont décidé seuls de ces consignes. « On n'a pas attendu des instructions des fédérations ; je ne sais pas exactement ce qu'on fait les autres Cuma. »

 

Concrètement, « on demande par exemple d'éviter les rapprochements au moment d'atteler du matériel. Le matériel est stocké chez l'adhérent, les agriculteurs qui souhaitent le récupérer doivent aller le chercher, seuls. On a enlevé les carnets de liaison de chaque matériel. Désormais, l'utilisateur doit envoyer un SMS aux responsables de groupe pour mentionner les heures passées, les kilomètres, etc. Pour les télescopiques et les mélangeuses, on demande à chaque retour une désinfection de la cabine. »

 

Du côté de la Cuma des monts du Lyonnais (180 adhérents, interventions sur six communes principalement), l'heure est aussi à la vigilance. « Nous avons six véhicules : quatre automotrices et deux semoirs à maïs. Nous les avons tous équipés de gel hydro-alcoolique. Nous avons pu nous en procurer sans trop de souci. Nous avons cinq chauffeurs (et parfois certains adhérents mènent les automotrices), ils savent ce qu'ils ont à faire pour bien désinfecter", indique Guy Barlon, agriculteur à Grammond et président de la Cuma des monts du Lyonnais.

Des habitudes de travail changées

Le responsable poursuit : « Nous avons envoyé un courriel à l'ensemble des membres du conseil d'administration pour expliquer les recommandations pour les chantiers d'ensilage à venir : on ne paye pas à boire au chauffeur, il amène sa boisson ; on n'organise pas de repas d'ensilage, chacun mange chez soi ou amène un sandwich. » De poursuivre : « Nous espérons que la situation actuelle ne va pas ralentir l'activité. Cela change en revanche nos habitudes de travail : normalement, avant la saison, on fait des réunions dans chaque commune, puis une réunion générale. Cette année, évidemment, non ! Je vais gérer tout ça au téléphone, en lien avec les responsables communaux, ça va alourdir la gestion du planning mais on n'a pas le choix. Le téléphone ne va pas tarder de chauffer, je vais devoir prendre les oreillettes sinon je ne pourrais rien faire (rires). »

 

Les recommandations sont similaires au sein de la Cuma de Champdieu pour les chantiers d'ensilage : « On demandera au chauffeur de ne pas descendre. Il n'y aura pas de repas convivial, il mangera un sandwich dans le tracteur. Et si on doit changer de chauffeur, il faudra désinfecter et attendre 15 minutes. » Mais, pour Alexis Berger, « le souci, ce sera pour bâcher les silos. Seul, c'est très compliqué. Si un agriculteur est isolé sur sa ferme, il faudra envoyer quelques collègues, un minimum, pour l'aider. » Pour Guy Barlon, « la gestion des semis de maïs est plus simple, ça devrait aller. » Et puis, « il faut aussi gérer le planning des chauffeurs. Ils sont trois sur les automotrices, un pour les semis et un dernier qui fait les deux. Il faut parfois jongler. » Les règles sanitaires risquent de complexifier les choses.

David Bessenay

 

 

Entreprises de travaux agricoles : Vigilance, surtout à l'atelier

L'entreprise de travaux agricoles SARL Champagri à Souternon est composée de deux associés et emploie une personne en CDI. « Nous avons repris cette activité en 2014, indique Anthony Vallas, co-gérant. Depuis, nous avons investi pour moderniser le matériel. Notre activité, c'est principalement l'ensilage (fauchage, ensilage, rendu silo), mais également la récolte de céréales à paille, l'ensilage du maïs, les semis et implantations de prairies, céréales, etc. » Dans un contexte d'épidémie de Covid-19, la vigilance est de mise : « On travaille chacun avec nos machines, donc nous n'avons pas trop de contacts. Le souci, c'est plutôt les travaux d'entretien, l'atelier, où nous sommes plusieurs, mais on essaye de faire attention. On prend plus de précautions, plus de lavage de mains, etc. Mais malheureusement, certains éléments de protection sont introuvables. »
A la question : Est-ce que la crise sanitaire aura un impact sur notre volume de travail ? Anthony Vallas répond : « On ne sait pas trop, on le saura dans quelques semaines, quand débuteront les chantiers. Tant que les consommateurs mangeront français, les agriculteurs pourront travailler et nous aussi. Nous ne sommes que prestataires... » Selon l'entrepreneur, « les chantiers vont commencer entre le 15 et 20 avril, les agriculteurs vont nous appeler quatre ou cinq jours avant. Le planning va dépendre de la météo. Nous allons attaquer les ensilages par la plaine et finir en montagne au mois de juin. On espère bien que d'ici là, la situation sera plus détendue... Pour les semis, il n'y aura pas d'impact. Même si certains agriculteurs changent de stratégie à cause de la crise, qu'ils choisissent d'implanter de la luzerne ou du ray-grass, il y aura toujours du travail. » « Ici, nous faisons nous-mêmes l'entretien de notre matériel, mais aussi les réparations, petites ou grosses. Notre contrainte à nous, ce sera peut-être la livraison des pièces, craint Anthony Vallas. On fait en sorte d'avoir du stock pour l'instant, mais c'est possible qu'il y ait à terme quelques colis qui tardent à arriver. »
D.B.