CRISE SANITAIRE
Un déconfinement vigilant

Le Préfet de la Loire avait convié la presse pour un bilan, 48 heures après le début du confinement. A cette occasion, le représentant de l'Etat et les autorités scolaires et éducatives ont renouvelé leurs messages de prudence.
Un déconfinement vigilant

« Le 11 mai, ce n'est pas la liberté retrouvée. C'est une étape vers un retour à la vie normale. La Loire est classée verte mais le virus est toujours là ». L'introduction du Préfet, Evence Richard, donnait le ton de ce premier bilan : vigilance et prudence.

Pour autant, il se montrait satisfait de ces premières journées de déconfinement qui se sont, selon lui, plutôt bien passées que cela soit « dans l'espace public, les commerces, les transports en commun et les entreprises ».
Et de constater que « tout le monde ne s'est pas rué dehors » et que le port du masque est « très répandu, voire systématique dans les transports ».
La préfecture continue à acheminer des masques régulièrement pour assurer les réassorts et parfois quelques urgences. Elle reconnait avoir à gérer « une multitude des questions de vie quotidienne » qui surgissent avec le déconfinement, « comme la pêche dont la législation diffère s'il s'agit d'un cours d'eau ou d'un plan d'eau » ou les distances autorisées et le caractère impérieux de certains déplacements au-delà des 100 km autorisés.
Sur le volet sanitaire, le préfet invite à une extrême prudence « hier (NDLR : mardi 12 mai), le nombre de malades hospitalisés a augmenté, commente-t-il. Le classement en vert peut être remis en cause ! »


15 000 élèves attendus ce lundi


Après la rentrée des enseignants lundi, celle des enfants s'est tenue mardi 12 mai, enfin, seulement pour les classes prioritaires : grande section de maternelles, CP et CM2 (ainsi que les CE1 dédoublés.) A ces niveaux s'ajoutent les enfants d'enseignants et de personnel éducatif au sens large, les professionnels de santé ou les fratries, pour faciliter la vie des parents.
Jean-Pierre Batailler, directeur des services départementaux de l'Education nationale, estimait qu'elle s'était bien déroulée, « seules deux écoles n'ont pas ouvert pour des raisons techniques. Tous les maires ont fait preuve d'une extrême rigueur. Aucune marge de manœuvre n'est tolérée, toutes les conditions sanitaires sont scrupuleusement respectées. »
Plus de 6 000 enfants ont fait leur rentrée, ils devraient être 15 000 lundi prochain, 18 mai. Un élève sur deux est attendu soit un élève sur 4 (si l'on prend l'ensemble des effectifs scolaires, y compris les niveaux non conviés à la reprise). Et de préciser que « la décision des parents de mettre ou de ne pas mettre leur enfant à l'école est définitive. On refera le point en juin. »
Le directeur a tracé la feuille de route pour les semaines à venir : « le premier travail des enseignants sera que les élèves s'approprient les règles sanitaires. Le second de faire un point après 8 semaines de travail à distance. Or, on sait que, dans ces conditions, l'écart se creuse entre les élèves. Le troisième travail ensuite, en mai et juin, sera de faire en sorte que les élèves n'accumulent pas de retard en français et maths. Suivant la situation en septembre prochain, nous saurons adapter nos programmes. »


Décrue des contaminations


Serge Morais, directeur adjoint de l'Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes a lancé un appel à la vigilance et à la responsabilité. « Il y a encore 337 hospitalisés dont 48 en réanimation » (NLDR : au 12 mai). La Loire a doublé ses capacités de lits de réanimation (de 90 à 180) pour pouvoir répondre à une situation d'urgence. Les 7 centres Covid du département, en veille désormais, sont prêts à être réactivés si nécessaire. La situation a fait littéralement explosé le nombre de téléconsultations : d'une centaine par jour à l'échelle régionale à 7 400.
Evidemment, le confinement a produit son effet et entraîné une décrue des contaminations.
Début mai, il y avait 140 nouveaux cas de Covid-19 chaque jour à l'échelle de la région AURA contre 500 un mois plus tôt. Au CHU de Saint-Etienne, 2 % des tests se révèlent positifs. Il y a quelques semaines, ce chiffre s'élevait à 24 %.
Le responsable de l'ARS invitait par ailleurs, les malades touchés par d'autres pathologies « à ne pas attendre avant de se faire soigner ».

 

Dépistage et traçage

 

Pour cette nouvelle période qui s'ouvre et qui pourrait voir une nouvelle croissance des contaminations, la détection précoce des malades et leur isolement seront au cœur de la stratégie de lutte. Des procédures de dépistage ont déjà lancées : dans 8 résidences autonomies, 51 Ehpad, 7 centres pour handicapés et 1 centre de détention.
« En Auvergne-Rhône-Alpes, nous serons capables de faire 15 000 tests par jour », assure Serge Morais. La Loire compte 28 sites de prélèvement et deux sites d'analyse (le CHU de Saint-Etienne et le GLGM 42 à Roanne). Par ailleurs, le CHU de Clermont et les hospices civils de Lyon se sont dotés d'un automate pour effectuer les prélèvements ce qui devrait doper les chiffres.
Ce dépistage sera réservé aux personnes présentant des symptômes et qui auront une ordonnance de leur médecin traitant. Dès qu'un cas sera avéré, le patient sera invité à rester en quarantaine et tout son entourage proche ainsi que ses contacts récents seront recherchés et analysés, ceci afin de circonscrire le plus rapidement de nouveaux foyers potentiels.
Par ailleurs des emplacements (bungalows, cité U ou hôtel) seront réservés par l'Etat pour isoler des personnes touchées si nécessaire (le conjoint d'un médecin par exemple).

David Bessenay