Terres de Jim
Pierre Goutagny, 3e meilleur laboureur de France

Le Ligérien Pierre Goutagny s’est hissé sur le podium de l’épreuve nationale de labour dans la catégorie en planche lors de l’événement Terres de Jim, organisé le week-end dernier par le syndicat national Jeunes agriculteurs. Retour sur son parcours et sa performance.

Pierre Goutagny, 3e meilleur laboureur de France
Pierre Goutagny (à droite) se classe troisième de l’épreuve national de labour en planche, juste devant le tant redouté concurrent de l’Ain.

Lorsque Pierre Goutagny s’est présenté à la finale régionale de labour dans la catégorie labour en planche, dimanche 29 août à Civens, son objectif était d’être sélectionné pour la finale nationale. Mission accomplie. « Ca n’a pas été simple car il a fallu gérer l’organisation de l’événement régional en même temps que la préparation au concours de labour », raconte le jeune agriculteur de Saint-Héand, en charge des concours de labour au sein de Jeunes agriculteurs Loire. « Puisque j’avais concouru pour le départemental la veille, j’avais l’avantage de connaître le terrain. Je savais aussi que je pouvais faire mieux. » Jean-Baptiste Moine, spécialiste du labour dans la Loire et membre de France labour, n’avait pas manqué de le conseiller le samedi soir pour aborder plus sereinement l’épreuve régionale. Celui-ci a ensuite conseillé Pierre le dimanche soir, en vue de la finale nationale. « Je lui ai dit qu’il avait très bien labouré, qu’il avait fait un bon travail en général, mais qu’il devait se perfectionner sur ses ados », cette terre qui vient s’adosser sur la raie d’ouverture. « Il a été pénalisé car son ados était plus haut que le reste du labour. » En spécialiste, il lui a conseillé de faire au minimum 15 ados pour s’entrainer.

De nombreuses séances d’entrainement

Le jeune a écouté son aîné et a réalisé 14 séances d’entraînement. C’est donc bien entrainé que Pierre Goutagny a pris la direction du sud de la France pour participer à la finale nationale, qui se déroulait dans le cadre de Terres de Jim, en Provence les 11 et 12 septembre.

Pour réduire les frais de déplacement pour sa charrue et son tracteur, Pierre Goutagny s’est joint au candidat de l’Allier, sélectionné pour la catégorie du labour à plat. Le matériel est arrivé sur place dans la nuit du vendredi au samedi, Pierre et ses amis dans l’après-midi. La journée du samedi était consacrée aux essais et le dimanche à l’épreuve nationale. « J’ai apprécié qu’une délégation de la Loire ait fait le déplacement avec moi. Le temps est passé plus vite. J’ai moins eu le temps de stresser. » Pierre Goutagny remercie d’ailleurs toutes les personnes qui l’ont soutenu, accompagné et conseillé pendant sa préparation.

« J’étais satisfait de voir que la parcelle avait été arrosée, ce qui a facilité le travail. Par contre, l’arrosage était irrégulier, donc ça a été compliqué de labourer régulièrement. Je me suis concentré sur ce que je faisais, et pas sur les autres concurrents. J’ai l’habitude de m’entrainer seul, donc je me suis mis dans les mêmes conditions, sans m’occuper de ce qu’il se passait autour. Je pense que j’ai passé beaucoup plus d’heures à m’entraîner que certains candidats, et c’est peut-être ce qui a fait la différence. Ca aide beaucoup de répéter les mêmes gestes. J’y suis allé sans pression et sans objectif précis, sauf celui de présenter une meilleure parcelle qu’au concours régional. Et je l’ai atteint. »

Pierre Goutagny se place sur le podium, à la troisième place, devant le concurrent de l’Ain, département habitué des premières places. Ce candidat s’était d’ailleurs classé premier au concours régional, devant Pierre Goutagny. Les deux hommes se sont retrouvés à l’épreuve nationale et le classement s’est inversé. Le Ligérien estime que le fait de ne pas toujours aller très droit, en raison notamment de l’irrégularité du terrain, lui a coûté des points et donc une meilleure place.

Jean-Baptiste Moine, présent sur place, commente à son tour la prestation : « L’ados de Pierre était le meilleur des 13 candidats. Il a très bien labouré le reste de la parcelle. C’était moins bien sur la dérayure. Il lui a manqué cinq points pour atteindre la deuxième place. La première n’était pas loin non plus. Tous les espoirs sont permis pour Pierre…» Ce dernier retient de cette participation à la finale nationale de labour que du positif. « J’ai pris quelques idées chez d’autres concurrents pour faire évoluer ma charrue. Il faut que je m’entraine encore plus. Mon premier objectif serait de terminer premier à une finale régionale. »

Selon Pierre Goutagny, les nombreuses séances d’entrainement ont fait la différence le jour J, tant pour la concentration que pour les gestes techniques.

Une affaire de famille

Bien évidemment, Pierre a fortement pensé à sa famille pendant cette épreuve. A son père décédé en mars dernier, qui aimait suivre les concours de labour et qui aurait été fier de la performance de son fils. A son frère également, Stéphane, qui lui a ouvert le chemin des concours de labour et qui a lui aussi participé à des épreuves nationales. « Mon frère passe voir mon travail suite aux entrainements. On échange sur ce qu’on observe. Avant la finale nationale, il m’a surtout donné des conseils sur l’organisation du week-end et sur les points de vigilance. » C’est aussi grâce à son frère que Pierre a pu se libérer, physiquement et moralement, de la ferme familiale : « Nous sommes d’accord depuis le début, si l’un de nous participe à un concours, l’autre reste sur l’exploitation. »

Pierre Goutagny avait acheté lui-même sa charrue il y a quelques années et l’avait prêté à son frère pour sa participation à diverses épreuves de labour. « Stéphane avait commencé à faire des réglages. J’en ai bénéficié, ainsi que de ses idées d’évolution. »

 

Lucie Grolleau Frécon