Apprendre en s'amusant

Saviez-vous que l'hymne anglais God save the queen est inspiré d'une composition écrite pour soutenir Louis XIV dans l'ablation d'une fistule anale, un abcès dont il est opéré fin 1686 durant plusieurs heures ? Cette anecdote et bien d'autres (l'invention du gin tonic né de la lutte contre le paludisme...) figurent dans L'Incroyable histoire de la médecine, dont la deuxième édition vient de paraître. Outre ces faits insolites et l'humour omniprésent qui rythment ces pages, le Pr Jean-Noël Fabiani (qui dirige l'enseignement de l'histoire de la médecine à l'université Paris-Descartes) et le dessinateur Philippe Bercovici y rendent très accessible les grandes avancées de cette science mais aussi les illuminés, charlatans et professeurs de mensonges. Cette nouvelle version s'enrichit de 32 pages supplémentaires qui abordent les sujets suivants : les sages-femmes et l'obstétrique, l'église et la médecine au Moyen-Âge, l'influence du climat et de l'environnement, l'histoire des hôpitaux, l'histoire de la réanimation, les femmes en médecine, l'histoire des régimes alimentaires et l'histoire des infirmières. Le chapitre consacré aux grands fléaux modernes a même été actualisé avec le Covid-19 !

L'Incroyable histoire de la médecine, nouvelle édition, Les Arènes, 288 pages, 23,90 euros

Dans la lignée, la maison d'édition Les Arènes a publié, fin 2019, L'incroyable histoire de la littérature française, également mise en cases par le dessinateur Philippe Bercovici, cette fois au service de Catherine Mory, professeure de littérature autrice notamment du Petit Larousse des grands écrivains français et de La Littérature pour ceux qui ont tout oublié. Sur le même modèle que la médecine, cet ouvrage didactique est très complet mais aussi très drôle, constituant pour les néophytes une excellente entrée en matière. Le livre est découpé par siècles, du XVI^ee au XX^e, et chaque chapitre est centré sur une grande plume, de Rabelais à Camus en passant par Molière, Hugo et Zola. Le tout est parsemé d'anecdotes et on revit ces petites histoires qui font la grande, comme Voltaire qui appelait ses contes des "couillonnades", l'invention par Pascal de la première calculette, Baudelaire qui se teignait les cheveux en vert, les contes grivois qu'écrivait La Fontaine ou encore pourquoi Aurore Dupin s'est faite connaître sous le pseudonyme George Sand.

L'Incroyable histoire de la littérature, Les Arènes, 284 pages, 22,90 euros

Précédemment publiés aux éditions Gallimard Jeunesse, les deux volumes de Culottées, des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent ont paru en quatre tomes au format poche, dont les deux derniers sont disponibles depuis novembre dernier. Dans ces bandes dessinées qui lui ont valu de remporter le prestigieux Prix Eisner l'an dernier aux Etats-Unis, Pénélope Bagieu met en avant « les combats de femmes méconnues, d'origines et d'époques diverses, qui ont bravé les normes sociales de leur temps pour choisir leur destin ». Guerrière apache ou sirène hollywoodienne, gardienne de phare ou créatrice de trolls, gynécologue ou impératrice, rappeuse afghane, journaliste d'investigation, reine des bandits ou première femme noire à s'envoler vers l'espace... Ces ouvrages déjà culte font voler en éclat les préjugés. A noter que Culottées a été adapté en série d'animation, disponible sur le site france.tv, la comédienne Cécile de France prêtant sa voix aux différentes héroïnes.

Culottées, des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent, livres 1 (parties 1 et 2) et 2 (parties 1 et 2), Folio, 7,65 euros par titre

Dans le même esprit et bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'une BD, on peut mentionner l'ouvrage d'Alice Babin Histoires du soir pour filles rebelles, 100 femmes françaises extraordinaires. Chacune fait l'objet d'une double-page composée d'un texte et d'un dessin. Pêle-mêle, Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi, Marie-Josée Pérec, Christiane Taubira ou encore Adèle Haenel sont concernées. A mettre entre toutes les mains, dès le plus jeune âge.

Histoires du soir pour filles rebelles, 100 femmes françaises extraordinaires, Les Arènes jeunesse, 216 pages, 19,90 euros

S'informer

Le 6 août, le monde commémorera le 75^e anniversaire du bombardement atomique d'Hiroshima par les États-Unis au cours de la Seconde Guerre mondiale. En cet été 1945, le monde entier découvrait, horrifié, l'existence de la première arme de destruction massive. Dans quel contexte, comment et par qui a-t-elle été développée ? C'est ce qu'ambitionne de raconter La Bombe, qui plonge le lecteur dans les coulisses auprès des personnages-clés. Des mines d'uranium du Katanga jusqu'au Japon, en passant par l'Allemagne, la Norvège, l'URSS et le Nouveau-Mexique, c'est une succession de faits incroyables mais vrais que les auteurs déroulent. Qu'ils soient décideurs politiques (Franklin D. Roosevelt, Harry S. Truman), scientifiques passés à la postérité (Albert Einstein, Robert Oppenheimer, Enrico Fermi, etc.), acteurs majeurs demeurés méconnus ou, bien entendu, victimes de la catastrophe, La Bombe prend le temps de raconter leur histoire sous les plumes des scénaristes Laurent-Frédéric Bollée et Didier Alcante, mises en cases en noir et blanc par Denis Rodier.

La Bombe, Glénat, 472 pages, 39 euros

Tel le sparadrap du capitaine Haddock dans L'affaire Tournesol, le cas Benalla aura son importance à l'heure de solder le quinquennat du président Macron avant que le plus jeune président de la Ve République française sollicite un second mandat. Les journalistes Ariane Chemin et François Krug, qui ont révélé et suivi ce dossier pour Le Monde, s'associent au dessinateur Julien Solé. Dans Benalla & moi, le trio raconte en images ce feuilleton riche en rebondissements et en révélations sur les coulisses du pouvoir. L'histoire d'un tandem improbable entre un énarque ambitieux et un type aussi baraqué que culotté qui devient l'un de ses plus proches collaborateurs. Les Français le découvrent quand des images le montrent, grimé en policier, tabasser un jeune homme le 1^er mai. « Pour Alexandre Benalla comme pour Emmanuel Macron, c'est le début des emmerdes, écrivent les auteurs. Dans cette histoire, il est question de barbouzes et de technocrates, de judokas et de footballeurs, d'armes à feu et de pistolets à eau, de gros virements et de cash. On jure de dire toute la vérité et on bidonne des vidéos. On traîne dans des bars à chicha et des palaces. On voyage d'Évreux à N'Djamena. Benalla & moi, c'est l'histoire d'un nouveau monde rattrapé par l'ancien. »

Benalla & moi, Seuil, 96 pages, 18,90 euros

Rire

Chaque semaine depuis cinq ans, Riad Sattouf publie dans L'Obs la chronique crayonnée du quotidien d'Esther, une adolescente de son entourage qu'il entend accompagner ainsi jusqu'à sa majorité, en 2024, en racontant sa métamorphose en adulte. Une fois l'an, il réunit les planches correspondant à une année scolaire dans un album édité chez Allary. Retardé par le coronavirus, Les Cahiers d'Esther, histoire de mes 14 ans, est disponible depuis mi-juin. Dans cet opus, Esther est en 4^e, c'est désormais une véritable ado et il est toujours autant agréable de s'amuser de ces histoires d'enfants qui ne leur sont pas réservées. C'est effectivement un témoignage sur notre époque, sur la culture et les codes de la jeunesse, sa vision, aussi, de la société des adultes. A noter que Riad Sattouf est attendu de pied ferme par ses fans : il a annoncé pour la fin d'année la sortie du tome 5 de sa BD autobiographique à succès L'Arabe du futur, dans laquelle il narre son enfance entre France, Libye et Syrie.

Les Cahiers d'Esther, histoire de mes 14 ans, Allary éditions, 56 pages, 16,90 euros