Conseil départemental
Des actions pour protéger la forêt et booster la filière bois

Le 8 février à Montbrison, les conseillers départementaux Chantal Brosse et Jean-François Chorain ont dressé le bilan des deux premières années du Plan filière forêt-bois 2021-2027.

Des actions pour protéger la forêt et booster la filière bois
La forêt couvre près d’un tiers du département de la Loire.

Tout le monde n’en a pas conscience, mais la forêt occupe une place prépondérante dans la Loire. Au sens propre  avec ses 150 000 hectares – soit près d’un tiers de la surface du département – comme au sens figuré, par ses atouts (écologique, touristique et économique avec 1 900 entreprises et 7 000 emplois, touristique) et son rôle face au changement climatique. À l’échelle nationale, elle absorbe en effet 19 % des émissions annuelles françaises de gaz à effet de serre et 1 m3 de produit bois stocke 1 t de CO2. Un préambule que les conseillers départementaux Chantal Brosse et Jean-François Chorain ont posé le 8 février à Montbrison avant de dresser un bilan intermédiaire du plan filière forêt-bois 2021-2027, qui engage plus de 1 million d’euros par an. Revenir sur ses deux premières années faisait d’ailleurs l’objet du comité de pilotage qui devait réunir dans la foulée l’ensemble des acteurs de la filière (1).

Jean-François Chorain rappelait aussi en quoi l’intervention de l’Homme pour enlever les arbres trop grands ou malades est essentielle. « La forêt se régénère seule. Mais s’il ne jardine pas, on demande trop au sol et les bois sèchent. Or quand les arbres sont morts, il faut tout couper et recommencer », ajoutait celui qui est également maire de Marlhes et dirigeant de la scierie Chorain sur cette même commune. « Après une coupe rase, il faut que ça cicatrise, puis la forêt revient. Depuis le Moyen Âge, la forêt gagne du terrain en France », précisait Laurent Russias, ingénieur au Département en charge de la filière forêt bois.

45 000 propriétaires !

Deuxième propriétaire public sur le territoire derrière la ville de Saint-Etienne, le Conseil départemental se veut fédérateur, et pour cause. Dans la Loire, quelque 45 000 propriétaires privés détiennent 97 % de la forêt, possédant chacun en moyenne 2,6 hectares. Leur nombre pourrait avoir tendance à grimper en raison des successions, par la division des bien entre les descendants. Même si ce morcèlement prémunit de grosses coupes comme en Amazonie, il constitue « un handicap pour valoriser cette ressource », rappelait Chantal Brosse. Aussi l’institution mène-t-elle un programme d’échange et de cessions de parcelles. En mars, l’assemblée départementale doit voter la prise en charge de la moitié des frais de notaires pour des transactions inférieures à 7 500 euros.

Cette mesure rejoindra les neuf dispositifs du plan 2021-2027 – le troisième de rang – en faveur du territoire, des sylviculteurs et des entreprises. L’ensemble est consultable à l’adresse loire.fr/foretbois, mais en voici un échantillon. L’une des premières missions consiste à communiquer. Même si six associations les fédèrent (trois dans le centre du département, une dans le Pilat, une dans les monts de la Madeleine et une sur le secteur de Charlieu et Belmont-de-la-Loire), « beaucoup de propriétaires ne savent pas comment gérer leur forêt et ont besoin de conseils », soulignait l’élu. Le Conseil départemental favorise la contractualisation avec les collectivités et a notamment signé un contrat territorial avec la communauté de communes des Monts du Pilat et une charte forestière avec Loire Forez agglomération. Il souhaite aussi sensibiliser les collégiens, peut-être à travers des plantations.

Développer l’utilisation du bois

Figurent aussi au programme des aides à l’innovation pour les professionnels ; pour contribuer à installer de jeunes entrepreneurs en travaux forestiers ; pour inciter la création et la rénovation de voieries forestières, essentielles pour circuler et notamment dans le combat face au feu ; pour favoriser le renouvellement des propriétaires. On y trouve également des initiatives pour lutter face au changement climatique, problématique prégnante. Par exemple la plantation d’espèces non présentes ici afin de voir le résultat dans 15 à 20 ans ou avec des arbres de même essence mais de provenances différentes pour une meilleure résistance. 

Le mot de la fin revenait à Jean-François Chorain : « La principale qualité d’un sylviculteur, c’est l’humilité. C’est ce que nous faisons : on essaie, on voit et on s’adapte à la nature. Elle est plus forte et on accompagne ce changement. » Pour le conseiller départemental, l’exploitation insuffisante du bois, ressource abondante et disponible sur place qui offre une diversité d’usages, constitue un enjeu massif. « Il est vertueux et le législateur l’a bien compris en l’intégrant à la Réglementation thermique (RT) 2020. Le pétrole nous a rendus bête, nous devons faire un effort de recherche et développement pour l’utiliser encore mieux », lançait-il, appelant à s’inspirer de que font l’Autriche, la Suisse et l’Allemagne.

Franck Talluto

(1) Les intercommunalités CRPF (Centre régional de la propriété forestière), l’ONF (Office national des forêts), Fibois 42 (l’interprofession de la filière bois), la Région, les associations de sylviculteurs, etc.