Croissance de l’herbe

Des températures qui boostent le cycle végétatif

A retenir pour cette semaine : les journées chaudes de ces derniers jours ont fortement boosté l’avancement des cycles végétatifs de beaucoup d’espèces prairiales. Durant la semaine dernière, le cumul moyen de températures a été de + 11,5 à + 14,5°CJ/j. Les températures de sol en surface atteignent désormais les 10°C en moyenne, même sur certains secteurs en montagne. En plaine comme sur les côteaux, de nombreuses graminées secondaires sont épiées ou proches de l’épiaison, sur prairies temporaires comme sur certaines prairies permanentes. Même en montagne, la plupart des prairies voient leurs valeurs alimentaires et appétence régresser, ce qui nécessite des adaptations de la complémentation selon les besoins nutritionnels des animaux et les objectifs de production. Afin d’optimiser l’herbe, il convient de faucher dès à présent les parcelles débrayées les semaines précédentes. La fenêtre météo de ce week-end se révèle très mince, avant plusieurs jours de pluie.

Repères des sommes de températures :

- ensilage de RGI stade gonflement gaine : 550-600°C ;

- prairies multi-espèces : 700 à 900 °C.

Attention à la forte variation selon composition des prairies temporaires.

Les sommes de températures depuis le 1^er février et le cumul pluviométrique sur le mois d’avril dans le département sont les suivantes (source Infoclimat / Météo France) : 

- Bard, 563°C, 34 mm ;

- Noirétable, 578°C, 50 mm ;

- Saint-Sauveur-en-Rue, 571°C, 67 mm ;

- Violay, 575°C, 68 mm ;

- Chazelles-sur-Lyon, 623°C, 47 mm ;

- Fourneaux, 671°C, 56 mm ;

- La Valla-en-Gier, 658°C, 58 mm ;

- Panissières, 631°C, 53 mm ;

- Saint-Georges-en-Couzan, 604°C, 26 mm ;

- Arthun, 663°C, 26 mm ;

- Balbigny, 705°C, 47 mm ;

- Nandax, 699°C, 45 mm ;

- Pélussin, 747°C, 59 mm ;

- Savigneux, 668°C, 29 mm ;

- Veauchette, 699°C, 39 mm.

Suivi de la croissance de l’herbe dans plusieurs exploitations du département :

- Saint-Héand (700 m) : 11,2 cm ; 39,3 kg de MS/ha/jour ;

- Soleymieux (630 m) : 8,2 cm ; 30,1 kg ;

- Périgneux (680 m) : 9,7 cm ; 51,4 kg ;

- Essertines-en-Chatelneuf (800 m) : 8,3 cm ; 18,3 kg ;

- Saint-Bonnet-le-Courreau (1 070 m) : 8,4 cm ; 27,4 kg ;

- Champoly (660 m) : 9,2 cm ; 43,9 kg.

- Lay (430 m) : 7,8 cm ; 53,8 kg ;

- Saint-Marcel-de-Félines (490 m) : 8,3 cm ; 34,3 kg ;

- Violay (700 m) : 9,8 cm ; 58,5 kg ;

- Violay (720 m) : 9,6 cm ; 55,3 kg ;

Du côté de la technique : au vu de l’accélération des cumuls de températures et le début d’épiaison des prairies, et afin de profiter des choix de conduite de pâturage depuis mars 2024, plusieurs leviers (non exhaustifs) peuvent être actionnés ces prochains jours pour conditionner la durée du pâturage de milieu et fin de printemps :

- faucher les paddocks débrayés (décidés fin mars 2024) ces prochains jours (zones de plaine et coteaux). Même si la biomasse récoltable se limite à 1,5-2 t MS/ha, avec une hauteur de fauche à 8-9 cm, ne pas hésiter à saisir la moindre fenêtre météo. Ces fauches permettront de disposer de ces surfaces de pâturage plus lactogènes en mai, période de ralentissement de la croissance de l’herbe. Pour des parcelles avec déjà une forte pression en bouses, privilégier la fauche en après-midi et la valorisation en enrubannage, hausser la hauteur de fauche (10 cm minimum) et éviter les opérations de fanage/andainage le plus possible (maintien de l’andain de fauche).

- faucher les refus dès à présent (toutes zones), surtout si ces refus n’ont pas été fauchés/broyés juste après le premier passage de pâturage (Cf. bulletins précédents). Le maintien de ces refus sera très fortement préjudiciable au potentiel de production en herbe pâturable ce printemps et à la pérennité de la prairie (développement du surpâturage dès la seconde moitié de printemps). Ne pas hésiter à observer le stade des espèces composant les refus afin de sectionner le plus possible les épis des graminées composant ces refus (dactyles, fétuques élevées et rouges, houlques laineuses et bromes, …). Afin de ne pas compromettre le délai de retour au pâturage, une fauche à 9-10 cm de hauteur est conseillée, sous condition de sectionner les épis des graminées constitutives des refus.

- sélectionner les parcelles de pâturage avec des apports complémentaires d’azote minéral éventuels. Même si les températures restent fraîches pour le moment, un apport, même en petite dose, n’est pas conseillé sur des prairies avec graminées remontantes en épi après première épiaison ou riches en légumineuses. Cet apport d’azote juste après fauche est bien valorisé pour des prairies pâturées riches en graminées non remontantes sous condition de sectionner l’épi avec cette première fauche des refus ou de débrayage.

Augustin Gravier, Chambre d’agriculture de la Loire

Stéphane Laurent, Loire conseil élevage