Viande bovine
Le 100% charolais roannais, avant tout un état d’esprit

L’association Le Charolais du Roannais et le lycée de Chervé organisaient, vendredi 6 mai, une conférence de presse pour présenter la démarche visant à commercialiser de la viande issue de bovins charolais du Roannais auprès de la grande distribution et de la restauration hors foyer.

Le 100% charolais roannais, avant tout un état d’esprit
Le président de l’association Le Charolais du Roannais, Patrick Ducros, et les représentantes du lycée de Chervé, ont présenté la marque Le 100% charolais roannais en fin de semaine dernière.

Le steak haché Le 100% charolais roannais avait officiellement été lancé en mai 2016. La démarche était alors portée par Roannais agglomération, sous l’impulsion de son président, Yves Nicolin, et de son vice-président en charge de l’agriculture de l’époque, Marcel Augier. Cette marque avait vu le jour à la suite d’un travail concerté entre les éleveurs et les services de l’agglomération visant à promouvoir l’agriculture du Roannais. « L’idée était de mettre en avant un produit facilement identifiable par les consommateurs », rappelait Patrick Ducros, éleveur à Perreux et président de l’association Le Charolais du Roannais, lors de la conférence de presse organisée en fin de semaine dernière au lycée de Chervé. « Nous étions partis du constat que l’évolution de la consommation du steak haché était positive. » D’où la naissance d’une filière de steaks hachés surgelés et de la marque Le 100% charolais roannais.

Roannais agglomération a récemment passé le relais à l’association Le charolais du Roannais pour la gestion de cette filière locale. « Cette association était en dormance, poursuivait le président. Nous avons retravaillé sur les statuts et remis en place un conseil d’administration. L’assemblée générale du 17 décembre 2021 a officialisé le fait que l’agglomération nous laissait le pouvoir d’organiser la filière, de commercialiser les animaux, de communiquer. » Elle reste cependant propriétaire de la marque et siège au sein du conseil d’administration. « J’ai tout à fait conscience que sans l’agglomération, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Nous avons bénéficié de son aide logistique et de la communication » faite autour de la marque.

Une dizaine d’apporteurs

L’association compte actuellement une dizaine d’adhérents, qui sont des éleveurs-apporteurs. Chaque agriculteur, qui doit être du Roannais (territoire de Roannais agglomération, Val d’Aix et Isable, Charlieu-Belmont) doit s’acquitter d’un droit d’entrée, puis chaque année d’une cotisation. Depuis le début de l’aventure, « nous avons eu 30 apporteurs au total. Certains ont fait le choix de ne pas poursuivre, d’autres sont restés. » Le souhait des responsables de l’association est de continuer à fournir en steaks hachés congelés la restauration hors foyer et la grande distribution, mais aussi à approvisionner en morceaux nobles des restaurants ou des rayons « boucherie traditionnelle » de grandes surfaces. « Nous avons aussi l’intention de développer la partie Pad (muscles Prêts à découper, ndlr). Dans ce domaine, commercialiser des animaux de qualité permet de fidéliser les clients », assurait Patrick Ducros.

Le fonctionnement de l’association Le Charolais du Roannais repose sur le bénévolat : le président rencontre personnellement les acheteurs ; le trésorier suit les comptes, calcule les prix de vente optimum… Tous les prestataires qui interviennent dans la chaine sont rémunérés à la tâche : abattoir de Charlieu, l’entreprise Carrel pour la fabrication des steaks hachés congelés, boucher pour la découpe en morceaux, transport.

Les éleveurs communiquent entre eux via un groupe WhatsApp, leur permettant notamment de mettre en adéquation les besoins des clients et les animaux qui ont l’état d’engraissement requis pour être abattus. « Nous sommes notre propre gendarme pour la qualité des animaux. Nous partons du principe que les éleveurs sont professionnels. Ceux qui font partie du groupe engraissent des animaux de manière traditionnelle depuis longtemps et savent faire le lien entre la conformation de l’animal sur pieds et au crochet. »

Volonté de développement

L’association est en phase de développement. « En 2021, nous avons commercialisé quinze animaux, ce qui est plutôt faible. Depuis le début de l’année 2022, nous sommes à 21. Notre objectif est d’avoir des abattages réguliers, toutes les semaines, pour satisfaire les besoins des clients. Mais pour gagner en régularité, il faut avoir plus de clients réguliers, ce qui passe par plus d’animaux abattus, et inversement. Il faut aussi trouver le bon équilibre matière, d’autant plus que nous travaillons avec un produit périssable. » A demi-mots, Patrick Ducros confie que « des pistes intéressantes » semblent se dessiner. L’étude réalisée par CerFrance Loire a mis en évidence que la démarche serait économiquement intéressante à partir de 50 animaux commercialisés par an.

« Nous misons sur l’arrivée de jeunes agriculteurs dans le groupe » pour renouveler les générations et accroître l’activité. « Notre démarche, allant de la naissance des animaux jusqu’à la commercialisation au client final est motivante, estime le président. C’est une autre manière d’aborder le métier d’éleveur. La plus-value sur le prix de vente ne doit pas être le seul intérêt. »

Patrick Ducros poursuivait : « Au tout départ, nos calculs avaient permis de déterminer un prix sortie élevage à 4,50 euros du kilo, ce qui correspondait à peu près à un euro de plus que les prix du marché. Nous aimerions garder cet écart en ce moment, mais les coûts de production en élevage augmentant rapidement et les hausses étant difficile à passer au client, il est actuellement inférieur. » C’est pour cela que le président estime qu’adhérer à l’association est avant tout un état d’esprit, et que la valorisation par le prix doit être considérée comme un plus.

Lucie Grolleau Frécon