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1993 : d’un concours à une Fête du charolais

L’année 1993 a marqué un tournant pour le concours de Roanne – La Pacaudière. Des nouveautés voient le jour autour de l’idée de la promotion de la viande de haute qualité : concours d’animaux de boucherie, dégustation de viande, repas dansant avec, au menu, de la viande de bœuf.

1993 : d’un concours à une Fête du charolais
Les animaux de boucherie sont arrivés au Hall agricole de Roanne en 1993 avec un concours qui leur était dédié.

Le nombre d’animaux reproducteurs participant au concours charolais de Roanne – La Pacaudière était à la baisse au début des années 1990. Les organisateurs ont souhaité lui redonner un second souffle, le président Louis Lapendery en tête. Depuis quelques années déjà, des animaux de boucherie étaient exposés, sous l’égide de Sicarev, et des acteurs de la filière viande bovine prenaient part à la manifestation. Louis Lapendery a donc lancé l’idée d’un concours d’animaux de boucherie, estimant qu’une telle exposition pouvait dynamiser la manifestation. Des réunions houleuses du comité d’organisation se sont alors tenues. Des éleveurs exposant des animaux reproducteurs s’y opposaient, mettant en avant des arguments sanitaires, alors que quelques éleveurs et bouchers poussaient en faveur des animaux de boucherie. La Chambre d’agriculture était à l’écoute et favorable à ce que le concours de Roanne – La Pacaudière soit moins confidentiel.

Finalement, la décision a été prise d’accueillir des bovins de boucherie. Cette innovation devait faire ses preuves dès la première année pour convaincre les plus réticents. Les organisateurs misaient sur la qualité des animaux présentés, qui était finalement au rendez-vous, les transactions commerciales l’ont prouvé. Quelques années après, les plus réticents à cette évolution ont compris que cette décision aura permis au concours de se développer et de continuer à exister.

Le concours de Roanne – La Pacaudière s’est ainsi ouvert au grand public. L’objectif était de communiquer largement auprès des Roannais sur la viande bovine en s’appuyant sur cette nouvelle exposition, mais aussi sur ce qui existait déjà (animaux reproducteurs, présence de structures de la filière) ainsi que sur des nouveautés spécialement dédiées au public non professionnel : dégustation de viande, repas dansant.

C’est ainsi qu’est née la première édition de la Fête du charolais, nouvelle dénomination du concours charolais de Roanne – La Pacaudière utilisée pour en faire la promotion auprès du grand public. Ce changement de nom s’est fait à la demande de la ville de Roanne. Son service communication était très investi dans cette manifestation.

Réussite de la première édition

Marcel Augier, membre du comité d’organisation depuis 1988, avait été missionné pour organiser le concours d’animaux de boucherie. La première édition a rassemblé 52 génisses et bœufs de plus de 30 mois, jeunes vaches et jeunes bovins. Ils étaient logés sous l’appentis jouxtant le bâtiment principal du hall agricole du centre-ville de Roanne, où se tenait la manifestation depuis plusieurs décennies, avant de déménager au Scarabée en 2009. Le jury, composé de bouchers, chevillards et éleveurs, a officié le samedi matin, les animaux restant attachés.

Le comité d’organisation du concours et la Chambre d’agriculture avaient sollicité les bouchers pour qu’ils prennent part à l’organisation de la dégustation de viande et du dîner du samedi. Au départ, les membres du Syndicat des bouchers du Roannais, présidé par Michel Joanon, n’étaient pas tous favorables à une présence à un concours d’animaux, d’autant plus qu’aucun lien n’existait entre éleveurs et bouchers. Finalement ils ont accepté, sous l’impulsion de Marc Gonin.

Ainsi, outre la découverte de la filière viande côté élevage, les visiteurs ont eu droit à une dégustation gratuite de viande de bœuf grillée. Les organisateurs ont estimé à 3 000 le nombre de personnes en ayant bénéficié. En même temps étaient proposés des vins de la côte-roannaise. Il faut savoir qu’en 1969, une dégustation de viande avait déjà été organisée au concours charolais de Roanne – La Pacaudière.

Jusqu’alors, la soirée du samedi était dédiée au repas des éleveurs. A partir de 1993, elle a laissé place à un grand repas autour d’un pavé de bœuf charolais. Il a été préparé par les membres du Syndicat des bouchers du Roannais et animé par un orchestre. 300 convives y ont pris part. Cette soirée se tenait sous un chapiteau chauffé, installé dans la cour inférieure du Hall agricole.

Sur la lancée des années précédentes, les partenaires de la filière viande régionale se sont impliqués dans la démarche et ont apporté leur pierre à l’édifice. Toutes les structures de la filière – Coopérative d’élevage, Sicarev, Charolais terroir, Syndicat des bouchers, Centre de formation des apprentis – se sont affichés ensemble aux côtés du comité d’organisation et des partenaires de la manifestation (Chambre d’agriculture de la Loire, Conseil général, Conseil régional, interprofession régionale de la viande, Groupama, Crédit agricole, Herd book charolais) pour garder l’unité de la filière viande.

Les fondamentaux demeurent

L’exposition consacrée aux animaux reproducteurs est restée la raison d’être du concours charolais de Roanne – La Pacaudière dans sa nouvelle version. Effectivement, les reproducteurs font partie intégrante de la filière viande bovine car la production de viande ne peut pas se passer d’une génétique de haut niveau, argumentaient les organisateurs. L’édition de 1993 a accueilli 210 bovins reproducteurs : 126 veaux, 17 taureaux de 18 mois, 9 taureaux de 30 mois, 4 taureaux adultes, 54 femelles. Ils ont été jugés le samedi matin.

Les animations habituelles du programme de la manifestation ont demeuré : finale départementale du concours de jugement de bétail par les jeunes, concours de présentation par les jeunes, visite officielle, remise des prix… Après la visite officielle, en début d’après-midi, éleveurs et animaux ayant été récompensés de grands prix ont défilé dans la cour extérieure, devant les officiels, et sont montés sur un podium, construit pour l’occasion. Un commentaire technique et quelques explications à destination du grand public étaient faits pour chaque animal présent.

 

Lucie Grolleau Frécon, extrait du livre Le Charolais de la Loire à travers le temps et ses concours