Chambre d’agriculture
Bilan mitigé pour le Marché de Noël 2.0 des producteurs

Le “Marché de noël des producteurs de nos terroirs“, organisé chaque année par la Chambre d’Agriculture de la Loire, n’a pas pu se tenir cette année. En raison du contexte sanitaire, il a été remplacé par une édition « en ligne ». Bilan et réactions des producteurs. 

Bilan mitigé pour le Marché de Noël 2.0 des producteurs
Les producteurs se sont tous félicités de l’organisation, en un temps très limité, de ce marché de Noël en ligne par la Chambre d’Agriculture. 

Habituellement, la Chambre d’Agriculture de la Loire organise durant trois jours le “Marché de Noël des producteurs de nos terroirs“ au Parc des expositions de Saint-Etienne. Cet événement festif rassemble plus de 70 producteurs fermiers et artisans des métiers de bouches ligériens et attire des milliers de visiteurs. Malheureusement, ce marché dans sa version d’origine, a dû être annulé cette année en raison du contexte sanitaire. Une décision bien comprise par tous. 

Mais le manque à gagner n’est pas négligeable pour les producteurs ; « Je participe au marché de Noël depuis une petite dizaine d’années, c’est mon plus gros marché de l’année, il représente environ 8 % de mon chiffre d’affaires annuel », signale Gilles Deléage, producteur d’escargots à Saint-Galmier. 

Une réactivité appréciée 

Néanmoins, la Chambre d’Agriculture de la Loire a constitué une boutique en ligne totalement gratuite pour les exposants, et mis à disposition le parking de la Cité de l’agriculture pour retirer les commandes. Les producteurs ont apprécié la réactivité des organisateurs, « mettre ça sur pied en trois semaines, il fallait le faire », reconnaît Danielle Chazelle de la ferme d’Epezy « et sans frais pour les producteurs qui plus est ». 

Techniquement, les producteurs ont dû mettre en place des fiches-produits pour faciliter les commandes sur « un site très bien fait », souligne Gilles Deléage. Aucun bug technique n’a été signalé malgré le court délai de préparation. 

Ce système a été mis en place pour soutenir l’activité commerciale des producteurs concernés durant la période cruciale des fêtes de fin d’année, et pour maintenir le lien entre les producteurs du département et les consommateurs de l’agglomération stéphanoise.

« Cela a dû être plus difficile pour les clients qui ne sont pas habitués à ce mode de vente, ceux qui aiment voir, échanger avec les producteurs », poursuit l’héliciculteur. Des propos confirmés par Jean-François Coste, éleveur d’autruche. « C’est un peu compliqué pour les personnes âgées. Mon épouse a dû remplir leurs demandes en ligne à leur place ». C’est aussi ça l’esprit de Noël ! 

Commandes modestes

En définitive, 32 producteurs ont participé à la démarche et 162 commandes ont été retirées le samedi 19 décembre à la Chambre d’Agriculture pour un chiffre d’affaires de plus de 15 000 euros. C’est très peu au regard des enjeux pour les producteurs de produits festifs ou de produits de niche pour lesquels le marché de Noël est un rendez-vous important dans l’année. « On a sauvé les meubles », résume l’éleveur d’autruche altiligérien.

« C’est une saison clef effectivement. Mon foie gras, je dois l’avoir tout vendu le 24 décembre.   Ce n’est pas là où je suis située (NDLR : Saint-Georges-en-Couzan) que je vais en vendre durant le reste de l’année », rappelle l’éleveuse de canards.

« J’ai fait six fois moins de chiffre qu’habituellement et encore, je pense que je fais partie de ceux qui ont le plus vendu… », reconnait l’Escargot Baldo.

La situation est variable d’un producteur à l’autre. Visiblement pour les vins, la greffe du « on line » n’a pas pris : « Je n’ai vendu que 18 bouteilles, regrette Christine Demeure du Domaine Vin & Pic (Boisset-Saint-Priest). Pour les consommateurs, le vin c’est encore la convivialité, la dégustation pas le click and collect. Nous avons également créé notre propre site marchand durant le confinement et ça ne marche pas vraiment. On a besoin d’avoir des contacts directs avec le client pour vendre. » 

Autre vigneron, du Roannais cette fois, François Lassaigne dressait le même constat sur la modestie des ventes mais préférait voir le verre à moitié plein. « Pour l’instant, les gens n’ont pas le réflexe d’acheter du vin en ligne, mais c’est bien de s’y préparer. »

Satisfaire la clientèle

Au final, cette opération a permis de satisfaire les clients stéphanois sensibles à la qualité des produits fermiers et à l’économie de proximité et les exposants ont pu vendre une partie de leur production. Elle a surtout permis de conserver le lien avec les clients du Marché de Noël des producteurs malgré ce contexte particulier.

Et peut-être aussi d’élargir la clientèle car la majorité des exposants signalent avoir reçu des commandes de nouvelles personnes. « Le bilan est donc mitigé. Mais c’est déjà bien d’avoir fait quelque chose. Pour la Chambre d’Agriculture, ça a eu un coût, humain et financier, rappelle Danielle Chazelle. Mais on a senti qu’on n’était pas oubliés par nos instances. Elles avaient à cœur que ce rendez-vous perdure », se réjouit Gilles Deléage.

Le rendez-vous a été ainsi pris pour l’édition 2021.  « Si besoin, je participerais à la formule en drive », note le producteur d’escargots. Mais tous espèrent un retour au Parc des Expositions de Saint-Etienne pour un marché en présentiel.  L’essence même d’un marché de Noël !

Elea Moimeaux (Chambre d’Agriculture de la Loire), Franck Talluto et David Bessenay.