Section bovine FDSEA
Syndicalisme et opérateurs doivent défendre ensemble la production de viande

Inévitablement, la rémunération des éleveurs au coût de production était au cœur des débats lors de l’assemblée générale de la section bovine de la FDSEA, en fin de semaine dernière. L’inquiétude quant à l’avenir de la production d’animaux allaitants dans notre région était palpable.

Syndicalisme et opérateurs doivent défendre ensemble la production de viande
Maxime Brun (président de la section bovine de la FDSEA de la Loire), entouré de Jonathan Janichon (président de la section bovine régionale, membre du bureau de la FNB), Jean-Luc-Perrin (secrétaire général de la FDSEA) et, à sa gauche, Michel Fénéon (directeur administratif et financier d’Eurofeder).

La présentation du rapport d’activité aura été succincte, vendredi 12 mars, lors de l’assemblée générale de la section bovine de la FDSEA de la Loire. S’en est suivi un focus sur la conjoncture 2020. « La consommation de viande française a augmenté, mais les cotations entrée abattoir ont eu tendance à baisser, commentait Maxime Brun, président de la section bovine de la FDSEA et membre du conseil d’administration de la FNB. La Fédération nationale bovine a alors appelé à la rétention des animaux, ce qui a provoqué une réunion avec le ministre de l’Agriculture et une légère augmentation des prix. Ils se sont ensuite maintenus, mais on est encore loin des coûts de production. »

Et c’est en abordant le sujet des coûts de production, qui sont intégrés dans les indicateurs de marchés fournis chaque semaine par la FNB, que la partie de ping-pong a commencé entre les syndicalistes et les représentants de la coopérative Sicarev, Philippe Plasse et Thierry Frécon. Les premiers demandant que tous les maillons de la filière viande tiennent compte des coûts de production dans la construction du prix, comme le préconise la loi Alimentation. Les seconds estimant que les coûts de production doivent constituer une base de discussion et que leur objectif est de parvenir à les couvrir en passant par des paliers successifs. Pour Thierry Frécon, « ces éléments doivent aussi être un prétexte pour les agriculteurs d’étudier leur propre coût de production avec leur comptabilité».

Se battre sur le coût de production

« Il peut y avoir des écarts de coût de production entre les fermes, intervenait Jonathan Janichon, éleveur dans l’Ain, président de la section bovine régionale, membre du bureau de la FNB. Mais nous devons continuer à nous battre car atteindre le coût de production n’est qu’une première étape. Aucun autre chef d’entreprise n’accepte de vendre ses produits au coût de production. »

Alors que les hausses de prix passées par le leader privé français du steak haché, le Groupe Bigard, était cité par les éleveurs, les représentants de Sicarev rappelaient que leur groupe coopératif fournit les mêmes marchés mais qu’il ne joue pas forcément à armes égales. « Notre concurrent a les moyens de passer des hausses de prix. Mais est-ce une stratégie durable ? », interrogeait Philippe Plasse. Jonathan Janichon se voulait plus explicite : « Bigard peut se permettre de passer des hausses de prix sur les vaches allaitantes puisque les vaches laitières représentent la grande majorité de ses approvisionnements. Ce qui peut mettre en difficulté Sicarev, qui abat principalement des animaux allaitants. »

Le responsable régional de poursuivre : « Je veux bien admettre qu’il y ait la réalité des marchés, mais il ne faut pas oublier que la filière a besoin des éleveurs et inversement. Tout le monde doit avancer ensemble. Le syndicalisme se bat pour faire appliquer la loi Alimentation et a besoin de la coopération pour l’appuyer. » Thierry Frécon de rétorquer : « il faut aussi parfois que le syndicalisme se mette à la place de la coopération. Sur certains sujets, elle ne se sent pas soutenue par le syndicalisme ».

Le débat a ensuite dévié sur la grande distribution, dernier maillon de la filière, accusée de fixer les prix selon les coûts de production mais sur une toute petite proportion de la viande vendue, et de communiquer largement dessus. « C’est pour cela que nous avons besoin du soutien de toute la filière pour que le prix soit construit en marche avant », renchérissait Jean-Luc Perrin, secrétaire général de la FDSEA.

Michel Fénéon, directeur administratif et financier d’Eurofeder (leader européen du commerce de bétail), prenait alors la parole : « Les exportations d’animaux vers les pays tiers seraient également plus faciles si l’ensemble de la filière se mobilisait contre les lourdeurs administratives. Dans certains pays, l’administration accompagne les exportateurs. Ce n’est pas le cas en France.» François Garrivier, président du Comité de filière bovins viande Aura, proposait alors d’organiser une réunion à l’échelle régionale entre éleveurs, exportateurs, administration.

Réforme de la Pac

Avec des prix de vente qui ne couvrent pas les coûts de production, la concurrence de la viande issue de vaches laitières pour faire du steak haché, les contraintes environnementales, les attaques incessantes des associations contre la viande, les sécheresses successives, la recrudescence de l’IBR… les éleveurs s’interrogent sur le devenir de l’élevage allaitant en France. La réforme de la Pac est prise comme une menace supplémentaire pour les producteurs de viande. « La question du couplage des aides n’est pas encore tranchée », indiquait Jonathan Janichon. « Si les éleveurs allaitants perdent l’aide couplée, il n’y aura plus d’élevage dans le département, assurait François Garrivier. Ou alors il faudra une meilleure valorisation des animaux par le prix de vente. » Là encore, les éleveurs comptent notamment sur  la coopération pour les soutenir dans le débat de la réforme de la Pac.

 

 

Lucie Grolleau Frécon