Lors de la journée dédiée aux sols et aux méteils du mois de juin, Julien Fortin, directeur de la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou (Maine-et-Loire), intervenait sur la place des méteils fourragers dans les systèmes allaitants dans un contexte de changement climatique.

Les méteils fourragers dans les systèmes allaitants ?
Les mélanges céréales-protéagineux constituent des fourrages incontournables, d’autant plus dans un contexte de changement climatique. credit_facebook.comFxpTHORIGNE

Les mélanges céréales-protéagineux constituent « une solution pertinente en troupeau allaitant en assurant un tonnage de fourrage chaque année, assurait Julien Fortin en se basant sur les nombreux essais conduits à la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou. Ils répondent donc à la problématique du changement climatique dans la Loire. »

Les sols de cette ferme sont à la fois très séchants l’été et hydromorphes l’hiver. Pendant de nombreuses années, du maïs a été cultivé, notamment pour engraisser les animaux. « Les sécheresses pénalisaient les rendements des maïs et des prairies, racontait le directeur. Elles impactaient les implantations des jeunes prairies. L’excès d’eau l’hiver était également néfaste. Cette situation mettait en danger le système. S’est alors posée la question des associations céréales-protéagineux pour échapper aux aléas climatiques. »

Ces méteils désormais implantés comportent une à deux céréales et un à deux protéagineux : triticale, avoine, seigle ou épeautre, et pois fourrager, vesce commune ou féverole. « L’objectif est de récolter un mélange productif riche en légumineuses, sous forme d’ensilage au stade laiteux-pâteux de la céréale ou en grain, en évitant la verse, avec une bonne maîtrise des adventices. » Telle est la conduite suivie dans le cadre des différentes expérimentations.

Conseils issus de nombreux essais

Les responsables de la ferme ont travaillé sur la base d’essais analytiques à partir de micro-parcelles, avec six modalités répétées de façon aléatoire pendant trois ans minimum. Julien Fortin a dispensé de nombreux conseils tirés des essais réalisés.

En termes de composition du mélange, il convient de ne pas dépasser 30 grains / m2 de protéagineux au semis pour éviter la verse. Il faut opter pour une association simple et robuste. Lorsque des protéagineux sont introduits, la valeur nutritive est améliorée. « Le mélange triticale – pois fourrager – vesce est le plus approprié pour la problématique de verse et pour l’apport alimentaire. » Des essais pour remplacer le triticale par du seigle ont été conduits. « Les bonnes années, le seigle est plus productif. Les moins bonnes années, il devient plus problématique. Il est plus opportun de travailler avec du triticale que du seigle combiné avec du pois fourrager et de la vesce », analysait Julien Fortin.

Les responsables de la ferme de Thorigné d’Anjou se sont également questionnés sur l’incidence du stade de récolte sur la biomasse et les valeurs alimentaires. Plus un mélange est récolté tôt, plus du potentiel productif est perdu.

L’impact des aléas météos a également été étudié. Un excès d’eau l’hiver pénalise la valeur azotée des céréales et des protéagineux. Plus le stress hydrique est important, plus la productivité de la céréale baisse.

Les mélanges céréales-protéagineux constituent des fourrages incontournables. Le rendement moyen en ensilage est intéressant et constant : 8,5 t MS/ha avec une variation de plus ou moins 2,2 t MS. Deux points de vigilance sont tout de même à avoir en tête : le stade de récolte évolue rapidement et le tassement du silo est primordial. Ces mélanges peuvent également être récoltés en grains.

 

LGF