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Une sélection de livres pour rester à la page

Idée cadeau par excellence, pour faire plaisir à ses proches comme à soi-même, le livre sera encore l’un des présents majeurs sous les sapins la semaine prochaine. Voici une sélection.

Une sélection de livres pour rester à la page

Pour les personnes en retard dans leurs achats de Noël ou celles qui veulent prendre le temps de se poser pendant les fêtes de fin d’année, voici une sélection d’ouvrages à l’accent régional et/ou en lien avec le monde agricole.

Une encyclopédie « vachement » complète

Bien sûr, tout le monde connaît les prim’holstein, les montbéliardes, les salers et autres aubracs ou charolaises... On sait aussi que les brunes « ne comptent pas pour des prunes », sans oublier les abondances, les jersisaises ou encore les ferrandaises. On sait les qualités des blanc-bleus et le côté décoiffé des highlands, envié par les blondes... Et ce ne sont que quelques exemples. Car la liste des seules races bovines présentes sur le territoire français est « longue comme le bras ». Ou désormais, pourrait-on dire, « épaisse comme un livre » : celui de Daniel Brugès, illustré de splendides photos de Laurence Barruel. Vaches, qui vient de paraître aux éditions De Borée, brosse au fil de presque 200 pages le portrait de 46 races bovines présentes en France, jusqu’à celles aux effectifs quasi-confidentiels. Pour chacune, un éleveur témoigne. « Ce fut l’occasion de quelques découvertes », ne cache pas Daniel Brugès, fils de paysan, fier de rappeler que c’est « un sang d’éleveur qui coule dans (ses) veines ». Il se félicite notamment de la féminisation du métier, du maintien d’une belle diversité de systèmes d’exploitation, d’une approche souvent affective des relations entre homme et animal, que les animaux soient soignés pour en faire des bêtes de concours ou, au contraire, qu’on fuit les podiums. « Il fallait surtout qu’il y ait de l’humain », insiste l’auteur, qui espère apporter ainsi sa modeste contribution contre l’agribashing.

Vaches, Daniel Brugès et Laurence Barruel, éditions De Borée, 29,90 euros.

 

Le coureur des bois

On connaissait les talents de conteur de la France rurale de Maurice Chalayer à travers ses précédents romans ainsi que sa passion pour le monde du bois. On ignorait de l’ancien professeur de la MFR de Lamure-sur-Azergues (Rhône) son intérêt pour la course à pied. Il raconte ici la vie de Joseph Guillemot, enfant de la Haute-Vienne devenu champion olympique. Outre l’exhumation d’un talent méconnu du grand public, Maurice Chalayer se plaît à replonger dans le contexte de l’époque : la division de la société française autour de la laïcité avec la fameuse loi de 1905, le parfum de la revanche puis la Grande guerre à laquelle le champion a participé et où il a été victime des gaz allemands. En 1920, c’est le Graal : la victoire sur 5 000 m aux JO d’Anvers au nez à la barbe du Finlandais Nurmi.

Le porteur de joie, Maurice Chalayer, éditions De Borée, 19,90 euros

 

Amour, gloire et… déboires

La vie d’un vignoble n’est pas un long fleuve tranquille, celle du Beaujolais en particulier. Devenu star internationale grâce à son primeur du troisième jeudi de novembre, le Beaujolais a vécu des lendemains qui déchantent, un véritable plan social à l’échelle d’un territoire. L’avarie, avec ses conséquences économiques et humaines (arrachage, banqueroute), nous sont racontées par David Bessenay (également journaliste à Paysans de la Loire). Son travail d’enquête fouillé repose sur les témoignages des principaux acteurs de cette période. Après les années noires, l’espoir d’un renouveau avec une génération nouvelle, des pratiques plus vertueuses et une confiance retrouvée se font jour. La mutation est en route.

Beaujolais. Gloire & déboires, David Bessenay, éditions Héraclite, 19 euros

 

Sur la route…

Pour Thierry Bailliet, l’agriculture mérite d’être expliquée. Connu pour sa chaîne YouTube Agriculteur d’aujourd’hui lancée en 2013, ce polyculteur-éleveur des Hauts-de-France prend cette fois-ci la plume. L’objectif de cet ouvrage : reconnecter le grand public à l’agriculture. « Comment un consommateur peut-il comprendre nos contraintes s’il ne nous connaît pas ? Comment peut-il être équitable dans ses exigences en ayant perdu tout repère sur la production, les saisons, le travail des agriculteurs ? » explique Thierry Bailliet. Après sept années d’existence sur les réseaux, pourquoi le youtubeur a-t-il eu besoin d’en passer par l’écrit ? « La vidéo c’est bien, mais si on veut avoir la chance d’être écouté par tous et de toucher les médias, le meilleur moyen, en France, c’est le livre », expliquait-il à l’automne dans les colonnes de Terres et Territoires. Pendant un an donc, l’exploitant a sillonné le pays à la rencontre de dix agriculteurs-rices “connectés” ayant des pratiques, des productions, des techniques différentes et inspirantes, aux quatre coins de la France, avec tous comme point commun l’envie de valoriser leur métier. « Le plus beau métier du monde », selon l’auteur, qui y appose son regard d’agriculteur d’aujourd’hui, convaincu par les solutions d’avenir qu’offrent les agricultures, dans toute leur diversité.

Dans les bottes de ceux qui nous nourrissent, Thierry Bailliet, éditions France Agricole, 19,90 euros

 

Balle au centre

Depuis quelques mois, les amateurs de football sont frustrés, contraints d’assouvir leur passion derrière l’écran de télévision plutôt qu’au stade. Grâce à Hugo BD, les plus jeunes peuvent aussi se tourner vers la bande dessinée avec la réédition en un volume des deux opus parus en 2015 et 2016. Frères ennemis et Contre-attaque plongent les lecteurs auprès d’une des équipes du centre de formation de l’AS Saint-Etienne, autour de rivalités interne entre joueurs et externe avec le voisin lyonnais. Du centre d’entraînement de L’Etrat au stade Geoffroy-Guichard, on marche dans les pas de cette équipe, dans un cocktail mêlant suspense, humour et rebondissements.

Les Verts, l’intégrale, Brrémaud et Armentaro, 14,95 euros

 

« Vois-tu-moi-le »

Beauseigne, à cacasson, être en caisse… Autant d’expressions caractéristiques du département de la Loire que Jean-Baptiste Martin compile dans son ouvrage Les 200 mots les plus typiques du parler ligérien. Ce professeur honoraire des universités, auteur d’une trentaine d’ouvrages sur la variation géographique du français et sur les langues régionales, y glisse des exemples issus de collectes orales ou de la littérature régionale. Surtout, la rubrique étymologique et historique apporte une explication à chacun de ces mots et expressions : la majorité sont des permanences du substrat dialectal, quelques-uns sont des archaïsmes du français, la plupart viennent du latin, les autres sont d’origine germanique, gauloise ou onomatopéique.

Les 200 mots les plus typiques du parler ligérien, Jean-Baptiste Martin, éditions Jean-Pierre Huguet, 15 euros

 

Les pratiques agricoles en question

Petit-fils d’agriculteur, Fabien Rodhain n’a jamais oublié ses premières amours. En parallèle de son parcours professionnel, le Lorrain d’origine s’est pris de passion pour l’écriture. Après plusieurs romans sur le développement personnel et l’évolution humaine, puis une pièce de théâtre, il s’est lancé dans une série de bandes dessinées autour de l’agriculture. La trame des Seigneurs de la terre, minutieusement illustrée par Luca Malisan, débute en 1999. Florian, alors jeune avocat, est le fils d’un agriculteur en sud Rhône-Alpes, président de la coopérative régionale. Alors qu’il n’y connait rien - ou presque - au travail de la terre, il accompagne son père pour un voyage d’études au Paraguay, financé par un fournisseur de produits phytosanitaires. A chaque tome (le cinquième est paru cet été), l’auteur cherche à faire passer des messages à travers un récit de pure fiction : « Il me fallait trouver un équilibre entre l’histoire fictionnelle (disputes, séparation, sensualité, etc.) et la dramaturgie (réalité du terrain) pour tenir les lecteurs en haleine. »

Divers thèmes sont abordés : l’évolution des générations, l’installation de jeunes agriculteurs dans un contexte parfois compliqué, les paysans sans terre, le suicide, la démission de Nicolas Hulot, les parcelles gigantesques de soja OGM à l’étranger, les coûts de revient et le chiffre d’affaires des agriculteurs, les effets à long terme des OGM et des pesticides sur les êtres vivants, etc. « Mon combat est de montrer la réalité du milieu agricole », souligne Fabien Rodhain. Dans le sixième opus, attendu pour le deuxième semestre 2021, il fera passer un message universel, « en lien avec ce que nous sommes en train de vivre, avec l’effondrement de notre société actuelle ». La résilience sera le mot de la fin : « Durant le confinement, et dès les premiers jours, la seule voie qui ne s’est pas essoufflée est celle de l’agriculture. Le monde agricole offre une proximité et une simplicité. Dans ce tome 6, le personnage acquiert la même prise de conscience que moi : la quête de la résilience va continuer à s’imposer ; et qui dit résilience, dit polyculture et animaux, à l’échelle de la ferme. »

Les Seigneurs de la terre, Fabien Rodhain, éditions Glénat, 13,90 euros par tome.