Koh-Lanta
« Être dans la difficulté m’a plu »

Une nouvelle édition du célèbre jeu d’aventures de TF1 débute mardi soir (21h10). Comme il y a un an avec Candice Rousset, l’un des aventuriers de Koh-Lanta vient de la Loire. A quelques jours de la première diffusion, rencontre avec Jean-Charles Chatelus, 40 ans, qui travaille le bois et vit dans les monts du Forez.

« Être dans la difficulté m’a plu »
Jean-Charles, 40 ans, est fustier de profession et vit dans les monts du Forez. © A. Issok / ALP / TF1

Comment abordez-vous la première de Koh-Lanta, mardi soir ?

Jean-Charles Chatelus : « J’ai prévu des soirées pour assister aux diffusions avec mes amis, donc je suis content, c’est une occasion supplémentaire de se retrouver. En revanche, je ne sais pas à quoi m’attendre car la télévision, ce n’est pas trop mon truc. Je suis donc assez curieux de voir ce que cela va donner. »

Suiviez-vous cette émission avant ?

J.-C.C. : « Non, je n’ai pas de télévision depuis 20 ans, quand j’étais étudiant. Pour moi, Koh-Lanta était un terme générique que les gens autour de moi emploient tout le temps dès qu’on fait un truc extrême ou qu’on mange quelque chose qui sort de l’ordinaire. »

Pourquoi avoir voulu participer alors ?

J.-C.C. : « Je mène une vie assez simple, sobre, proche de la nature, avec peu de besoins. J’aime les rapports sociaux, l’interaction humaine et je me demandais comment cela se passe dans le dénuement, quelle part de nous ressort dans ces moments qui caractérisent justement Koh-Lanta. »

Avant le départ pour les Philippines, avez-vous sollicité des conseils de la part d’anciens candidats ?

J.-C.C. : « Pas du tout. Quand j’ai su que je pouvais être sélectionné, j’ai visionné la saison remportée par Maxine (diffusée il y a un an, NDLR), mais je ne me souviens même pas de tous les prénoms… Pourquoi pas dans le futur, pour échanger et partager sur cette expérience. »

On met souvent en avant la faim, le manque de sommeil. Quelles faiblesses potentielles aviez-vous identifiées ?

J.-C.C. : « Une ou deux fois par an, je m’astreins à un jeûne de dix jours, je n’avais donc pas d’inquiétude quant à la nourriture. Je ne suis pas non plus un gros dormeur et le manque de sommeil n’influe pas sur mon moral ou mes réactions. Ces deux difficultés préconçues se sont confirmées sur place, mais il y’en a d’autres : l’humidité et le fait d’être mouillé tout le temps ou presque, le froid, les relations avec les autres, même si j’ai un caractère plutôt facile… »

Sans tout dévoiler, quel bilan dressez-vous ?

J.-C.C. : « Avec cette aventure, je voulais chercher des réponses, mieux me connaître dans mon rapport aux autres avec des conditions de vie difficiles. De ce point de vue-là, je suis très content. J’ai appris aussi que l’être humain est nul en survie, pour chercher de la nourriture. Je me pensais meilleur (rires). Être dans la difficulté m’a plu. Le retour au quotidien ? J’ai travaillé dès le lendemain et j’ai enchaîné, donc je n’y ai plus pensé. Quinze jours plus tard, tout cela me paraissait assez flou, comme une parenthèse. »

« Je crois avoir été 100 % naturel »

Quel a été votre rapport à la stratégie ?

J.-C.C. : « J’avais noté cet aspect du jeu dans la saison que j’ai regardée. Cela ne m’intéresse pas. Il faudra demander à mes proches, mais j’estime être sociable et gentil. Je me disais que je pouvais nouer des liens sans être naïf car il faut des soutiens pour aller loin, mais je crois avoir été 100 % naturel. J’espère que cela se verra. »

Comment percevez-vous la notoriété qui va arriver ?

J.-C.C. : « Pour l’instant, personne ne me reconnaît (rires). Cela n’a pas changé les rapports avec mon entourage, même si pas mal de mes proches en parlent. Je ne recherche pas la notoriété, continuer ma vie comme avant serait parfait. J’espère en tous cas que les sollicitations seront sympathiques et je ferai en sorte d’y répondre gentiment, notamment si elles viennent d’enfants, mais je n’ai rien fait d’extraordinaire, je ne sauve pas des vies. »

Entre polémiques, menaces et harcèlement, il y a eu quelques soucis les années précédentes. Cela vous inquiète-t-il ?

J.-C.C. : « N’étant pas présent sur les réseaux sociaux, j’en suis un peu protégé d’autant que je vis à la campagne. Il n’y a pas grand-monde ici et les personnes du village me connaissent déjà du fait du métier particulier que j’exerce. »

Ce n’est donc pas vous qui avez créé le compte Instagram à votre nom ?

J.-C.C. : « Ce n’est pas mon initiative, ni celle de la production… Je suis au courant de son existence, mais il faudrait que j’en aie un moi-même pour le faire bloquer. Or je ne suis pas décidé pour l’instant. Peut-être que je m’y intéresserai de plus près si des choses néfastes s’y passent. Je ne vois pas l’intérêt de créer un compte au nom de quelqu’un d’autre. Mon nom ne va pas faire venir des milliers d’abonnés (rires). »

Propos recueillis par Franck Talluto

Le bois, sa deuxième vie professionnelle

Dans son dossier de presse, TF1 présente Jean-Charles comme un quadragénaire au mode de vie « rustique », qui « a besoin de peu pour être heureux : la nature, son chien et ses livres ». Le parcours de celui qui a grandi à Feurs n’est toutefois pas si ordinaire. Son retour dans la Loire date ainsi de quelques mois seulement. Après des études à Saint-Etienne, sa ville de naissance, il a effectivement entamé une carrière de juriste en droit de l’environnement qui l’a conduit à vivre dans plusieurs pays. Jusqu’au jour où cet amoureux de la nature a voulu concrétiser son rêve de « construire (sa) maison en rondins de bois empilés et entrelacés » : « À Berlin, j’ai démarché un fustier et je me suis pris de passion pour ce métier alors que nous ne sommes pas manuels dans ma famille, à part mon grand-père. Il n’était alors plus possible pour moi de retourner travailler dans un bureau. » Jean-Charles s’est formé pendant trois ans en alternance, entre la MFR de Montbrison pour obtenir un CAP charpentier bois et un employeur basé dans l’Aveyron car on dénombre seulement « une vingtaine de fustiers en France ». Revenu s’établir dans le département depuis huit mois et installé à Saint-Jean-Soleymieux, son quotidien n’est finalement pas si éloigné que cela de sa première vie professionnelle : « Il y a quand même un lien entre le droit de l’environnement et la construction de maisons écologiques. »

Une émission en quête d’un second souffle

Les 24 candidats de cette nouvelle édition de Koh-Lanta entourent Denis Brogniart, animateur de cette émission depuis 2002. © Instagram/@denisbrogniart_off

 

Comme à chaque édition, Koh-Lanta fait évoluer une partie de ses principes de jeu afin de surprendre les participants et susciter l’envie du public de suivre cette nouvelle aventure jusqu’au bout. Habituellement, le totem d’immunité prémunit l’équipe ou le candidat gagnant d’une épreuve d’une éventuelle élimination. Les douze femmes et douze hommes qui se sont défiés aux Philippines ont cette fois dû composer aussi avec le totem maudit. « Perdre une épreuve, c’est en hériter, et subir l’une de ses nombreuses malédictions », indique TF1 en guise d’amuse-bouche.

Pour la chaîne, l’enjeu va bien au-delà du simple toilettage. Son émission phare se trouve à un tournant. Événement télévisuel du premier confinement, il y a deux ans, avec des audiences spectaculaires, Koh-Lanta s’épuise-t-il ? Le concept de TF1 et ALP production montre en tous cas quelques signes d’essoufflement. Le 14 décembre dernier, il a signé la deuxième plus mauvaise audience de son histoire pour une finale avec 4,4 millions de personnes devant leur écran. Plusieurs facteurs ont contribué à cet état de fait. Outre la diffusion de deux éditions par an, le retour régulier d’aventuriers “stars” rodés à la survie a pu lasser, en témoignent les messages postés sur les réseaux sociaux. La nouvelle programmation de ce rendez-vous familial, déplacé du vendredi au mardi soir, a également fait grincer des dents.

Un accroc à effacer

Le coup de grâce a été l’affaire de tricherie révélée par les médias (des candidats ont trouvé des moyens illicites de se nourrir, NDLR). Si Claude, l’une des icônes du jeu, a obtenu la majorité des votes des autres participants au détriment de Laurent, l’autre finaliste, Denis Brogniard n’a pas annoncé son nom en guise de vainqueur. L’animateur, aux commandes de Koh Lanta depuis 20 ans, informait que, dans ce contexte, les 100 000 euros mis en jeu iraient au Fonds Pour Bertrand-Kamal, « dédié au financement de projets de recherche d’excellence visant l’amélioration du dépistage et du diagnostic du cancer du pancréas », maladie qui avait emporté ce candidat en pleine diffusion de l’édition de à laquelle il avait participé. Jean-Charles et les 23 autres aventuriers arriveront-ils à effacer cet accroc pour remettre Koh-Lanta sur la voie du succès ? Début de réponse mardi soir sur TF1.

F.T.