Insertion professionnelle
A Pélussin, Le Relais collecte et trie 3 700 tonnes de textile chaque année

Des conteneurs blancs présents un peu partout dans le département permettent de déposer ses vêtements, linge de maison et chaussures inutilisés. Derrière, l’association Le Relais se charge de les trier et de les valoriser tout en remplissant une mission sociale.

A Pélussin, Le Relais collecte et trie 3 700 tonnes de textile chaque année
Le centre de tri Le Relais basé à Pélussin gère 916 conteneurs, dont quelque 300 situés dans la Loire, et collecte 3 700 tonnes de textile par an en moyenne.

Vous les avez forcément déjà croisés, à défaut peut-être d’y avoir prêté attention. Parkings de grande surface, abords de gymnases… Depuis 1984, Le Relais a essaimé aux quatre coins de la France ses conteneurs blancs dans lesquels on peut déposer vêtements, linge de maison et chaussures. Le tout est ensuite collecté puis dispatché dans les différentes antennes locales afin de contribuer à la mission première de cette association devenue le « premier opérateur de collecte/valorisation textile en France » : « Le retour à l’emploi des personnes en difficulté est un moyen de les aider à préserver leur dignité, à retrouver leur autonomie financière et leur place dans la société », peut-on lire sur son site internet.

Dans la Loire, on dénombre environ 300 conteneurs, chapeautés par le centre de tri basé à Pélussin. Pourquoi cette localisation plutôt que Saint-Etienne, par exemple ? « C’est un emplacement central puisqu’une douzaine de chauffeurs sillonnent un territoire qui va jusqu’aux portes de Roanne, de Grenoble, au sud de Valence et au sud de Lyon », explique Stéphane Jambon, directeur du site depuis sa création en 2012. Bon an, mal an, les 916 conteneurs qu’il chapeaute génèrent 3 700 tonnes à trier dans le Pilat : « C’est stable ces dernières années. On pourrait en traiter encore plus, mais il faudrait développer le parc de collecte. On n’a pas non plus la maîtrise de la chaîne. Par exemple, avec la crise sanitaire, la fermeture des magasins a fait que les gens achetaient moins de vêtements, donc triaient moins et donnaient moins… »

Des jeans transformés en isolant

Sur place, les salariés trient par catégories. Les 4 à 5 % de vêtements en bon état sont ensuite vendus chez Ding Fring, friperie située à Salaise-sur-Sanne (38). Celle-ci appartient au Relais de Pélussin, emploie huit personnes plus un responsable et permet de financer le centre de tri. Le reste se décompose en deux parts équivalentes. Une première part dans les Relais africains pour être vendue sur place. L’association y a ses propres structures « pour éviter les intermédiaires. L’argent collecté est réinvesti dans des projets comme des mielleries, des rizières, etc. » La seconde moitié part en chiffon d’essuyage (industrie, grandes surfaces). Enfin, les jeans bleus troués et/ou déchirés rejoignent l’usine de Billy-Berclau, dans le Pas-de-Calais, pour y être déchiquetés puis transformés en isolant revendu à de grandes enseignes.

Chauffeurs inclus, Le Relais emploie 45 salariés à Pélussin, dont 18 en insertion. « Des personnes en difficulté (chômage, pas de qualification, réorientation personnelle, etc.) qui passent en moyenne 16 mois et deux ans au maximum, note son directeur. Le but, c’est qu’elles ne restent pas, mais qu’on les aide à remettre un pied dans le monde du travail et à rebondir, en les remettant à flots financièrement aussi avec un salaire. » « La réussite de l’insertion, c’est quand quelqu’un nous quitte avec une formation ou un emploi », ajoute Stéphane Jambon, citant de belles réussites. Par exemple les chauffeurs, qui passent le permis poids lourds, précieux sésame pour décrocher un poste par la suite. Le panel de professions exercées par les désormais anciens salariés est large : assistantes maternelles, employé de pompes funèbres, agent de sécurité, etc.

Main dans la main avec d’autres associations

Tout n’est pas rose pour autant. La mission peut ainsi se révéler difficile, avec les plus jeunes en particulier. « Certains n’ont plus de repères du monde du travail : respect des horaires, absentéisme, etc. déplore le directeur. Sans généraliser, cela peut être compliqué avec les personnes de moins de 30 ans, à l’image de de notre société, avec les réseaux sociaux, l’idée de pouvoir gagner de l’argent facilement… Nous le vivons comme le vivent toutes les entreprises. »

Enfin, Le Relais opère une action indirecte par sa collaboration avec pas mal d’associations locales. Il sous-traite par exemple la collecte à Chrysalide sur le périmètre stéphanois et à Fil à Fil du côté de Chazelles-sur-Lyon. Il récupère aussi une partie du textile que ne peuvent pas exploiter des structures comme le Secours populaire. Vous ne verrez plus les conteneurs blancs de la même manière !

Franck Talluto