Femmes chefs d’entreprises
« Seules nous sommes invisibles, ensemble nous sommes invincibles »

La section Loire Forez de Femmes chefs d’entreprises (FCE) a officiellement été créée vendredi 26 novembre lors d’une soirée conviviale à Feurs. Présentation de ce réseau d’entrepreneuriat au féminin.

« Seules nous sommes invisibles, ensemble nous sommes invincibles »
La délégation Loire Forez de Femmes chefs d’entreprises (FCE) compte pour l’instant onze adhérentes.

Un lieu d’échanges et d’écoute unique, dans un esprit de convivialité et d’entraide, voici ce que trouvent les adhérentes, des femmes entrepreneurs, à FCE, Femmes chefs d’entreprises. Cette association internationale, avec des déclinaisons nationales et territoriales, vise à promouvoir la solidarité, l’amitié et le partage d’expériences au travers de liens privilégiés que les membres entretiennent dans leur délégation. La devise « Seules nous sommes invisibles, ensemble nous sommes invincibles » colle parfaitement à l’identité de FCE, qui existe depuis 1945, rayonne dans 70 pays et recense 100 000 adhérentes dans le monde. En France, l’association rassemble 2 000 adhérentes.

Vendredi 26 novembre, de nombreux invités, des acteurs économiques locaux et régionaux, étaient réunis pour le lancement officiel de la délégation Loire Forez de FCE, autour des onze femmes chefs d’entreprises qui constituent pour l’instant cette nouvelle section. Béatrice Brunel, leur présidente, indiquait que le groupe a travaillé pendant un an avant d’arriver à sa constitution officielle. « Sans ces onze femmes, rien n’aurait été possible. » Elle invitait naturellement les femmes chefs d’entreprises à rejoindre le groupe, qui ne demande qu’à s’étoffer.

Les femmes dans l’économie

La soirée était placée sous la thématique « Oser ! ». « Oser franchir le cap. Oser s’affranchir des réseaux voisins. Oser faire la différence. Oser solliciter des partenaires. Oser briguer des mandats. Oser fédérer. Oser partager. Oser la bienveillance, car c’est ce qui donne du sens à nos entreprises », lançait Carine Rouvier, présidente de FCE France, à la tribune, osant afficher ses escarpins tricolores.

A la tête de RG Group évoluant dans le milieu du BTP et du transport, Carine Rouvier estime que « les femmes comptent dans la reprise économique. Elles ont un énorme potentiel. Il suffirait d’aider les femmes à passer le cap pour relancer la France. L’entrepreneuriat au féminin, c’est la valeur et le sens à donner à une entreprise. » Pour elle, « la belle entreprise est l’entreprise qui correspond à nos valeurs ».

Jean-Pierre Taite, maire de Feurs et président de la communauté de communes Forez-Est, qui prenait la parole après la présidente de FCE France, ne pouvait que rebondir sur le caractère bien trempé et fonceur de cette femme chef d’entreprise. « Heureusement qu’en France, la parité a été instituée, parce qu’avec des femmes comme Carine Rouvier, les hommes n’auraient plus de mandat... » Il convenait que « les femmes ont une importance particulière dans notre pays, dans la politique, dans l’économie. » De poursuivre : « Ce sont les entreprises qui créent de la richesse sur un territoire. Quelles que soient la tendance des politiques, leur priorité doit être la création de richesse sur leur territoire. De l’aménagement du territoire dépend le bien-être sociétal. »

Oser !

Pour poursuivre sur le thème de la soirée, trois personnes étaient invitées à prendre la parole pour expliquer en quoi elles ont osé. Maéva Minet, étudiante en arts plastiques, a proposé l’exposition Femmes à nu à la maison de la commune à Feurs à l’automne. « J’ai eu une belle opportunité d’exposer mes premières œuvres. J’ai osé les exposer. Mon plus grand défi a été de prendre confiance en moi. » Cette jeune femme s’adressait aux femmes de l’assemblée : « Osez, tout simplement ! Lancez-vous !  Tout est possible. Les femmes doivent se rendre compte des valeurs qu’elles ont. »

Pour Frédérique Seret, « oser, c’est se dire que l’on va y arriver. Il faut savoir rebondir et avancer. » La présidente de la société Yvonne et Alexis, à Cervières, travaille pour la sauvegarde de la broderie au fil d’or. « J’ai grandi au milieu des femmes grenadières qui brodaient pour les armées du monde entier. Ce savoir-faire se transmettait de mère en fille. 68 a signé un coup d’arrêt à ce métier. La dernière grenadière a pris sa retraite en 2013. En 2016, j’ai repris l’association et j’ai réussi à convaincre des anciennes grenadières pour qu’elles transmettent leur savoir à une jeune brodeuse. » Le travail commence à porter ses fruits puisqu’une commande a été passée par le Duché du Luxembourg.

Pierre-Yves Ginet, grand reporter, co-rédacteur en chef du magazine Femmes ici et ailleurs, imprimé à Saint-Just-la-Pendue, expliquait à son tour qu’il a « osé créer un magazine sur les femmes. En voyant leur invisibilité dans la presse, je me suis dit que je n’avais pas d’autre choix que de le créer. Dans la presse, quand on parle des femmes, on est dans le stéréotype. Il me fallait casser cette image, même si c’est difficile de porter une presse engagée. J’avais besoin d’emmener le public à penser autrement sur la place des femmes dans le monde économique. » Pour Pierre-Yves Ginet, « tout est culturel, donc les choses peuvent changer ».

Lucie Grolleau Frécon