Les vignerons foréziens sont passés par tous les états en cette année 2019 : gel, grêle, sécheresse pour, au bout de compte, une récolte amputée de moitié. Le jeune président de la coopérative, Loïc Chèze, préférait néanmoins positiver : « On a peu traité cette année, les raisins étaient très sains et, au final, très concentrés. » Les cuvées ont atteint naturellement 13°, « un millésime chaud et tannique mais toujours avec des arômes de petits fruits rouges typiques des Côtes du Forez », poursuivait le vigneron, verre en main. Le bémol de l'année, c'est que, faute de volumes, notamment sur les terroirs volcaniques, il n'y aura pas de cuvée Montaubourg 2019. « Cette petite récolte en volumes ne met pas en péril les exploitations, mais il ne faudrait pas que cela se reproduise deux années de suite », prévient le président.
L'évènement, lundi soir, n'était pas seulement dans le contenu, aussi dans le contenant. Pour moderniser son packaging, la cave avait en effet demandé aux élèves de l'école de Design de Saint-Etienne de plancher sur un nouvel habillage. C'est Lucie Chateau qui a remporté le concours. « On s'offre un nouveau look, plus dans les codes actuels », se réjouit Loïc Chèze. Ce sont 2 000 bouteilles du millésime qui sont proposées à la vente en avant-première. Les autres volumes seront commercialisés à partir de juin. Entre temps, le blanc et le rosé 2019 auront fait leur apparition sur les étals.
Deux nouveaux “compaires”
Le lancement du millésime était, comme le veut la tradition, accompagné par une cérémonie d'intronisations assurée par la compairie du gai barrelet. Créée dans les années 1970, elle compte déjà plus d'un millier de compagnons parmi lesquels le regretté Wolinski et l'ex-président du Sénat, Christian Poncelet. Le premier intronisé, Sébastien Coquard, était parrainé par André Patard. Le président d'Agamy a dû essuyer en préambule quelques amicales railleries pour l'affection qu'il porte à... l'Olympique Lyonnais. Vigneron (et arboriculteur) à Bully, dans le Sud Beaujolais, Sébastien est, malgré son jeune âge, un responsable expérimenté. « J'ai entamé les responsabilités en 2002, à l'âge de 21 ans, se souvient-il. Je ne conçois pas mon métier de vigneron sans engagement. » Grand artisan de la fusion des coopératives de Quincié, Bully, Sain-Bel et Trelins, il a dit sa fierté et sa conviction à défendre les appellations confidentielles comme les coteaux-du-lyonnais ou les Côtes du Forez avec lesquelles « nous partageons l'amour du gamay ».
Sébastien Coquard a été aussi très proactif dans la création d'Agamy Vignobles, structure qui permet à des tiers d'investir dans le foncier viticole afin de faciliter des installations de jeunes vignerons. « Nous espérons avoir un jour un projet dans le Forez », a par ailleurs souligné Loïc Chèze à ce sujet. Parrain de Jean-Pierre Taite, le second intronisé, Raymond Vial a d'abord tenu à remercier les anciens responsables de la coopérative qui ont réussi à la maintenir à flots dans la tempête. Le président de la Chambre d'agriculture a ensuite déroulé la biographie du maire de Feurs : amateur - et pratiquant - de sports, jeune grand-père et homme politique de convictions. « Il est désormais reconnu par les agriculteurs de la région pour son action en la matière », assure-t-il. Heureux de ce nouveau “mandat”, Jean-Pierre Taite s'est montré volontaire et optimiste pour le vignoble forézien : « Il faut se battre pour le conserver. Avec le réchauffement climatique, il va devenir un grand vignoble. » Après avoir brillamment réussi l'épreuve de "descente du barrelet", les deux impétrants ont prêté serment. La compairie compte deux nouveaux membres de qualité !
David Bessenay
