Les Nuits de la lecture (du 18 au 21 janvier) constituent une bonne occasion de se pencher sur l’évolution des pratiques et des perceptions des Français envers le livre et la lecture. L’étude « Les Français et la lecture » apporte quelques éléments de réponses.
Quel rapport ont les Français avec la lecture en 2023 ? Si cette question n’est, somme toute, pas révolutionnaire, sa réponse apporte des éléments permettant d’illustrer l’évolution d’une tendance. En ce sens, le Centre national du livre (CNL) publie tous les deux ans une étude barométrique menée depuis 2015 par l’institut de sondage Ipsos autour de cette thématique.
L’objectif consiste à suivre l’évolution des pratiques et des perceptions des Français vis-à-vis du livre et de la lecture, de mieux comprendre leurs motivations ou leurs freins à lire et d’identifier les leviers qui les amènent ou les amèneraient vers la lecture. Cette enquête porte sur un échantillon de 1 000 personnes, représentatives de la population hexagonale (15 ans et plus) ?
86 % des Français se déclarent lecteurs
Pour la cinquième édition de cette étude, de nombreux éléments de réponses fournis ont pu être comparés à la précédente. À commencer par la statistique suivante : 86 % des Français se déclarent spontanément lecteurs (dont 24 % beaucoup). Soit une hausse de cinq points par rapport à 2021. Par ailleurs, les 25-34 ans font leur grand retour à la lecture, alors qu’ils avaient clairement moins lu que les autres tranches d’âges lors de la crise du Covid-19.
Pourtant, ces données optimistes sont entachées par quelques fragilités. Bien que de nouvelles pratiques de lecture (audio ou numérique) se renforcent progressivement, les 15-24 ans sont en plein décrochage. Un point l’atteste très clairement : un jeune sur cinq affirme ne pas lire du tout. Par ailleurs, si une importante progression est observée en matière de la lecture au format numérique, elle l’est surtout chez les moins de 25 ans. En revanche, pour les plus de 50 ans, cet usage se fait discret. Également, 46 % des moins de 35 ans ont déjà écouté un livre audio. Un constat peut donc être établi : les nouvelles pratiques de lectures, importantes chez les plus jeunes, seront sûrement confortées dans les années à venir.
En matière de genres littéraires plébiscités, la bande dessinée affirme son succès auprès de toutes les tranches d’âges. En effet, celle-ci affiche la plus importante progression, confirmant sa montée en puissance (+14 points par rapport à 2021), et même auprès des plus de 35 ans. Les livres pratiques, arts de vivre et loisirs se hissent quant à eux en tête des genres appréciés. Bien qu’ils soient plus ancrés chez les moins de 25 ans, les mangas et comics progressent considérablement sur cette tranche d’âge (+11 points)
Sur le plan économique, les alternatives à l’achat de livres neufs se développent. Ceux reçus en cadeaux ou prêtés (+14 points), au même titre que les achats d’occasion font l’objet d’un développement assez significatif et ce, en particulier chez les grands lecteurs. Ces derniers le justifient par une tendance de fond à plus long terme dans un contexte économique en tension. Pour autant, l’achat de livres neufs pour soi retrouve les niveaux enregistrés en 2019 et dépasse ceux de 2021. Si les librairies et les grandes surfaces culturelles se positionnent toujours comme les principaux lieux d’achat de livres, la vente en ligne est en grande augmentation (+10 points).
L’écran largement supérieur à la lecture
Peut-on réellement parler de concurrence entre la lecture et l’écran, quand le second est omniprésent dans la vie de chacun ? En 2023, clairement non ! Le temps consacré à la lecture est très inférieur à celui passé sur écran. Les données parlent d’elles-mêmes : si les Français consacrent en moyenne 41 minutes par jour (soit 4h47 par semaine) à lire des livres, ils passent quotidiennement 3h14 (soit 22h38 par semaine) sur écran. Ils se justifient par une pratique de bon nombre d’autres activités, notamment dématérialisées, et ont donc un sentiment général de manquer de temps pour la lecture.
Désormais partie intégrante de la vie des Français, ces activités dématérialisées peuvent néanmoins être des alliées du livre, notamment chez les plus jeunes, qui se déclarent particulièrement réceptifs aux recommandations et à la présence des auteurs sur les réseaux sociaux. Ce biais se révèle être un véritable levier pour les inciter à la lecture : pour 39 %, la présence de l’auteur sur les réseaux sociaux, et pour 44 % d’entre eux, la recommandation d’un influenceur suivi sur ces plate-formes les inciteraient à acheter un livre avant de se rendre sur le point de vente. En outre, pour 51 %, voir ou entendre une personnalité qu’ils aiment parler de ses lectures sur les réseaux sociaux ou encore, pour 58 % d’entre eux, recevoir des conseils via ces applications ou sites par les personnes qu’ils aiment suivre, les inciteraient à lire plus.