NEGOCE MACHINISME
Le commerce en berne

Basé à Balbigny mais rayonnant sur un gros quart du pays, Jean-Baptiste Colboc, distributeur de plusieurs marques, est aux premières loges pour constater l'impact de la crise sanitaire sur l'activité des concessionnaires agricoles.
Le commerce en berne

Installé depuis avril l'an passé, Jean-Baptiste Colboc avait sans doute imaginé souffler sa première bougie dans d'autres conditions. Agent commercial pour plusieurs marques (uniquement du matériel tracté : Güttler, Euromark, Murska et ALB Innovation), il fait du négoce sur tout le quart Sud-Est de la France, de la Méditerranée à la Nièvre. Le voilà lui aussi, si ce n'est en confinement total, au moins en mobilité extrêmement réduite. « Habituellement je fais 7 000 km/mois, ce mois-ci, seulement 500... », résume-t-il.

Au téléphone

Il s'est adapté et passe désormais beaucoup plus de temps avec les oreillettes que sur les routes. « Les équipes commerciales des concessionnaires sont réduites, et tout se passe essentiellement au téléphone. Mon activité s'est réduite de 70 %. Tous les territoires sur lesquels je travaille sont impactés de la même manière. » Et ce passage au commerce à distance ne fait les affaires de personne « Ne pas avoir de contact terrain avec les agriculteurs, c'est très pénalisant. Ils décalent leurs prévisions d'achats. Contrairement à l'industrie, l'agriculture n'est pas un milieu qui signe un bon de commande électronique. Ils ont besoin de voir de visu », analyse le professionnel. A la marge, le distributeur fait encore quelques démonstrations de matériel « mais seul chez un agriculteur, en présence d'un nombre de personnes très limité et en interdisant de monter dans la cabine du tracteur pour limiter les risques de contamination. ». Autre frein majeur au commerce de matériel agricole, la situation des usines de fabrication, qui en France comme à l'étranger « avaient fermé pour la plupart. Elles rouvrent progressivement, au compte-goutte. Encore 50 % des petits constructeurs sont fermés et les gros tournent au ralenti... » Le ralentissement de l'amont de la filière entraine des problèmes insolubles pour l'aval. « Les délais de livraison ont augmenté et ils sont compliqués à respecter. Le matériel pour les foins risque d'être livré... après les foins. » S'ajoute également le problème des transports, au ralenti également « sans doute car il y a moins de chauffeurs et que les frontières sont fermées. » La filière continue néanmoins d'assurer le quotidien « Les réparations se font, avec précaution. On dépose le tracteur à l'entrée de la ferme... Il est encore possible pour les professionnels d'obtenir une intervention et des pièces, contrairement aux particuliers. »

Quid des grands salons de l'automne ?

Les mois à venir seront surement difficiles pour les trésoreries mêmes si les entreprises de matériels agricoles sont concernées par les aides mises en place par le gouvernement (reports d'échéances de prêts, etc.). Jean-Baptiste Colboc se dit particulièrement préoccupé par les prochaines échéances. « Au printemps, il y a peu d'événements professionnels, même si nous avons raté le comice de Feurs qui a un impact local important. Mais j'ai des doutes sur la tenue des grands salons de fin d'année. Ils jouent un rôle déterminant sur le volume d'affaires. mais pourra-t-on seulement les organiser ? ». Une année 2020 qui restera, quoi qu'il arrive, dans les annales. « Avant le Covid-19, nous étions partis sur une année correcte, standard », se souvient le distributeur ligérien. Avant le Covid-19... une autre époque.

David Bessenay