Conseils
Comment choisir son reproducteur ?

Alors que des élevages prennent part à la journée commerciale proposée à la place de la Fête du charolais pour faire la promotion de leurs reproducteurs à vendre, voici quelques conseils dispensés par François Lapendery pour faire le bon choix. Eleveur charolais à Saint-Haon-le-Vieux, ayant acheté, mais aussi vendu, de nombreux taureaux, il n'hésite pas à partager son expérience.
Comment choisir son reproducteur ?

En attendant la journée commerciale du samedi 24 octobre dans les élevages ayant inscrit des animaux reproducteurs pour la Fête du charolais (élevages et animaux à vendre à consulter ici), François Lapendery donne quelques conseils aux éleveurs qui souhaiteraient acheter un mâles. Il recommande d'acheter le reproducteur dans un élevage qui sélectionne depuis longtemps car « les caractères sont plus fixés ». De plus, pour avoir de nombreuses données pour caractériser un animal, au moins sur la période allant de sa naissance à 210 jours, « mieux vaut se rendre dans un élevage qui adhère au contrôle de performances », et encore mieux, « d'acheter des animaux certifiés » (adhésion à un Organisme de sélection pour l'inscription à un livre généalogique attestant que l'animal est de race pure et conforme au standard de la race). « Je conseille de regarder les papiers du reproducteur et de ses parents » (généalogie, poids âge type, pointages, index...), « tout en ayant en tête les caractéristiques de son propre cheptel ». Effectivement, acheter un taureau a pour objectif d'améliorer les performances de son troupeau et de corriger ses défauts. Par exemple, « si je cherche à avoir des vaches ayant plus de lait, j'achète un mâle dont le père et la mère ont un bon ALait, l'index laitier. » Il ne faut pas hésiter non plus à consulter le BGTA de l'élevage car il donne une vision globale du troupeau.


François Lapendery convient qu'il n'est pas toujours facile de choisir un reproducteur. « On peut s'appuyer sur les papiers, et surtout, il ne faut pas hésiter à se faire conseiller par le vendeur. » Ce dernier « a tout intérêt à aider l'acheteur potentiel et à bien le conseiller car un client satisfait reviendra acheter les années suivantes ». L'éleveur incite également les acheteurs à se munir des papiers des taureaux déjà en service dans leur troupeau pour que le choix du nouveau taureau soit cohérent et pour éviter la consanguinité si des pedigrees étaient proches.


Lors de l'achat d'un reproducteur, il faut prendre du temps pour l'observer, tant pour détailler la morphologie que pour le comportement. « C'est mieux de le regarder au pré ou sur une dalle en béton plutôt que dans une case sur du fumier pour éviter de passer à côté de défauts sur les pattes. Il faut le faire marcher pour apprécier sa démarche et ses aplombs. C'est important d'avoir un taureau qui ait des bonnes pattes arrière et de bons jarrets pour une saillie en toute tranquillité. » De plus, « c'est bien d'essayer de lui toucher le cuir, pour juger son épaisseur. Pouvoir ainsi approcher l'animal donne aussi une idée de son caractère ». François Lapendery ajoute : « Ca va de soi, mais on n'y pense pas toujours, il faut bien vérifier que le mâle ait les deux testicules... » D'ailleurs, « des éleveurs proposent à leurs clients de faire un test de sperme du taureau pour garantir à l'acheteur que le taureau est fécond ». De plus, « il ne faut pas faire saillir trop tôt un jeune veau et ne pas le mettre avec beaucoup de femelles. Je conseille aussi toujours de surveiller la première saillie pour voir comment le taureau se comporte. »

Concrètement

Un reproducteur doit être acheté en fonction de son propre élevage et de s'il est destiné à saillir des vaches ou des génisses. Il faut aussi « prendre en compte la demande de la filière et des consommateurs : la filière veut de bons rendements de carcasse et les consommateurs des morceaux moins gros ». Plus concrètement, « pour un taureau à mettre avec des vaches, choisir un mâle qui a l'os fin, du muscle au niveau de l'arrière train et sur le dos, et le cuir fin sur la cuisse. On dit qu'un animal qui a un bon grain de viande a le cuir fin. C'est intéressant pour le rendement en muscle. » Si c'est un taureau pour les génisses, « il devra produire des petits veaux » pour que le premier vêlage se déroule au mieux. Pour cela, François Lapendery conseille de s'inspirer des index facilité de naissance du père et de la mère (IFNais). « Le taureau doit aussi avoir eu une bonne croissance, tout comme ses frères et sœurs. » Comparer la croissance du taureau à celle des autres animaux permet de se rendre compte s'il a été plus alimenté que les autres ou pas. « On peut regarder les pesées à 120 jours et 210 jours des veaux, les ISevr des parents (Index au sevrage), et les comparer à la moyenne de l'élevage. Il faut aussi se renseigner sur la production laitière de la mère. Le poids à 120 jours du veau est un bon indicateur. Il faut bien évidemment le comparer à la moyenne de l'élevage. Il y a aussi l'index ALait de la mère. »


Pour François Lapendery, l'acheteur doit aussi tenir compte de l'Ivmat du père et de la mère du taureau (index de synthèse sur les qualités maternelles). «On constate que, dans un même élevage, les broutards et laitonnes issus des mères ayant les meilleurs Ivmat sont vendus plus tôt. Derrière cet index, on retrouve des notions économiques. » Quant au développement squelettique, « il doit être correct pour ne pas avoir de trop grandes carcasses ».


De plus, un éleveur qui participe aux concours avec des animaux doit bien évidemment regarder les qualités de race. « J'ai bien conscience que pour un producteur de broutards, les qualités de race n'apporsstent pas de plus-value. Mais c'est quand même plaisant d'avoir des animaux avec des jolies têtes... » Dans tous les cas, « il faut regarder le caractère de l'animal pour qu'il soit facile à manipuler ensuite chez soi », sans prendre de risques. Pour cela, François Lapendery conseille d'observer le comportement de l'animal lui-même et de l'ensemble du troupeau, mais aussi regarder comment se comporte l'éleveur avec ses animaux, son attitude, son langage.

Lucie Grolleau Frécon