FDSEA-JA
Histoire du syndicalisme : ça s’est passé en septembre

En 1884, une loi légalise les syndicats professionnels. De novembre 1943 à janvier 1944 sont constitués les comités qui deviendront les syndicats agricoles locaux. Quels événements ont marqué ces 140 ans ? Focus sur les dates importantes de septembre.

Histoire du syndicalisme : ça s’est passé en septembre
200 000 personnes sont réunies dimanche 29 septembre 1991 à Paris dans le cadre de la mobilisation Dimanche des terres de France. Plus de 1 000 ont fait le déplacement de la Loire, des adhérents à la FDSEA et au CDJA, des salariés d'OPA, des élus... ©Paysans de la Loire

Un an après La grande moisson (manifestation à Paris, à lire ici), la FNSEA et le CNJA (ancien nom de Jeunes agriculteurs) appellent à nouveau à la mobilisation dans la capitale dimanche 29 septembre 1991. Le mot d’ordre du Dimanche des terres de France est : « Sauver le monde rural ». Les agriculteurs s’opposent à la réforme de la Pac qui est en discussion et estiment que l’acte de production doit être rémunéré. Plus largement, l’objectif est d’échanger avec les Parisiens, les représentants de la presse et les élus pour expliquer les difficultés de l’agriculture et les menaces qui pèsent sur le monde rural. Les revendications seront reprises tout au long de l’automne par le syndicalisme pour obtenir des mesures dans la loi de finances de 1992, mais aussi une révision des positions de l’Union européenne.

Pour que la campagne reste vivante

Agriculteurs, salariés d’organisations agricoles et d’entreprises de filières agricoles, artisans, commerçants et élus ruraux sont plus de 200 000 à Paris. Dans la Loire, la manifestation avait été activement préparée par la FDSEA et le CDJA. Deux semaines avant le déplacement à Paris, 1 100 personnes étaient inscrites. « Ce chiffre en dit long sur le ras le bol des agriculteurs, mais aussi de l’ensemble du monde rural » peut-on lire dans le journal Paysans de la Loire du 28 septembre, qui relate l’ultime réunion avant la manifestation. « Il est impératif que ce grand rassemblement national soit totalement une réussite par son calme et sa dignité. » Les organisateurs craignent des débordements, qui pourraient être utilisés contre eux par certains hommes politiques. Finalement, FNSEA et CNJA sont restés maîtres de la mobilisation.

Dans la matinée, vingt régions de France vont dans chaque arrondissement de Paris dialoguer avec les Parisiens et leur présenter les produits de leur terroir. La région Rhône-Alpes élit domicile dans le 11e arrondissement. A midi, sur le cours de Vincennes, est organisé un pique-nique des Terres de France, auquel les citadins sont conviés.

Le défilé prévu l’après-midi doit changer de circuit au dernier moment en raison du nombre conséquent de manifestants. Le meeting de milieu d’après-midi se voulait être « un coup de semonce aux pouvoirs publics », avaient annoncés les organisateurs. Philippe Mangin, et Raymond Lacombe, respectivement présidents du CNJA de la FNSEA, présentent les propositions des agriculteurs et du monde rural pour que la campagne reste vivante.


A découvrir : le reportage d'Antenne 2 au sujet du Dimanche des terres de France. Source Ina.


1 700 tracteurs à Paris

Les années passent et les agriculteurs n’ont de cesse de revendiquer de vouloir vivre de leur métier. L’année 2015 en est un des exemples. Depuis la fin de l’hiver, la FDSEA et les JA alertent les pouvoirs publics et les entreprises sur la gravité de la situation des éleveurs. Selon eux « malgré des tentatives de négociations, des tables rondes… trop de membres de la filière ne jouent pas le jeu et ne tiennent pas leurs engagements » (extrait du journal Paysans de la Loire du 21 août 2015). L’administration est également visée. Ils lui demandant de réaliser plus de contrôles à l’aval des filières agro-alimentaires.

Alors que des promesses sont faites sur des hausses de prix, aucun engagement formel n’est constaté. Le réseau FNSEA-JA décide alors d’une grande action dans la capitale début septembre. Les responsables syndicaux ligériens l’affirment : « La Loire sera présente le 3 septembre à Paris avec des tracteurs ! » En quelques jours, les choses s’organisent dans le département et dans ceux traversés pour accueillir les tracteurs.

Quatre tracteurs et cinq chauffeurs ligériens, identifiés FDSEA et JA, ainsi qu’une voiture d’assistance, prennent la route mardi 1er septembre de Roanne en direction de Paris. Sur leur route, ils rejoignent d’autres tracteurs. Objectif : manifester le jeudi à Paris et obtenir des mesures pour sauver l’agriculture française. Pour Bertrand Lapalus, secrétaire général de la FDSEA de la Loire, qui a pris la route au volant de son tracteur, « les agriculteurs sont capables de bloquer Paris. Nous voulons faire comprendre par cette action que si nous n’avons pas de réponses concrètes jeudi pour sauver l’agriculture française, nous sommes en mesure de paralyser la France entière ».

Les quatre tracteurs venus de la Loire se retrouvent en tête d’un des cortèges au moment d’entrer dans Paris en septembre 2015. Photo fournie par la FDSEA de la Loire.

Jeudi 3 septembre 2015, 1 700 tracteurs et plusieurs milliers de manifestants venus de toute la France convergent vers la capitale. A l’issue de la rencontre avec les responsables syndicaux, le Premier ministre, Manuel Valls, annonce un renforcement du plan de soutien à l’élevage décidées en juillet. En plus des mesures immédiates pour soutenir les agriculteurs en difficulté, le « plan élevage » intègre un volet de soutien aux investissements. Les Etats généraux de l’alimentation, lancés en juillet 2017, trouveront leur origine notamment dans ce mouvement de 2015.

La paille arrive par train en septembre 2011

L’année 2011 est marquée par une sécheresse de printemps. Comme ce fût le cas dans le passé, la FDSEA, les Jeunes agriculteurs et la Chambre d’agriculture se mobilisent, dans le cadre de l’Association solidarité sécheresse Loire (ASSL) 2011 constituée pour l’occasion, afin d’acheminer de la paille dans les fermes du département et ainsi compenser le manque de fourrages. 30 000 tonnes de paille sont commandées par les agriculteurs de la Loire. Les zones habituelles d’approvisionnement de la Loire (Cher, vallée du Rhône) ne suffisent pas suffi pour répondre aux besoins. Il faut aller plus loin pour trouver les volumes supplémentaires (notamment dans l’Oise).

Les premières bottes de paille sont acheminées par la route dans l’été. Pour accélérer le mouvement et libérer les parcelles des céréaliers où sont stockées les bottes de paille, l’ASSL, appuyée par la FNSEA et les services de l’Etat, sollicite la SNCF. Elle répond favorablement en mettant à disposition dix rames à l’échelle nationale. L’une d’elle est attitrée à la Loire : deux jours sont nécessaires pour charger et autant pour décharger ; les autres jours de la semaine sont consacrés au déplacement. Le train part d’une gare de l’Aisne, au sein d’une base de l’armée. Dans le Roannais, secteur le plus touché par la sécheresse, c’est la gare de Saint-Germain-Lespinasse qui remplit les conditions nécessaires (déchargement, accès).

En deux mois, sept convois de 30 wagons chacun, représentant 3 000 tonnes de paille, sont arrivés en gare de Saint-Germain-Lespinasse. ©LGF

Le premier train arrive lundi 5 septembre 2011. La FDSEA a en charge la logistique. Les agriculteurs locaux se mobilisent pour le déchargement des bottes et le chargement dans les chars, pour les agriculteurs les plus proches, et dans les camions des transporteurs, pour les fermes les plus éloignées. C’est le cas jusqu’au jeudi 3 novembre, date de l’arrivée du dernier train. Finalement, 3 000 tonnes de paille seront arrivées par les rails, en sept convois de 30 wagons chacun, soit 420 tonnes par train. Pour le reste, la profession a pu compter sur la mobilisation des transporteurs routiers.

2014 : manifestation contre l’extension de la zone nitrates

Dimanche 7 septembre 2014, dans la soirée, la FDSEA et les JA organisent deux opérations « coup de poing », l’une à Saint-Etienne (300 personnes) et l’autre à Roanne (350 manifestants), pour s’opposer au projet d’extension de la zone nitrates, qui toucherait plus de 3 800 communes en France, dont 38 pour la Loire, soit environ 28 000 ha et 600 exploitations ligériennes. Le lendemain, le Préfet de région devait annoncer officiellement la liste des communes concernées et les modalités et arguments qui ont conduit à ce projet gouvernemental.

Dimanche 7 septembre 2014, la FDSEA et les JA organisent deux opérations « coup de poing », pour s’opposer au projet d’extension de la zone nitrates.

Pour la FDSEA et les JA, celui-ci est « inacceptable », car « infondé sur le plan scientifique ». En effet, « l’administration justifie ce classement par les problèmes d’eutrophisation, or ceux-ci sont dus aux phosphates, lesquels sont issus principalement des eaux usées domestiques et industrielles, donc des stations d’épuration, à au moins 90 % selon un rapport parlementaire ».

FDSEA et des JA entendent aussi dénoncer « l’insécurité juridique croissante à laquelle doivent faire face les agriculteurs, sur les questions d’environnement : notion floue sur la définition des cours d’eau, des zones humides, des normes de stockage des effluents… » Le ras-le-bol général des agriculteurs est également largement remonté : « l’écologie punitive, sous-jacente à ces décisions, pèse sur le moral ».

Lucie Grolleau Frécon