Coopel
Lionel Vial : « La Coop’, c’est une institution »

À 42 ans, Lionel Vial est devenu, fin 2022, le nouveau président de Coopel. Il succède à Joseph Arnaud, à la tête de la coopérative d’insémination de la Loire depuis dix ans. Entretien.

Lionel Vial : « La Coop’, c’est une institution »
Depuis le 16 décembre, Lionel Vial a pris la succession de Joseph Arnaud à la tête de Coopel, après dix ans de présidence.

Pouvez-vous vous présenter ?

Lionel Vial : « J’ai 42 ans, je suis marié et père de trois filles. Avant mon installation en 2004 en Gaec sur la ferme familiale (production en vaches laitières), j’ai obtenu un BTS Acse. Lorsque j’ai reçu mon diplôme, j’ai été, peu de temps après, technicien de race Prim’holstein dans une coopérative d’insémination. Et depuis 2015, je me suis associé avec la famille Giraud (Guy, Charles et Céline) sur l’exploitation La Ferme des Délices, basée à Saint-Cyr-les-Vignes. Je suis également président de l’association Holstein Passion 42 depuis janvier 2018, après l’avoir intégré en 2007. J’ai fait partie des éleveurs qui ont créé le Show open génisses. Nous étions une dizaine de jeunes motivés du département, épaulés par Gilbert Fond, notre ancien président et véritable moteur pour les jeunes. »

Depuis quand et comment avez-vous commencé à vous investir au sein de Coopel ?

LV : « Je suis entré au conseil d’administration de Coopel par le biais des Jeunes agriculteurs (JA), en 2011. Cette année-là, des responsables de la coopérative avaient proposé qu’un membre du bureau – dont je faisais partie – entre dans leur conseil d’administration. Je m’étais porté candidat pour finalement arriver chez Coopel en tant qu’administrateur-stagiaire. La coopérative d’élevage, j’y suis lié depuis tout petit, j’y ai même fait mon stage de 3e. Ça a toujours été un endroit familier pour moi. »

La présidence, une surprise ou une promotion attendue ?

LV : « Je ne m’étais pas imaginé prendre la présidence. Quand on me l’a proposé, j’ai discuté avec des membres du bureau et des salariés pour recueillir leur avis. J’avais également été sondé par le président, Joseph Arnaud, et les trois vice-présidents qui, tous âgés de 55 ans et plus, ne briguaient pas la place. Je n’étais pas du tout dans l’optique de prendre la suite, d’autant que je suis entré au bureau seulement l’an dernier. Malgré l’incendie sur la ferme cet été, j’ai réussi à prendre du recul et finalement décidé d’accepter. Le jour du départ de Joseph Arnaud, j’étais dans d’excellentes conditions. Lorsque l’on réunit 100 % des voix, cela nous met dans de bonnes dispositions. »

Que pensez-vous du bureau qui vous accompagne ? 

LV : « Aujourd’hui, seul le président a changé. Ce bureau me plait car il est composé de gens fiables et d’expérience. Cela faisait même partie de mes conditions : avoir, au moins pour les trois prochaines années, le même noyau de personnes qui connaissent les dossiers. Quand on démarre une présidence, il est extrêmement important d’avoir des gens fiables et d’expérience autour de soi. On essaye vraiment de garder une représentativité des races sur une base ”trois tiers” : un tiers d’éleveurs montbéliards, un tiers de Prim’holstein et un tiers Charolais. Tout comme d’avoir des administrateurs stagiaires de chaque race. Lorsqu’un administrateur s’en va, le stagiaire prend sa place. A titre personnel, j’ai dû rester au moins six ou sept ans administrateur-stagiaire avant de devenir administrateur. Cette représentativité, on y tient. D’ailleurs, chaque vice-président représente une race : Cyrille Thomas, en Charolais ; Michel Poncet, en Montbéliard ; et Pascal Perricot-Gouttefangeas, en Prim’holstein. »

Quels sont vos objectifs à court et moyen termes dans cette nouvelle fonction ?

LV : « Sur le court terme, l’objectif est d’achever la tranche de travaux en cours. Et, dès cet hiver, de mettre en place une ou deux journées de réunion pour fixer le cap au directeur, dont la retraite devra être gérée d’ici trois ans. Pour qu’une équipe travaille bien, je pense qu’elle a besoin une ligne de conduite bien définie. Objectif Coopel 2026-2027 sera le challenge de ce printemps pour se projeter à moyen terme. Et enfin, comme dans toute coopérative, on se doit d’être au service des coopérateurs, à leur écoute et répondre à leurs besoins. »

Plus largement, quels sont les grands enjeux auxquels Coopel devra faire face ?

LV : « Le plus important, c’est de réussir à faire perdurer la coopérative au niveau du département. Coopel, c’est un petit village gaulois par rapport aux mastodontes du reste de la France.  On essaye de tirer notre épingle du jeu et de parvenir à amener un service de qualité, en maintenant un prix concurrentiel et en apportant l’appui technique dont les éleveurs ont besoin. Mon leitmotiv, c’est l’amélioration génétique. Je pense que c’est la base pour améliorer la rentabilité du troupeau. »

Le contexte général vous inquiète-t-il ?

LV : « On doit surtout être vigilant. Mais des éleveurs, il en faudra toujours. Si on raisonne à l’échelle de la France, on peut se poser quelques questions, mais, à l’échelle du monde, il va bien falloir nourrir les gens, que ce soit avec du lait et de la viande. J’espère surtout que ce métier va pouvoir correctement rémunérer ses éleveurs et que les structures qui dépendent de l’élevage vont pouvoir perdurer. Alors oui, il va y avoir du tri et même de la casse. Mais sur le moyen terme, les éleveurs seront récompensés, je pense. »

Comment envisagez-vous l’avenir à Coopel ?

LV : « Avec optimisme. Coopel, pour moi, au niveau du département, c’est une institution. C’est une structure qui résiste aux années, malgré les difficultés et remous passés. On est toujours là et la santé financière est bonne. Mais aussi, quand on parle de Coopel, ce qui me frappe, c’est l’expression « on va à la coop’ ». Il y a une forme de proximité et un sentiment d’appartenance à Coopel. C’est un lieu de réunion et un lieu de vie du monde de l’élevage ligérien. On a la chance que ”la Coop” soit placée au centre du département. On a aussi une super équipe. J’ai été surpris il y a peu : en me rendant dans les bureaux de Coopel pour rencontrer certains sédentaires que je ne connaissais pas, j’ai pu remarquer l’ancienneté de certains employés. Les salariés restent et affirment qu’ils se sentent bien, même après 15, 20, voire 40 ans de boîte. Aujourd’hui, Coopel, c’est aussi une coopérative qui fonctionne bien grâce aux gens qui y travaillent. Tous les éleveurs du département y ont leur place, quel que soit leur système et on peut leur amener quelque chose, j’en suis persuadé. » 

Que peut-on vous souhaiter pour 2023 ?

LV : « Que l’on ne perde pas trop d’éleveurs, que le monde de l’élevage ne souffre pas trop de l’augmentation de toutes les charges et qu’une fois cette vague passée, un avenir bien meilleur nous attende. »

Axel Poulain