Engagement
Sapeurs-pompiers : les volontaires ne rendent pas leur tablier  

Dans la Loire comme ailleurs,les volontaires demeurent le socle des troupes de sapeurs-pompiers. Explications avec le Lieutenant-Colonel, Florence Rabat, chargée du volontariat au SDIS 42 à Saint-Etienne. 

Sapeurs-pompiers : les volontaires ne rendent pas leur tablier  
« On intervient globalement dans de bonnes conditions, sauf dans quelques quartiers chauds en ville ou encore quand les gens perdent leur sang-froid sur le théâtre d’une intervention délicate », analyse Florence Rabat

« Avec 80 % de volontaires, nous sommes dans la moyenne nationale », entame le Lieutenant-Colonel Florence Rabat, chargée du développement du volontariat et de l’engagement citoyen. La Loire compte plus de 2 200 sapeurs-pompiers volontaires pour 553 professionnels. 
Un chiffre satisfaisant mais qui masque une réalité :  un turn-over de plus en plus important. 
« Chaque année, nous avons entre 150 et 180 départs pour autant d’arrivées ce qui permet de maintenir les effectifs pour l’instant. Mais c’est au prix d’efforts de communication et de recrutement importants. Alors, nous sommes vigilants », prévient Florence Rabat.
Une difficulté encore plus prégnante en zone rurale, où le maintien des effectifs se révèle délicat « même si globalement, la population a encore le sens de l’engagement, du dévouement », tempère la gradée.
La rotation des effectifs va augmentant, conséquence d’une mobilité de la population supérieure. « Les volontaires restent moins longtemps chez nous. Les carrières de 45 ans vont se faire de plus en plus rare. »

 

Libérer, recruter… 


Le recrutement de volontaires est donc devenu stratégique. « Il faut essayer de diversifier les sources de recrutement. On attire pas mal de jeunes mais quand ils déménagent, on finit par les perdre », regrette-t-elle. 
Les opérations « séduction » se tournent dès lors vers la population des 35/40 ans, plus stables, aussi bien des hommes que des femmes (19 % des effectifs). Les pompiers prospectent tous azimuts. « On a fait de la publicité sur les sacs à pain. On se dit qu’un repas en famille peut être un bon moment pour discuter de cet engagement. On mène aussi des actions de sensibilisation dans les entreprises et dans les villages avec les chefs de centre et les maires. »
L’opération n’est pas sans difficultés. Qui dit engagement dit contraintes, pour la personne concernée mais aussi son employeur « On signe des conventions avec les employeurs pour que les salariés puissent être bipés même au travail et bien sûr sans mettre en péril l’entreprise », rassure-t-elle.  
D’autres conventions sont passées, cette fois avec les maires, pour faciliter l’accueil périscolaire des enfants quand les volontaires sont d’astreinte. 


Du temps pour la formation 


Les volontaires qui s’engagent doivent suivre un programme de formation d’un mois échelonné sur trois ans dont deux semaines de formation obligatoires sur le service à la personne (93 % des interventions) dès la première année. Les volontaires ont les deux suivantes pour boucler les autres formations qui incluent forcément les feux de forêts. 
Tous les ans, tous les sapeurs-pompiers doivent suivre cinq jours de maintien des acquis « qui se font sur place, lors des manœuvres ou autres exercices». Il existe ensuite les formations propres au changement de grade. 
L’engagement en tant que pompier volontaire est donc relativement gourmand en temps de formation mais là encore, le SDIS a pris les devants. « Grâce à des conventions, un pompier peut partir en formation sous forme de congés professionnels et non personnels ce qui évite des tensions dans la famille », précise Florence Rabat
Il existe également une convention entre le SDIS et le service de remplacement qui permet de prendre en charge partiellement le coût du remplacement d’un agriculteur lors d’une formation. « Mais elle est moins utilisée que l’on voudrait, regrettele Lieutenant-Colonel,on voudrait la faire connaitre ». Si les agriculteurs, du fait de leur sédentarité, représentent une population idéale pour nourrir les compagnies des sapeurs-pompiers, dans les faits, on n’en compte que 40 à 50 parmi les volontaires Ligériens.


Tous les âges 


En théorie, il est possible d’intégrer les sections JSP (Jeunes Sapeurs-Pompiers) dès l’âge de 11 ans. « Mais dans la Loire, on ne les prend qu’à 13 ans. Il faut quatre ans de formation. Ensuite, beaucoup deviennent volontaires. » Il est possible d’être pompier volontaire dès 16 ans, mais jusqu’à la majorité, il faut forcément être accompagné par un tuteur sur les interventions. 
Il existe également sept classes de cadets dans les collèges : « On leur parle des valeurs, de secourisme. C’est un pied à l’étrier mais ce n’est pas une formation », explique Florence Rabat.
Il n’y a officiellement pas d’âge limite plafond pour intégrer les sapeurs-pompiers, « à part celui de la retraite », sourit le Lieutenant-Colonel, qui veut aussi tordre le cou à une image. « Il n’y a pas besoin d’être un athlète de haut niveau pour devenir volontaire.  Il faut arrêter les reportages sur les pompiers de Paris, cette image nous dessert. Monsieur et Madame tout le monde peuvent intégrer les pompiers», assure-t-elle.
Les pompiers volontaires sont indemnisés à l’heure en cas d’intervention. Le montant est variable selon le grade : de 7,92 à 11,90 euros. Après 20 ans de service, ils pourront prétendre à une prestation de reconnaissance à la retraite.  
Un territoire bien maillé
Il existe actuellement 73 casernes sur le territoire. Le SDIS n’entend pas réduire son maillage. « Parfois, il y a un seul chef pour deux casernes mais il y a une volonté politique de bien mailler le territoire», insiste Florence Rabat.
Et les compagnies sont globalement bien installées. « On a presque terminé les rénovations et les reconstructions de casernes. Il y a peu, nous en avons inauguré une à Pélussin. Il y a un projet à Feurs », signale-t-elle.