FDSEA-JA
Action, et réaction !

Hésitant depuis le début de l’année, mais finalement poussés par la base et le contexte agricole, les responsables de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs ont appelés à la mobilisation. Mercredi, en milieu de journée, tracteurs et agriculteurs étaient réunis devant les portes de la préfecture, à Saint-Etienne.

Action, et réaction !
Lors de la mobilisation de ce mercredi devant la préfecture à Saint-Etienne, Gérard Gallot, président de la FDSEA, et Nicolas Lenoir, président de Jeunes agriculteurs, ont reprécisé aux manifestants les points de discorde actuels avec le gouvernement.

Le rendez-vous était donné vers 10 heures ce mercredi devant le stade Geoffroy Guichard à Saint-Etienne. Ils étaient autour de 150 agriculteurs, dont une large majorité de jeunes installés, et une trentaine de tracteurs à avoir répondu à l’appel de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs Loire. Une fois constitué, le cortège, escorté par le service d’ordre, a pris la direction de la préfecture, dans le centre-ville, et s’y est arrêté vers 12h15, bloquant la circulation des voitures et des tramways.

Tracteurs sur voie de tram à Saint-Etienne

L’objectif des agriculteurs et agricultrices étaient de signifier à Madame la préfète leur incompréhension sur plusieurs sujets : application de la loi Alimentation, révision des zones vulnérables aux nitrates, réforme de la Pac, épilogue du dossier sécheresse 2020, accord commercial UE-Mercosur… Mais Catherine Seguin avait fait savoir qu’elle ne souhaitait ni accorder un entretien à une délégation, ni aller à la rencontre des agriculteurs qui l’attendaient devant sa porte. La déception et l’incompréhension étaient visibles chez les manifestants. Finalement, revirement de situation en début d’après-midi : alors que les tracteurs reprenaient la route, une délégation de représentants de la FDSEA et de JA Loire montait les escaliers de la préfecture en vue d’une rencontre avec Madame la préfète, la directrice de la DDT et le directeur de la DDPP. Les représentants départementaux de l’Etat se sont montrés à l’écoute des revendications des agriculteurs.

Entre souveraineté alimentaire et EGAlim

Avant, vers 12h45, le président de Jeunes agriculteurs, Nicolas Lenoir, et celui de la FDSEA, Gérard Gallot, prenaient la parole devant les manifestants. C’est sur un ton accrocheur et déterminé que Nicolas Lenoir amorçait son discours : « Nous sommes ici aujourd’hui car nous ne pouvons plus accepter d’être entre le marteau et l’enclume. Avec d’un côté le président de la République et le ministre de l’Agriculture, qui veulent que la France retrouve sa souveraineté alimentaire, et de l’autre côté la loi qui fait suite aux Etats généraux de l’alimentation, qui n’est toujours pas appliquée. Malheureusement, le prix d’achat aux producteurs ne tient toujours pas compte de nos coûts de production. L’Etat souhaite-t-il réellement la souveraineté alimentaire, grâce à une agriculture juste, de qualité et durable pour tous les acteurs de la filière, ou préfère-t-il la mort de l’agriculture française, avec une rémunération seulement pour certains acteurs de la filière et l’import de produits à bas coûts et aux normes de qualité discutables ? » « La loi Alimentation a suscité de nombreuses attentes de la part du monde agricole, complétait Gérard Gallot. Le retour sur les exploitations est presque nul, pour ne pas dire inexistant dans les élevages de bovins allaitants. Cette situation devient intolérable. Si la France veut une agriculture favorable au renouvellement des générations, nos produits doivent retrouver de la valeur. C’est à l’Etat de faire appliquer la loi. Et si la loi est incomplète, il faut la faire évoluer. »

Réforme de la Pac

Les responsables de la FDSEA et de JA Loire abordaient également la réforme de la Pac. « Nous devons conserver une Pac qui soutienne l’élevage et les zones de montagne », assurait Gérard Gallot. « Sans les aides couplées animales et l’ICHN tels que nous les connaissons aujourd’hui, nous ne pourrons pas relever le défi du changement climatique et de la souveraineté alimentaire», complétait Nicolas Lenoir.

Autre raison de la mobilisation : la révision des Zones vulnérables nitrates (ZVN). « Certaines communes ont bien faillit payer les pots cassés de la non-conformité de stations d’épuration», lançait le président de JA Loire. Effectivement, le classement d’une commune en ZVN a pour conséquence pour les agriculteurs une obligation d’investissement pour la mise aux normes de leurs installations de stockage des effluents et un respect d’un plan d’épandage. A ce sujet, selon Gérard Gallot, « il faut revenir à une logique agronomique et tenir compte du changement climatique». Nicolas Lenoir de poursuivre : « Arrêtons de nous soumettre à des directives lancées à Paris. Revenons au local, à la logique et à l’agronomie. Tenons compte de nos spécificités locales et du climat ligérien. »

Autre sujet d’incompréhension : la gestion nationale du dossier sécheresse 2020. « Malheureusement, dans la Loire, nous avons l’habitude, la profession et l’administration, de constituer des dossiers « sécheresse » », intervenait Gérard Gallot. Mais il y a quelques jours, « le CNGRA (Comité national de gestion des risques agricoles) a balayé d’un revers de main le travail fait à l’échelle départementale », poursuivait le président de JA Loire. Plus d’informations à ce sujet  à retrouver dans l’article  ci-contre.

Cette journée de mobilisation départementale s’inscrit dans un mouvement initié depuis le début de l’année par le syndicalisme majoritaire pour demander, entre autres, l’application de la loi Alimentation, alors que les négociations commerciales entre fournisseurs et grande distribution se poursuivent : rencontres avec des responsables de grandes surfaces, rencontres avec les parlementaires ligériens, échange avec le sous-préfet de Montbrison… Un bilan de ces mobilisations syndicales, avec un retour sur les échanges avec la préfète, sera à lire dans le journal de la semaine prochaine.

 

 

Lucie Grolleau Frécon