Section laitière FDSEA
Le maintien du dynamisme laitier passera par les prix

Comme souvent lors d’une réunion syndicale où des représentants de la coopération sont présents, le débat est animé. En milieu de semaine dernière, l’assemblée générale de la section laitière de la FDSEA n’a pas dérogé à la règle, d’autant plus dans un contexte d’indicateurs de marché mondiaux favorable et de mise en œuvre de la loi Egalim.

Le maintien du dynamisme laitier passera par les prix
De gauche à droite : Julien Derory, président de la section laitière de la FDSEA ; Stéphane Joandel, président de la section laitière de la FRSEA et membre du bureau de la FNPL ; Gérard Gallot, président de la FDSEA de la Loire.

La présentation du rapport d’activité de la section laitière de la FDSEA de la Loire, mercredi 16 février à Feurs, a rapidement laissé place aux débats sur la conjoncture, non pas parce qu’il ne s’est rien passé et que les responsables syndicaux n’ont rien fait depuis un an, mais parce que le contexte laitier laisse perplexe les éleveurs. Julien Derory, président de la section laitière départementale, présentait quelques graphiques concernant la conjoncture, en commençant par le contexte mondial. « La production laitière est en baisse dans les principaux pays fournisseurs du marché mondial », en particulier en raison de l’inflation sur les aliments. En parallèle, les échanges de produits laitiers se maintiennent à des niveaux élevés, engendrant une hausse des cours mondiaux. Néanmoins, selon Stéphane Joandel, président de la section laitière de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes et membre du bureau de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait), un peu partout dans le monde, « produire du lait n’est plus rentable ».

En France comme en Auvergne-Rhône-Alpes, la collecte laitière est également en baisse. Stéphane Joandel estime que la baisse de la production laitière risque de conduire à la perte de la souveraineté alimentaire. Quant au prix du lait payé aux producteurs français, il était en baisse sur la fin de l’année 2021 par rapport à 2020. Dans le même temps, les prix des produits laitiers (lait demi-écrémé, beurre) augmentaient. Auvergne-Rhône-Alpes n’échappe pas à la règle de la baisse de la production. Pour les responsables syndicaux, la hausse actuelle des coûts de production n’est pas répercutée par les laiteries dans le prix payé aux producteurs.

Guerre des prix bas

« Les grandes surfaces françaises se livrent depuis des années à une guerre des prix bas, intervenait Jean-Michel Javelle, président de Sodiaal sud-est et président du Criel Alpes-Massif-Central. Nous sommes actuellement dans un contexte favorable pour faire passer des hausses », avec la loi Egalim et des indicateurs de marchés favorables. « Si nous n’y arrivons pas maintenant, on n’y arrivera jamais. »

Dans le match de ping-pong entre les membres de la section laitière de la FDSEA et les représentants de Sodiaal, inévitable dans une telle réunion, Stéphane Joandel portait une nouvelle attaque au sujet de la loi Egalim : « Dans les négociations en cours entre la grande distribution et les industriels, j’ai l’impression que les entreprises ont peur de devenir la variable d’ajustement, alors que jusqu’à présent c’était les producteurs qui avaient ce rôle. Mais ils sont désormais protégés par la loi. »

La coopération doit montrer l’exemple

Pour garder une France laitière dynamique, avec son tissu de producteurs et ses industries, « c’est aux coopératives de montrer l’exemple, poursuivait Stéphane Joandel. Elles ne doivent pas attendre les privés pour passer des hausses de prix, car, pour nous, le revenu des producteurs doit être au rendez-vous pour qu’ils soient toujours à demain. »

Lait bio et lait de montagne

La situation du marché du lait bio préoccupe particulièrement les responsables syndicaux. Le devenir des exploitations conventionnelles en zone de montagne constitue un autre sujet à traiter dans les mois à venir.

 

Lucie Grolleau Frécon