Déjà liés pour des raisons historiques, géographiques et humaines, les départements de Loire et Haute-Loire ont officialisé leur collaboration. Les deux institutions avaient réuni leurs élus à l'hôtel du Département de Saint-Etienne le 24 octobre et leurs présidents respectifs – Georges Ziegler pour la Loire, Jean-Pierre Marcon pour la Haute-Loire – ont paraphé la convention donnant vie à l'entente interdépartementale. Trait d'union de la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes, l'ensemble Loire/Haute-Loire représente 13,4 % de sa superficie et 12 % de sa population.

Bien qu'interrompue quelques minutes par le déclenchement d'une alarme incendie, la cérémonie s'est déroulée sans accroc. Et si la décoration florale lui donnait des airs d'union conjugale avec Dominique Bussereau, ancien ministre et actuel président de l'Assemblée des départements de France, en guise de témoin, l'Altiligérien a refusé le terme : « Ce n'est pas un mariage. On ne va pas complètement vivre ensemble, mais collaborer sur un certain nombre d'opérations. » « Nous veillons à préserver et cultiver l'identité et l'unité de nos territoires respectifs », avait déjà souligné un peu plus tôt Jean-Pierre Marcon dans son discours.

Le document signé mentionne « trente pistes de collaboration déjà définies » et dont certaines ont déjà démarré. Elles concernent des secteurs très variés : tourisme, culture et milieux naturels, sports (organisation commune du premier Swimrun en juin), agriculture, enfance, collèges, routes (coordination pour la viabilité hivernale, gestion des chaussées et ouvrages), action sociale, autonomie. « Chaque fois qu'on pourra avoir quelque chose de mutualisé qui marchera mieux qu'en le faisant chacun de son côté, on le fera », a annoncé Georges Ziegler.

« Un laboratoire d'innovation publique »

Après les premiers échanges en 2017, le processus s'est accéléré avec la réalisation d'un portrait croisé de ces deux territoires par un cabinet de conseil. Ont suivi des réunions thématiques mêlant élus et agents, puis un séminaire interdépartemental en juillet au Puy-en-Velay. Le 14 octobre, les deux assemblées départementales approuvaient le texte rédigé dans le cadre de l'article L5411-1 du code général des collectivités territoriales, des bases juridiques qui vont permettre de répondre à « une volonté commune », disait Georges Ziegler. Il y voit « un laboratoire d'innovation publique, à la recherche permanente d'une meilleure gestion et d'une meilleure efficacité territoriale au service des territoires, au service des habitants et au meilleur profit du contribuable et des finances publiques ».

« Grâce à ce rapprochement, nous allons démontrer qu'on peut réaliser des économies d'échelle, libérer un potentiel de développement et d'investissement plus important et ceci en maintenant des services de qualité, des services humains, avec des agents qui sont à la portée de la population et qui dialoguent avec elle autrement qu'à travers un formulaire », ajoutait-il. Selon lui, il s'agit aussi d' « un vrai contrepoids à une menace bien réelle ». À savoir des choix faits en haut-lieu et qui pourraient « aboutir à une disparition des départements ou à ne les considérer que comme des exécutants d'une politique uniformisée, élaborée par des cabinets et des élus hors-sol ».

Dominique Bussereau a salué la manœuvre. « Vous avez raison de collaborer car l'Etat nous prépare quelque chose, il va nous redonner la gestion des routes nationales encore existantes...Vous avez utilisé la meilleure méthode et été assez rapides, applaudissait-il. Vous êtes parmi les tout premiers à avancer ainsi même s'il y a d'autres initiatives en France, comme le rapprochement de l'Isère et des Hautes-Alpes, des Yvelines et des Hauts-de-Seine, la fusion des deux départements alsaciens, etc. Ce que vous faites est remarquable, excellent et va donner des idées à certains de vos collègues. »

Franck Talluto