Enfants
Prévenir et protéger les mineurs en danger

En France, selon Clémence Lisenbard, responsable de missions locales de la Fondation pour l’enfance, un parent sur deux est en demande de soutien pour l’éducation de son enfant. Qu’elles soient volontaires ou non, visibles ou non, les situations dans lesquelles les mineurs peuvent se trouver en danger sont variées et fréquentes. De nombreux acteurs départementaux s’attachent donc à prévenir, protéger, aider et déculpabiliser ces adultes de demain et leurs parents.

Prévenir et protéger les mineurs en danger
La protection des mineurs est une des causes privilégiées du département de la Loire.

D’après la loi, un mineur est considéré « en danger ou en risque de l’être si ses besoins fondamentaux ne sont pas garantis, c’est-à-dire si sa santé, sa sécurité, sa moralité ou son développement physique, affectif, intellectuel ou social est compromis ». Il est donc possible que différents acteurs soient impliqués, comme la famille, les amis, les éducateurs, les professionnels de santé ou même des inconnus, de manière volontaire ou non.

Dans la Loire, six juges sur les 35 exerçant dans le département dédient leurs activités aux mineurs. En 2021, 2 663 informations préoccupantes ont été signalées, souvent en lien avec des violences conjugales. Alors que la ville de Saint-Étienne représente 36 % de ces affaires, leur nombre est en hausse chaque année et a bondi à la sortie des différents confinements.

Sur ce thème, la politique publique se veut préventive et protective mais manque beaucoup de moyens selon Clémence Lisembard, chargée de missions locales à la Fondation pour l’enfance. L’organisme s’efforce donc d’alerter les parents et futurs parents grâce à des campagnes de sensibilisation. Par exemple, elle a pour projet de mettre en œuvre une vaste prospection sur les usages numériques des mineurs. Temps d’utilisation, cybercriminalité, cyberharcèlement, accès à des contenus pornographiques, exposition à la pédocriminalité ... les risques sont bien présents.

En novembre, la Fondation pour l’enfance a également publié une tribune collective adressée au président de la République Emmanuel Macron, pour promouvoir une éducation non-violente en France.  Le Département s’attèle à avertir le grand public : suite à la Journée internationale des droits de l’enfant organisée chaque année le 20 novembre, l’édition locale avait lieu trois jours plus tard.

Violences éducatives, invisibles

En effet, malgré l’abolition, par la loi du 10 juillet 2019, des châtiments corporels, il semblerait que 79 % des parents ayant un enfant de moins de 10 ans reconnaissent encore avoir recours à différentes formes de violences éducatives. Cris, mises au coin, privations (de dessert, de doudou, de jeu, etc.), indifférence, chantages, fessées, menaces, insultes ou autres, le spectre est vaste alors que beaucoup ignorent encore le caractère violent de certaines de ces pratiques : selon le baromètre des violences éducatives ordinaires réalisé en 2022 par la Fondation pour l’enfance, 62 % des parents n’en ont pas connaissance ou ne voient pas précisément de quoi il s’agit.

Dans une tribune publiée dans l’Obs, 520 professionnels de l’enfance, dont des psychologues, pédiatres, psychiatres, pédopsychiatres, chercheurs, enseignants, infirmiers puériculteurs, psychomotriciens, éducateurs, orthophonistes, associations, s’unissent pour dénoncer le retard de l’Hexagone, seulement le 56e au monde à interdire les violences éducatives. Ils demandent de concert une implication politique et médiatique forte car « justifier la violence par l’éducation ouvre la porte à des maltraitances plus graves ».

Violences conjugales, un signal souvent révélateur

Sur la période de 2011 à 2018, d’après l’enquête Cadre de vie et sécurité de l’Insee, les violences conjugales (physiques, psychologiques et/ou sexuelles exercées par le conjoint ou l’ex-conjoint) ont fait en moyenne 295 000 victimes par an en France métropolitaine, dont 72 % de femmes. Comme l’explique David Charmatz, procureur de la République du tribunal judicaire de Saint-Étienne, les cas de violences conjugales et de mineurs en danger vont trop souvent de paire. Un signalement, pour les premiers, entraine donc une enquête sur les seconds. La coordinatrice de la cellule de recueil d’informations préoccupantes du département, Sylvie Junet, explique : « Les situations de violences conjugales constituent la première cause d’informations préoccupantes, soit 26 % des 2662 signalements reçus par la CRIP en 2021. »

Ces enquêtes sont pluridisciplinaires puisque les professionnels éducatifs, médicaux et sociaux travaillent ensemble, en particulier lorsque les violences ne sont pas forcément physiques et visibles.

 

Clara Serrano

Quels numéros composer ?
Le 119 est le numéro à connaitre pour aider et se faire aider (adultes comme enfants).

Tout citoyen en connaissance de la situation d’un enfant en danger ou en risque de l’être doit en alerter les autorités. Les victimes elles-mêmes peuvent également contacter ce service. Pour cela, il faut composer le 119, grâce auquel des professionnels écoutent sans jugement et évaluent la gravité de la situation. Une messagerie est également disponible au même numéro pour faciliter les échanges avec les personnes moins à l’aise au téléphone. Des professionnels répondent, à toutes heures, par une écoute attentive, bienveillante et anonyme. Comme le souligne la responsable de missions locales de la Fondation pour l’enfance, Clémence Lisembard, il est important de savoir qu’un signalement ne donne pas toujours lieu à un placement de l’enfant en foyer ou famille d’accueil. Souvent, il permet de venir en aide aux parents.

Selon les situations, neuf autres numéros sont à connaître pour dénoncer une situation ou se faire aider :

Stop-harcèlement – 30. 20 : assistance (écoute, conseil et orientation) pour les enfants harcelés à l’école, de la primaire au lycée.

Enfants disparus – 116. 000. : numéro d’appel d’urgence européen consacré aux disparitions d’enfants, il apporte aux familles un soutien psychologique, social, éducatif et juridique.

Le Refuge – 06. 31. 59. 69. 50. : propose aux jeunes appelant une écoute sans jugement, une déculpabilisation de leur questionnement ou de leur orientation sexuelle et affective, et une liberté de parole entière. Agit également contre l’isolement.

Allô parents bébé – 08. 00. 00. 34. 56. : a pour mission d’écouter, de soutenir et d’orienter les parents inquiets dès la grossesse et jusqu’aux 3 ans de l’enfant.

Stop maltraitance – 08. 00. 05. 12. 34. : assure l’accueil, l’écoute et l’accompagnement des victimes de maltraitance et de leur famille.

SOS parentalité – 09. 86. 87. 32. 62. : service d’écoute et de soutien pour les parents en difficulté, il propose 15 minutes pour relâcher la pression.

Net écoute – 30. 18. : assistance pour les jeunes victimes de violences numériques.

Inter Service Parents – 01. 44. 93. 44. 93. : soutien aux parents dans l'exercice quotidien de leur parentalité, il prévient et guide les familles.